Après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales dans tout le pays, les autorités iraniennes ont aboli la police des mœurs et envisagent de modifier la loi sur le hijab.
Ce week-end, les autorités iraniennes ont annoncé abolir la police des mœurs, dont le rôle était de punir les femmes ne respectant pas un code vestimentaire strict, après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales en Iran déclenchées par la mort de Masha Amini, 22 ans, décédée après avoir été arrêtée et passée à tabac par la police des mœurs iranienne.
La décision a été annoncée par le procureur général d’Iran, Mohammad Jafar Montazeri, qui a déclaré que la police des mœurs n’avait « rien à voir avec le système judiciaire » et qu’elle serait donc supprimée, ont rapporté dimanche 4 décembre la BBC, l’AFP et le New York Times.
Néanmoins, certains médias d’État iraniens ont rejeté les informations selon lesquelles la police des mœurs avait été dissoute, notant qu’aucun autre responsable gouvernemental n’avait confirmé cette décision et affirmant que Mohammad Jafar Montazeri avait simplement déclaré que l’unité de la police n’était pas supervisée par le système judiciaire iranien.
Cette force de police controversée et ses hauts responsables ont fait l’objet d’une série de sanctions de la part de plusieurs pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada e l’Union européenne.
Citant Mohammad Jafar Montazeri, les médias iraniens ont rapporté que le gouvernement du pays était en train de revoir ses lois régissant les codes vestimentaires pour les femmes, qui les obligent à se couvrir la tête d’un hijab et à porter des vêtements amples couvrant leurs bras et leurs jambes.
Le président iranien Ebrahim Raïsi a également fait allusion à des réformes potentielles lors d’une allocution télévisée samedi 3 décembre, au cours de laquelle il a réaffirmé le lien entre les fondements islamiques et républicains de l’Iran, mais a ajouté qu’il « existe des méthodes de mise en œuvre de la constitution qui peuvent être flexibles. »
L’annonce de l’abolition de la police des mœurs est probablement un effort du gouvernement iranien pour réprimer les manifestations qui secouent le pays depuis septembre. Cependant, il n’est pas certain que les manifestants y voient une concession adéquate de la part du gouvernement, qui a continué à réprimer brutalement la dissidence publique. Alors que les protestations ont commencé par manifestations contre le hijab, elles se sont progressivement transformées en un mouvement de contestation plus large contre le régime islamique iranien, de nombreux manifestants appelant même à l’éviction du guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei.
Bien qu’il ait proposé de modifier ses lois sévères sur le code vestimentaire, le gouvernement iranien a continué à réprimer brutalement toutes les manifestations dans le pays. Selon le groupe Human Rights Activists in Iran, au moins 470 manifestants ont été tués depuis le début des protestations. Au moins 64 enfants figurent parmi le nombre total des victimes, ajoute le rapport. Dans une déclaration publiée vendredi 2 décembre, Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme en Iran, a indiqué que plus de 14 000 personnes ont été arrêtées depuis le 16 septembre, « notamment des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des étudiants, des militants des droits civils et des minorités, des intellectuels et des artistes. »
Les manifestations en cours dans tout l’Iran ont été déclenchées par la mort de Masha Amini, une jeune femme kurde de 22 ans, en septembre. Le 13 septembre, Masha Amini, qui était en visite à Téhéran, a été arrêtée par la police des mœurs pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire restrictif du pays pour les femmes. Après son arrestation, Masha Amini aurait été « frappée à la tête avec une matraque » et sa tête aurait été « cognée » contre le côté du véhicule des forces de police, selon le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies. Masha Amini est ensuite tombée dans le coma et est finalement décédée à l’hôpital le 16 septembre, déclenchant une vague de colère dans tout le pays.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Siladitya Ray
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