Nous célébrons cette année les 50 ans des premiers pas de l’Homme sur la Lune. Le 20 juillet 1969, les astronautes de la mission Apollo 11 permettent aux États-Unis d’assurer leur supériorité dans la conquête de l’espace.
Depuis, les choses ont bien changé. Il y a 50 ans, notre objectif était de prouver, purement et simplement, que nous pouvions envoyer des êtres humains sur une autre planète. Aujourd’hui, on en vient à se demander : pourquoi aller dans l’espace ? Que pouvons-nous y faire ? Comment les entreprises espèrent-elles un retour sur investissement dans la conquête spatiale ? La réponse semble évidente pour certains : le tourisme spatial. D’autres envisagent une exploitation des gisements des astéroïdes et de la Lune. Par exemple, l’hélium 3, qui pourrait constituer une source d’énergie considérable, peut être trouvé sur la Lune. Certains, comme Elon Musk et Stephen Hawking, préconisent que notre avenir est dans les étoiles, non pas dans un but d’exploration, mais bien pour la survie de notre espèce. Pour eux, plus nous visitons d’endroits reculés, plus nos chances de survie augmentent.
La surexploitation de notre planète l’a en effet laissée dans un triste état : le changement climatique, les mines à ciel ouvert… De nombreuses espèces vivantes s’éteignent à un rythme alarmant. Il faudrait alors s’assurer que nous n’allons pas faire preuve de la même surexploitation sur toutes les planètes que nous visitons.
Les gouvernements et les sociétés jouent tous un rôle dans la conquête de l’espace, mais quelle autorité s’exerce quant au droit de propriété dans l’espace ? Qui a le droit de détruire des astéroïdes pour en extraire des matières premières ? Pouvons-nous les tracter jusqu’à la Terre et modifier leur orbite ? Pouvons-nous exploiter la Lune à notre bon vouloir ?
Le Traité de l’espace, établi par les Nations Unies, régit l’exploration et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique. Ce traité a été ratifié en 1967, en plein milieu de la Course à l’espace. Mais 50 ans plus tard, tout est différent.
Lorsqu’il s’agit de gouverner les milieux interplanétaires, il existe deux types de lois : celles visant à protéger toute éventuelle forme de vie, et celles visant à protéger les corps planétaires eux-mêmes. Si les pays ne peuvent pas revendiquer la propriété de la Lune, ou d’autres planètes et astéroïdes, la loi est moins claire concernant l’exploitation des matériaux sur ces planètes. Lorsque l’on tient compte des entreprises, qui agissent pour réaliser des bénéfices, l’acquisition des ressources revêt une importance cruciale. Si elles n’ont pas la possibilité d’obtenir des droits de propriété dans l’espace, leur capacité à se procurer des ressources serait alors fortement limitée. Par ailleurs, nous devrions prendre en compte les répercussions de nos missions dans l’espace sur ces milieux.
À l’heure actuelle, les procédures visant à protéger la vie extraterrestre, même microbienne, sont relativement strictes. L’objectif principal est aujourd’hui d’empêcher une contamination via des sondes spatiales, transportant des clandestins interplanétaires. La NASA dispose d’un Office of Planetary Protection, qui existe uniquement dans ce but. Les sondes spatiales doivent être minutieusement stérilisées avant de visiter une planète, afin de protéger toute forme de vie dont nous n’aurions pas encore pris connaissance. La planète Mars et les satellites naturels de Jupiter sont au cœur de la conquête de l’espace aujourd’hui et sont donc protégés, mais d’autres milieux qui pourraient fournir des indices sur l’origine de la vie, comme Venus, la Lune ou les comètes, sont également protégées.
Nous aspirons à préserver ces milieux, afin que les scientifiques du futur puissent étudier les formes de vie qui auraient pu s’y développer. Une contamination de la part de la Terre pourrait mettre la vie en danger et compromettre l’exploration scientifique. Elle pourrait également empêcher les futures générations de scientifiques de savoir si la vie sur place est originaire de la planète, ou si elle est le résultat d’un clandestin interplanétaire. Les lois existantes ont vocation à protéger la vie potentielle, non pas pour sa valeur intrinsèque, mais pour l’histoire de l’humanité.
Quid des corps planétaires eux-mêmes ? La Lune et les astéroïdes méritent-ils une quelconque forme de protection ? Si nous devions nous exiler dans l’espace, nous aurions assurément besoin de ressources : de la nourriture, de l’eau, de l’énergie… Dans des environnements hostiles, comme Mars ou la Lune, ces besoins sont vitaux. Il faudrait nous protéger des radiations, faire face à la pénurie d’eau, et ajuster l’atmosphère et la température pour les adapter à notre organisme. Nous devrions également faire venir des matériaux de construction, des outils, de l’eau et des combustibles depuis la Terre, mais le prix de telles livraisons pour une colonie spatiale serait probablement prohibitif, il nous faudrait alors trouver des ressources sur place. Nous aurions aussi besoin de quantités importantes d’énergie, soit à partir de ressources renouvelables (énergie solaire, éolienne, géothermique) ou à partir d’autres ressources in situ.
Il serait peut-être temps de réviser le Traité de l’espace, afin de permettre aux pays et aux entreprises privées d’explorer l’espace. Parallèlement, il faut absolument que le traité protège également l’environnement planétaire lui-même, qu’il y ait ou non de la vie sur ces planètes. Nous devons reconnaître la valeur de ces corps planétaires, qui n’est pas que pécuniaire, mais également scientifique. Seulement alors pourrons nous éviter de reproduire les dégâts que nous avons déjà causés sur Terre.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits