La perspective d’un attelage entre les deux candidats de gauche concourant à l’élection présidentielle ne verra finalement pas le jour. Tout sauf une surprise tant les divergences programmatiques sont légion.
Les marchés peuvent respirer. Particulièrement nerveux ces dernières semaines face à la perspective d’une union « Hamon-Mélenchon » susceptible de bousculer l’ordre établi et surtout que ce « curieux » tandem se retrouve au second tour de l’élection présidentielle face à Marine Le Pen, les investisseurs peuvent remiser leurs craintes. Le « mariage » n’aura pas lieu. A vrai dire, qui avait sérieusement envisager ce scénario, hormis les places financières, peu réputées pour leur sens de la mesure lorsqu’une rumeur de ce type commence à poindre.
Toujours est-il que Benoît Hamon a mis, hier soir, un terme à ce « vrai-faux suspens ». « Oui, nous nous sommes vus », a confirmé l’ancien ministre de l’Education, invité du journal de 20h sur TF1 dimanche soir. Avant de briser ad vitam toute probabilité d’union. « Jean-Luc Mélenchon m’a confirmé ce que je savais, c’est qu’il sera candidat, dont acte, la situation est maintenant claire », a-t-il ajouté. « C’est pour cela que moi, maintenant, je me tourne vers les Français, tous les Français de gauche ».
Je m’adresse à toute la gauche, à toutes les femmes et les hommes qui croient au progrès social. #Le20h
— Benoît Hamon (@benoithamon) 26 février 2017
La question européenne, principale « pomme de discorde »
L’autre moitié du « couple » a abondé dans ce sens, estimant dans un communiqué que les différences étaient insurmontables. « À cinquante jours du premier tour, il n’est pas possible de régler la différence qui, par exemple, nous sépare sur la question essentielle de l’Europe », écrit le co-fondateur du Parti de gauche et candidat de la France insoumise dans un communiqué. « Je n’ai pas été surpris qu’il me confirme sa candidature et il ne l’a pas été que je lui confirme la mienne. Nous sommes convenus d’un code de respect mutuel dans la campagne ».
Ainsi, la question européenne aurait sonné le glas d’un potentiel rapprochement ? il est vrai que les candidats ont une vision aux antipodes à ce sujet. Quand Benoît Hamon, s’il souhaite, comme son challenger, néanmoins s’affranchir de la règle des 3% imposée par Bruxelles, ne propose pas vraiment de « Grand soir européen ». Le candidat de Parti socialiste plaide « simplement » pour la fin de « l’élargissement » au sein de l’Union européenne pour davantage intégrer les pays déjà présents dans le giron européen.
Autre doléance du candidat PS : la mise en place d’un contrat « politique » pour redessiner les contours d’une coopération synonyme de progrès. Un dessein diamétralement opposé à celui de Jean-Luc Mélenchon qui, si les renégociations de traités échouent, envisage purement et simplement d’activer « son plan B », en l’occurrence une sortie unilatérale desdits traités.
La tâche de la France insoumise est de convaincre – Communiquéhttps://t.co/axIdnQ5o3e
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 26 février 2017
Le revenu universel étrillé par Mélenchon
Fer de lance du programme de Benoît Hamon, c’est manier la litote que de souligner que le revenu universel est loin d’être une mesure salvatrice et nécessaire aux yeux de son concurrent. « Une aventure qui commence par le revenu universel et qui se termine par un RSA amélioré, excusez-moi mais ça n’est pas très sérieux », avait tancé Jean-Luc Mélenchon, en début d’année, qualifiant plus tard cette proposition de « trappe à pauvreté ».
Pour rappel, Benoît Hamon, dans son programme, propose un « glissement progressif » vers ladite allocation. L’ancien ministre de l’Education prévoit une première étape sous la forme d’une hausse de 10% du RSA (actuellement de 535,17 euros pour une personne seule sans l’aide au logement) qui serait étendue aux jeunes de 18 à 25 ans sans conditions de ressources. Coût estimé du dispositif (après généralisation) : 350 milliards d’euros selon les spécialistes de la question.
Lorsqu’on étudie, on doit pouvoir ne faire qu’étudier. Je propose l’allocation d’autonomie jeunesse. #LEmissionPolitique
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 23 février 2017
Impôts : deux « révolutions »
Sur la question fiscale, les avis divergent également. Benoît Hamon propose – véritable arlésienne s’il en est – la fusion de l’impôt sur le revenu et la CSG. Une « révolution fiscale, selon ses dires. « J’organiserai une refonte de l’impôt sur le revenu, devenu complexe, illisible et régressif. Je l’individualiserai, élargirai son assiette par la fusion avec la CSG, et le rendrai plus progressif ». Tout un programme.
Pour Jean-Luc Mélenchon, cette fusion aurait pour principale défaut d’affaiblir le financement de la protection sociale. Mais il plaide également, dans un tout autre registre, pour une « révolution fiscale », avec pour tête de gondole la suppression des « niches fiscales » considérées à ses yeux comme « injustes et inefficaces » mais également l’élargissement du barème de l’impôt sur le revenu à 14 tranches, contre 5 actuellement. Objectif avoué : s’attaquer aux plus hauts revenus.
Retraite : deux « visions »
Pour Jean-Luc Mélenchon, la question des retraites est limpide et sa position n’a pas variée d’un iota depuis la dernière élection présidentielle. Le rétablissement de la retraite à 60 ans avec quarante annuités pour une retraite complète fait toujours figure de proposition phare et « d’incontournable » du candidat de la France insoumise. Un positionnement « à gauche toute » en somme.
Du côté de Benoît Hamon, la question des retraites est indissociable de la problématique de la pénibilité et le candidat issu des primaires de la gauche plaide pour une prise en considération de cette pénibilité dans le calcul de la retraite. Plus inhabituel, Benoît Hamon propose également de prendre en compte le temps consacré aux engagements associatifs dans le calcul des droits à la retraite. Voici pour la liste – non exhaustive- des divergences. Difficile, en effet, dans ses conditions de mener campagne sous la même bannière.
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