Gouvernement Philippe II : Une Équipe Largement Remaniée Et Féminisée

Si la notion de remaniement technique a littéralement volé en éclats après le départ de trois ministres MoDem et de Richard Ferrand, « fidèle parmi les fidèles », d’Emmanuel Macron, le couple exécutif s’est évertué à préserver les équilibres et a « féminisé » ses troupes avec, notamment, la nomination de Nicole Belloubet à la Justice à la place de François Bayrou, tandis que Florence Parly succède à Sylvie Goulard au ministère des Armées. A noter également l’arrivée de personnalités « très proches » du chef de l’Etat, en l’occurrence Benjamin Griveaux et Julien Denormandie dans l’équipe gouvernementale. Présentation du gouvernement Philippe II.

Le « maître des horloges » a encore frappé. Initialement prévue « avant 18H » selon le communiqué de l’Elysée, l’annonce du remaniement -qui devait enfin clore cette longue séquence politique – s’est finalement déroulée, chose inhabituelle, dans les jardins du Palais, à cause de la visite du chef d’Etat colombien et… de la fête de la musique. Conformément à la tradition, hormis ce changement de « cadre », le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a égrené la litanie des noms composant cette nouvelle équipe gouvernementale, la seconde du quinquennat. Traditionnellement, cette seconde mouture « post-législatives » revêt des aspects purement techniques et ne sert qu’à « ajuster » ou renforcer sous certains aspects l’équipe en place. Mais au regard de la démission, coup sur coup, des trois ministres estampillés MoDem, François Bayrou à la Justice, Sylvie Goulard aux Armées et Marielle de Sarnez aux Affaires européennes, sans compter « l’exfiltration » en catastrophe de Richard Ferrand du gouvernement vers l’Assemblée lundi soir, l’équation s’est bougrement compliquée pour le couple exécutif. Celui-ci a, en effet, été contraint, en un temps record, de remplacer ces « poids-lourds » – du moins d’un point de vue protocolaire pour François Bayrou et Sylvie Goulard respectivement ex-numéro 3 et 4 de la première mouture – tout en respectant les équilibres politiques et paritaires. Présentation des nouveaux visages du gouvernement.

Nicole Belloubet (Justice)

Si on s’en réfère à l’aspect purement « paritaire », force est de constater qu’Emmanuel Macron a marqué un grand coup en offrant la Chancellerie à une femme, Nicole Belloubet, même si elle perd au passage le titre de ministre d’Etat de son prédécesseur. En revanche, si elle n’a pas vraiment l’aura de François Bayrou dans l’opinion, elle peut se targuer d’une certaine expérience et de la connaissance des arcanes juridiques. Juriste de formation, elle est également membre du Conseil constitutionnel depuis 2013 où elle avait été nommée par Jean-Pierre Bel, ancien président du Sénat. Agée de 62 ans, la nouvelle Garde de Sceaux a notamment été conseillère municipale socialiste à Toulouse, du temps de Pierre Cohen. Une façon également de « préserver » l’équilibre politique susnommé. Elle aura la lourde charge de porter la nouvelle législation sur la moralisation de la vie publique, un chantier emblématique du quinquennat ouvert par François Bayrou.

Florence Parly (Armées)

Native de Boulogne-Billancourt, la remplaçante de Sylvie Goulard est une « revenante » dans le paysage politique. Secrétaire d’état au Budget sous Lionel Jospin, elle a ensuite tenté de se présenter aux législatives en 2002, à la fin du gouvernement Jospin, sans succès avant de remiser « sa carrière politique » en 2006 après avoir été vice-présidente du conseil régional de Bourgogne. C’est donc à cette même date qu’elle intègre Air France, où elle deviendra directrice générale adjointe (2008-2014), avant d’intégrer la SNCF où elle sera directrice générale stratégies et finances du groupe, avant de devenir en mai 2016 directrice générale de SNCF Voyageurs. A 54 ans, cette énarque reprend le fil de sa carrière politique dans un ministère beaucoup plus exposé.

Nathalie Loiseau (Affaires européennes)

Plus connue du grand public que les deux premières entrantes, la remplaçante de Marielle de Sarnez aux Affaires européennes, Nathalie Loiseau présidait, jusqu’à présent, aux destinées de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) dont sont issues pléthore de personnalités politiques de premier plan, notamment Emmanuel Macron lui-même. Diplomate de carrière et proche des Républicains « canal juppéiste », la nouvelle ministre a longtemps plaidé pour davantage de diversité au sein de l’ENA. « On a aujourd’hui un système éducatif qui est plus en forme d’entonnoir que d’ascenseur », soulignait-elle en 2015. Un sens inné de la formule pour cette diplomate de carrière qui va tâcher d’apporter un peu de stabilité – et de lumière – à un maroquin souvent peu considéré.

Benjamin Griveaux (Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie)

Orphelin de Richard Ferrand, Emmanuel Macron s’est attelé à la « reconstitution de ligue dissoute » avec la nomination de deux de ses principaux lieutenants dans cette nouvelle mouture, Benjamin Griveaux, porte-parole durant toute la campagne, et Julien Denormandie, ancien chef de cabinet adjoint de Macron à Bercy et véritable cheville ouvrière d’En Marche!. Pour Benjamin Griveaux, élu député ce dimanche dans la 5e circonscription de Paris avec 56,3% des voix, cette nomination à Bercy fait également office de « rééquilibrage politique » face au tandem Le Maire-Darmanin, tous deux issus des Républicains. Pressenti pour prendre la tête d’En Marche!, voire de se positionner comme concurrent d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux va finalement vivre sa première aventure ministérielle dans la citadelle du ministère de l’Economie.

Retrouvez ci-dessous la liste exhaustive des ministres et secrétaires d’Etat du gouvernement Philippe II

MINISTRES

Gérard Collomb, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur

Nicolas Hulot, ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaire

Nicole Belloubet, garde des Sceaux, ministre de la Justice

Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

Florence Parly, ministre des Armées

Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires

Agnes Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances

Françoise Nyssen, ministre de la Culture

Muriel Penicaud, ministre du Travail

Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale

Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation

Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics

Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation

Annick Girardin, ministre des Outre-mer

Laura Flessel, ministre des Sports

Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur

Elisabeth Borne, ministre auprès du ministre d’Etat de la Transition écologique et solidaire, chargée des Transports

Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée des Affaires européennes

SECRÉTAIRES D’ÉTAT

Christophe Castaner, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement

Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité femmes-hommes

Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées

Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat chargé du Numérique

Sebastien Lecornu et Brune Poirson, secrétaires d’Etat auprès du ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaires

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées

Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des Territoires

Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances