Jour Du Dépassement, L’Humanité Vit À Crédit

Chaque année, le jour du dépassement arrive de plus en plus tôt. À partir de mercredi 2 août 2017, l’humanité vit à crédit. Nous avons en effet consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète terre peut renouveler en une année. Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique a profité de cette date symbolique pour appeler à un « sursaut ». Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé que, dans le cadre du plan climat, il recevrait les ONG du Conseil national de la transition écologiques le 12 septembre prochain. 

C’est une date symbolique, mais visible comme un gigantesque panneau rouge qui clignote. À partir de mercredi 2 août 2017, nous aurons consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète terre est en mesure de renouveler en un an : c’est le jour du dépassement. Dès aujourd’hui, nous vivons à crédit. Une expression qui souligne l’absurdité de la situation : la terre est surexploitée par l’homme. En sept mois et deux jours, nous avons coupé plus d’arbres, pêché plus de poissons que la terre ne peut produire en douze mois, et nous avons rejeté plus de CO2 dans l’atmosphère que la planète ne peut absorber.

#MoveTheDate

Cette date symbolique arrive chaque année de plus en plus tôt : en 2016, c’était le 3 août, en 2015, le 4 août et en 1971, le jour du dépassement intervenait le 21 décembre. Ce jour du dépassement est calculé par l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Global Footprint Network, le réseau de l’empreinte globale qui indique qu’en 2017, vu notre niveau de consommation, 1,7 planète sera nécessaire pour subvenir à nos besoins.

Les pays n’ont pas tous le même impact sur la planète. L’ONG calcule que si nous vivions tous comme des Australiens, nous aurions besoin de 5,2 planètes par an. Cinq planètes pour les Etats-Unis, trois pour la France, et seulement 0,6 pour l’Inde, pourtant parmi les pays les plus peuplé au monde.

Pour calculer le jour du dépassement, Global Footprint Network met en marche l’équation suivante : (biocapacité de la planète / empreinte écologique) x 365 = jour du dépassement. Un docteur en science explique à Libération que « le jour du dépassement est le jour où l’empreinte écologique de l’humanité est supérieure à la biocapacité de la planète ». Un calcul simple, voire simpliste, selon les détracteurs de l’ONG qui critiquent l’exactitude de l’équation. En 2010, rappelle le quotidien, l’ex chef de WWF au Royaume-Uni remettait en cause le calcul : « on peut dire que cela revient à comparer des pommes et des poires afin d’arriver à une conclusion globale. » Comme le PIB, le jour du dépassement n’est pas d’une exactitude absolue, il reste cependant un indicateur permettant de mettre en lumière simplement la surconsommation. Et peut-être pousser citoyens et classe politique à agir rapidement.   

« Nous ne nous éloignons pas du pire »

En effet, si une centaine d’entreprises sont responsables du réchauffement climatique, rien n’est inéluctable, selon l’ONG qui vient de lancer la campagne #MoveTheDate, avec une trentaine d’organisations partenaires. L’objectif est de repousser cette date en actionnant quatre leviers d’action : l’énergie, les émissions de carbone représentant 60% de l’empreinte écologique, les villes en privilégiant la construction de bâtiments économes, le gaspillage alimentaire, et enfin la croissance démographique.

Nicolas Hulot espère lui aussi faire bouger les choses. Le ministre de la Transition écologique a indiqué dans une tribune publié dans le journal Le Monde « préférer le sursaut au sursit ». « Le 2 août, c’est comme si notre planète disparaissait sous nos pieds. » Avec cette formule choc, le ministre a voulu réveiller les consciences, rappeler que « nous ne nous éloignons pas du pire ». Et de poursuivre « nous avons tout en main ». Pour Nicolas Hulot, il est possible d’agir. « La transition écologique est en train de faire ses preuves en économie », « l’agriculture biologique décolle », et « les constructeurs automobiles s’apprêtent à tripler leur offre de véhicules électriques d’ici à 2020 », note-t-il.

En matière de transition énergétique, certains résultats peuvent déjà être enregistrés, comme l’Ecosse qui au mois de mai a vu 95% des foyers du pays être alimentés grâce au éoliennes.