Il n’a jamais été aussi présent que par son absence. Sans lui, c’est la débâcle des idées, des réflexions, des opinions et certains diraient même de la campagne. C’est aussi le grand déballage des regrets et des peines des candidats. Quand il débarque, on ne l’entend plus, il se fait tout petit, caché derrière les noms d’oiseaux et de chameaux en tous genres. Vous l’avez deviné, il s’agit du débat ! Décryptage.
Ce débat, qui semble aujourd’hui si nécessaire au bon déroulement, voire à l’apaisement de la campagne présidentielle, tire son origine de la combinaison du préfixe « dé-» et du verbe « battre ». Si souvent, ce préfixe insuffle un sens opposé au verbe qu’il précède – comme pour débarbouiller, débâtir etc. – il se fait ici marque d’intensité et vient le renforcer. « Débattre » se définit donc par « battre fortement » selon le Trésor de la Langue Française. Onze contre un, une bataille qu’un président sortant et majoritaire dans les intentions de votes, donc au cœur des critiques de ses rivaux, sait perdue d’avance.
Ce concept guerrier fait écho à la forte présence du vocabulaire militaire qui jalonne les élections présidentielles. Le mot « campagne » lui-même ne désigne rien d’autre que le « terrain non fortifié où les troupes se déplacent en combattant » selon le dictionnaire Littré. On pense encore à « polémique », du grec ancien polêmikôs désignant « ce qui concerne la guerre » selon le Larousse. Etrange mise en abîme que cette guerre de mots en pleine guerre, mais cette fois-ci la vraie, celle qui se déroule aux portes de l’Europe.
Le débat porte en lui une longue histoire qui commence au Moyen-Âge, lorsque le débat désignait un « genre littéraire médiéval fondé sur un dialogue entre des personnages allégoriques » selon le dictionnaire Larousse. Il prend une autre dimension au moment de l’émergence de la locution « débat public » introduite en France au moment de la Révolution Française, où des discussions officielles de l’Assemblée Nationale sont retranscrites par l’intermédiaire du Journal des débats. Plus qu’un phénomène politique parmi d’autres, le débat représente, dans l’esprit des Français, un pilier fondateur de la République.
C’est pourquoi la course au débat est lancée. Bien qu’Emmanuel Macron exclue un débat télévisé avant le 1er tour, il s’inscrit aussi dans cette lignée, exprimant le souhait, pour son second mandat, de « démocratiser » le Grand Débat national, un concept instauré au moment de la crise des Gilets Jaunes, pour permettre aux citoyens d’échanger autour de thèmes essentiels. Des préoccupations aujourd’hui inaudibles… Débat ou non, il est temps de se débarrasser de ces considérations formelles pour faire place à la campagne, qui promet encore bien des hauts… et des bas !
Par Nina Derai, directrice de projets naming et stratégie
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