L’Union européenne (UE) a officiellement interdit la vente de paillettes en plastique et d’autres produits contenant des microbilles, dans le cadre d’une initiative visant à réduire de 30 % d’ici 2030 la pollution microplastique nocive pour l’environnement dans les États membres.
Les paillettes en vrac et les produits contenant certains types de microbilles ou encore de minuscules particules de polymère synthétique et d’autres microplastiques ne sont plus autorisés dans les rayons de l’UE depuis mardi 17 octobre, car ils s’accumulent dans l’environnement, polluent l’approvisionnement en eau et contribuent à la pollution mondiale par les microplastiques.
Toutes les paillettes ne sont pas interdites. Les paillettes en plastique libre sont la principale cible des nouvelles restrictions, et les paillettes biodégradables sont toujours autorisées. Cependant, leur utilisation dans les cosmétiques, les produits pour les ongles et d’autres articles de soins personnels sera également restreinte dans les années à venir.
Les consommateurs allemands se seraient empressés de s’approvisionner en paillettes avant l’entrée en vigueur de l’interdiction. Un candidat de l’émission Big Brother, version célébrités, a déclaré à un tabloïd local qu’il avait acheté 82 paquets avant qu’ils ne soient retirés des rayons : « Dans mon monde, tout doit briller. »
Alors que l’interdiction est entrée en vigueur, la Commission européenne a également proposé lundi des mesures visant à empêcher le déversement dans l’environnement de granulés plastiques, de minuscules morceaux de plastique de la taille d’une lentille qui sont ensuite fondus et façonnés en un produit final, a rapporté Reuters.
La nouvelle proposition définit les meilleures pratiques de manipulation des granulés afin d’éviter les déversements et exige que les entreprises qui les utilisent soient certifiées en matière de prévention des déversements. Cette proposition prévoit également les meilleures pratiques de confinement des déversements et de nettoyage lorsqu’ils se produisent.
L’UE s’est fixé pour objectif de réduire de 74 % la pollution due aux granulés plastiques en Europe d’ici 2030.
Les paillettes ne disparaîtront pas immédiatement. Les produits interdits qui se trouvaient dans les rayons des magasins ou dans les entrepôts avant mardi peuvent continuer à être vendus dans l’UE jusqu’à épuisement des stocks. La Commission a indiqué mettre à disposition un « document de questions-réponses détaillé pour faciliter la mise en œuvre des nouvelles règles » d’ici la fin de l’année 2023.
Depuis une dizaine d’années, les scientifiques font pression pour interdire les paillettes, qui sont généralement composées d’une combinaison d’aluminium et de plastique et constituent l’une des sources de pollution microplastique. Les microplastiques, que l’on définit librement comme de petits morceaux de plastique de moins de cinq millimètres de long, sont présents dans des produits allant des cosmétiques aux nettoyants pour le visage en passant par les dentifrices. Ces minuscules morceaux de plastique traversent facilement les systèmes de filtration de l’eau et se retrouvent dans les océans, les lacs et les rivières, nuisant ainsi à la vie marine, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (National Atmospheric and Oceanic Administration). La Commission européenne estime qu’entre 52 000 et 184 000 tonnes de granulés plastiques sont rejetées dans l’environnement chaque année dans les 27 pays membres de l’UE, et que 50 000 à 75 000 milliards de microplastiques se trouvent aujourd’hui dans les océans. La consommation accidentelle de ces particules par la faune marine peut provoquer l’asphyxie des oiseaux et des poissons et entraîner des modifications comportementales et génétiques, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement. Chez l’homme, la consommation de microplastiques peut provoquer divers cancers et des troubles du système reproductif. L’interdiction des paillettes libres, introduite pour la première fois en septembre, fait partie du règlement de l’UE concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques et les restrictions applicables à ses substances, qui continuera à s’étendre au fil du temps. À terme, les granulés plastiques utilisés dans les terrains de sport seront interdits, de même que les cosmétiques qui utilisent des microplastiques comme exfoliants et ceux utilisés dans les détergents, les engrais et les jouets, selon le Guardian.
Plusieurs entreprises et chercheurs ont occupé le devant de la scène au cours de la dernière décennie en prétendant produire des alternatives écologiques aux paillettes plastiques traditionnelles. L’année dernière, une équipe de l’université de Saskatchewan au Canada a mis au point une alternative biodégradable aux paillettes en utilisant des ressources naturelles qui permettent à la lumière de se refléter sur la surface des paillettes et de donner l’apparence de différentes couleurs. Shrine, une entreprise basée au Royaume-Uni, vend depuis 2016 des paillettes qui, selon elle, se biodégradent dans l’eau en 27 jours, et Hemway vend des paillettes biodégradables dans plus de 50 couleurs. En 2020, une étude publiée dans le Journal of Hazardous Materials a révélé que même les paillettes qualifiées d’écologiques « peuvent avoir un impact écologique sur les écosystèmes aquatiques ». Les paillettes fabriquées à partir de matériaux inorganiques tels que le verre et le métal, les alternatives naturelles ou celles qui sont solubles dans l’eau ne sont pas incluses dans l’interdiction de l’UE.
La nouvelle règlementation européenne intervient plusieurs années après que trois grands détaillants britanniques ont décidé d’interdire les paillettes dans leurs magasins. Morrisons, Waitrose et John Lewis ont tous déclaré qu’ils supprimeraient les paillettes de leurs produits de Noël en 2022 afin de réduire les microplastiques. Des magasins tels que Boots, Marks & Spencer et Sainsbury’s ont pris des mesures similaires.
Au Royaume-Uni, 61 festivals de musique ont interdit les paillettes en 2018, notamment End of the Road, Field Day, Oxjam et Bestival.
Alors que certains scientifiques ont demandé l’interdiction des paillettes, d’autres ont déclaré que les paillettes ne représentent qu’une infime partie de la pollution microplastique. Robert C. Hale, professeur à l’Institut des sciences de la mer de Virginie du College of William & Mary, a déclaré au New York Times que les paillettes représentaient « bien moins de 1 % des microplastiques qui polluent l’environnement » et que si l’interdiction de ces articles pouvait avoir un impact, « elle ne résolvait pas vraiment le problème ». Bloomberg a rapporté en 2020 que seulement 2 % du plastique qui pollue les océans provient des microbilles visées par des politiques telles que l’interdiction des paillettes, et que la principale source de pollution microplastique, soit 35 %, est constituée par les vêtements fabriqués à partir de textiles synthétiques.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Mary Whitfill Roeloffs
<<< À lire également : La règlementation de l’UE sur les emballages sera-t-elle le principal moteur de la réduction des déchets plastiques ? >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits