Je t’aime, moi non plus, je te scrute, je t’attends avec impatience et quand tu es là je détourne mon regard. Avec toi, ce sont les débuts d’une nouvelle histoire à chaque élection renouvelée, une romance collective qui préfère les chiffres aux mots, les pourcentages aux poèmes. Qui es-tu, bel inconnu aux mille visages ? Je suis le sondage ! Décryptage.
Comme les amours anciennes, le sondage se veut bien souvent « exclusif », un adjectif tape à l’œil qui attire les lecteurs de journaux et les auditeurs des chaînes d’information en continu.
« Sondage » : un mot qui cultive l’ambiguïté jusque dans ses racines les plus lointaines. Si le dictionnaire Littré propose l’étymologie latine sub unda, « sous le flot, les vagues, l’eau agitée », le Trésor de la Langue Française préfère y voir le terme sund, qui signifierait « la mer » en vieil anglais. Quoi qu’il en soit, le sondage est intimement lié à l’univers marin, longtemps perçu par les peuples anciens comme étranger, indomptable, imprévisible, et en cela comparable à l’opinion publique !
Il représente les pouvoirs de la science sur les grandes questions de l’humanité. Toujours selon le Littré, l’action de sonder renvoie à cette façon de « reconnaître, par le moyen d’un plomb attaché à une corde, la profondeur de l’eau dont on ne peut voir le fond ». Ce rêve d’évaluer les fonds marins, pourtant longtemps jugés secrets, impénétrables, est en tous points semblable à cette volonté de percer les intentions de vote. Avec une méthode fiable et un bon instrument, tout à fait réalisable !
Sauf que les poissons qui y barbotent sont autrement plus dangereux… Entre les requins avec leur sourire carnassier et les poissons-hérissons, ceux qui nous paraissent petits et mignons mais qui soudain se gonflent et piquent leurs ennemis au moment où on l’attend le moins ! Outre les candidats qui tiennent le cap et ceux qui font naufrage très vite (je pense à Arnaud Montebourg), il y a Anne Hidalgo qui se cramponne coûte que coûte à sa toute petite barque…
Le sondage échoue quand ses commentateurs veulent y voir une prédiction des résultats du scrutin plutôt qu’une donnée objective, un levier de connaissance qui enrichit le débat public. Une autre manière de dire que d’ici le mois d’avril, tout peut encore arriver.
Par Nina Derai, directrice de projets naming et stratégie
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