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L’Italie Glisse Vers Un Abîme Institutionnel

© Getty Images

Le rejet massif du projet de réforme constitutionnelle a été fatal à Matteo Renzi, poussant ce dernier à la démission, et laissant ainsi un pays tout en entier glisser vers un abîme institutionnel. Des troubles politiques auxquels pourraient bientôt venir s’ajouter des tensions sur le front économique.

Le miracle n’a pas eu lieu et les sondages, vilipendés, méprisés, pointés du doigt ces derniers mois que ce soit en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et plus récemment en France auront cette fois-ci clairement indiqué la tendance, même si l’ampleur du « non » a été encore plus importante qu’escomptée (il l’emporterait à près de 60% selon des résultats encore partiels). Le verdict des urnes, le seul qui compte, ne souffre donc d’aucune forme de contestation : les Italiens ont massivement rejeté le projet de réforme constitutionnelle porté par Matteo Renzi, qui avait lié son destin à ce scrutin, et qui n’est donc plus, ce matin, l’homme fort de la « botte ».

Le chef de file du centre-gauche italien, qui a dit assumer la pleine responsabilité de cette défaite, a précisé qu’il remettrait sa démission ce lundi au président de la République Sergio Mattarella. « L’expérience de mon gouvernement s’arrête ici », a-t-il notamment déclaré. Après le départ de Matteo Renzi, le chef de l’Etat va devoir composer un nouveau gouvernement qui sera le quatrième consécutif à accéder aux responsabilités sans avoir remporté les élections législatives. Une incongruité dans une république parlementaire.

L’euro en baisse, la BCE tente de rassurer

Si les couteaux s’aiguisent déjà – les responsables du mouvement « 5 étoiles » de Beppe Grillo ayant déjà fait part de leur « disponibilité » à occuper les plus hautes fonctions – les conséquences économiques de ce rejet commencent à poindre. Ainsi, l’euro s’est nettement affaibli face au dollar après la publication des premiers résultats, au point de toucher un plus bas depuis mars 2015 face au billet vert, à quasiment 1,05 dollar pour un euro, avant de revenir à un niveau plus en adéquation avec ses standards.

 La Bourse de Tokyo s’est également repliée à mi-séance, une fois le résultat du référendum jugé irréversible, avant de terminer en baisse de 0,85%. Toutefois, les analystes ne s’attendent pas à une chute brutale de la monnaie unique à court terme, « mais sur le long terme, cela va retarder les efforts de l’Italie pour se débarrasser des créances douteuses de ses banques , a souligné l’analyste Minuri Uchida, responsable de l’analyse des changes chez Bank of Tokyo-Mitsubishi, cité par Reuters. Tous les regards étaient ensuite, dès lors, braqués sur la Bourse de Milan où les banques italiennes ont chuté de près de 4% à l’ouverture.

Les banques italiennes dans la tourmente

Pour rappel, les 14 grandes banques italiennes détiennent, à elles seules, près d’un tiers des 990 milliards d’euros de créances douteuses de la zone euro soit l’équivalent de 286 millions d’euros. Si les banques italiennes ont, d’ores et déjà, provisionné leurs créances douteuses, leur ratio de couverture – à 44,6%- est bien plus élevé qu’au Portugal ou à Chypre, deux autres pays particulièrement exposés. Un bilan de santé particulièrement préoccupant. Divers éléments susceptibles de mettre en péril la place même de l’Italie au sein de l’Union européenne, les eurosceptiques locaux estimant que ce rejet pouvait constituer la première étape vers un « Italexit »

Le gouverneur de la banque de France, François Villeroy de Galhau, membre de facto du conseil des gouverneurs de la BCE a rapidement pris la parole pour tenter de rassurer et surtout écarter d’un revers de main cette possibilité. « Le scrutin d’hier ne peut pas être comparé au référendum britannique. Le peuple italien a été appelé aux urnes pour voter sur une question constitutionnelle intérieure et pas sur l’appartenance de longue date de l’Italie à l’UE ». Ajoutant « être pleinement confiant dans la capacité de résistance de l’euro et de la zone euro ». La nomination d’un nouveau gouvernement en Italie, ces prochains jours ou ces prochaines semaines, devrait apporter des éléments de réponses.

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