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La campagne, mot à mot | « Discours »

« Inaudible » « atone », autant d’adjectifs qui qualifient cette campagne marquée par la guerre en Ukraine et la déclaration de candidature tardive d’Emmanuel Macron. Le silence donc, les petites phrases à la rigueur et les Tweets insonores rythment une élection en manque d’idées, de vision, de fond… La campagne 2022 annonce-t-elle la fin du discours, cet élément pilier de la communication politique ?

 

En 2022, nos candidats semblent scrupuleusement attachés au sens étymologique de discours, un terme qui provient du verbe latin discurrere, « courir ça et là, en tous sens ». Oui, plus que la réflexion fructueuse, l’agitation inutile et l’affolement stérile semblent régner sur cette campagne présidentielle. De fait, la semaine dernière, les développements d’Eric Zemmour au Trocadéro ont été voilés par les cris discourtois de ses militants, « Macron assassin ! », puis finalement tus et achevés par les réparties, drôles ou médiocres selon les goûts, du président. 

 

Le discours, autrement appelé « harangue » ou « allocution populaire », se définit selon Le Robert comme un « développement oratoire fait devant une réunion de personnes ».  Cet exercice peut donc représenter l’occasion de manifester de l’éloquence, autrement dit l’art de s’exprimer avec aisance et l’aptitude à émouvoir son auditoire. Depuis plusieurs campagnes présidentielles désormais, Jean-Luc Mélenchon se distingue par ses talents de tribun, sa capacité à électriser, à galvaniser la foule durant ses meetings. La question se pose donc : quel rôle joue aujourd’hui le discours qui, même lorsqu’il est déclamé par le plus doué des candidats, se conclut par deux échecs successifs ? 


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La campagne de 2017 reste quant à elle marquée par la conclusion du discours d’Emmanuel Macron, s’égosillant « ce que je veux gagner, c’est que vous, partout, vous alliez le faire gagner ! Parce que c’est notre projet ! Vive la république, et vive la France ! » avec une maladresse dont les internautes se sont beaucoup moqués, mais qui a indéniablement touché une partie des électeurs. 

 

Un discours de candidat peut aussi se changer en retour de boomerang une fois ce dernier devenu président. Aujourd’hui, quand on se remémore la performance de François Hollande au Bourget, martelant que son « véritable adversaire, c’est le monde de la finance », le sens péjoratif du mot émerge plus que sa définition première. Selon le dictionnaire Larousse le discours est également un « développement lassant et inutile ; vaines paroles »… Si les candidats ont du mal à se faire entendre, c’est aussi que les Français ont appris à se méfier des beaux discours !

 

Par Nina Derai, directrice de projets naming et stratégie

 

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