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Google Monte Au Créneau Contre Le Décret Anti-Immigration De Trump

Sundar Pichai, Sergey Brin et Soufi Esmaeilzadeh à la manifestation de Mountain View

Des milliers d’employés d’Alphabet, la maison mère de Google, ont quitté leur lieu de travail lundi après-midi pour protester contre les récentes décisions du président Donald Trump, visant à limiter l’immigration en provenance de pays à prédominance musulmane. Les manifestations et discours de Sundar Pichai – le PDG de Google – et de Sergey Brin – le cofondateur de Google – ont été jusqu’ici les plus vifs à l’égard des directives de Trump. Directives qui ont suscité de nombreuses réactions dans la Silicon Valley, le week-end dernier, alors que plusieurs dirigeants des géants de la tech ont désavoué les actions du président.

Plus de 2000 employés d’Alphabet ont quitté leur poste lundi après-midi, marquant le point culminant de plusieurs jours de discussion interne. Sundar Pichai et Sergey Brin se sont adressés à la foule sur le campus principal de Mountain View (Californie), et ont été rejoints pas Soufi Esmaeilzadeh –une chef de produits chez Google et une citoyenne canadienne d’origine iranienne qui vit aux Etats-Unis depuis 15 ans. 

« Il se passe quelque chose de grave, on s’en prend à des valeurs qui nous sont très chères » a déclaré le PDG de Google « elles sont fondamentales et vous ne devriez jamais faire de compromis sur ces choses-là, comme nous en avons discuté ces derniers jours ».

Samedi, alors que les mouvements de grève ont commencé à prendre forme, Sundar Pichai a envoyé un mémo à tous les employés. Il a rapporté que plus de 100 employés seraient touchés par les directives de Donald Trump, qui demande notamment un contrôle renforcé des immigrants. Google, comme beaucoup d’autres dans la Silicon Valley, emploie nombre d’immigrants dans son équipe dirigeante actuelle, y compris parmi ses fondateurs. Sergey Brin, qui a assisté aux manifestations à l’aéroport international de San Francisco samedi, est l’un d’entre eux.

« Je suis venu ici à l’âge de 6 ans avec ma famille, tout droit de l’Union Soviétique qui était à l’époque le plus grand ennemi des Etats-Unis –qui l’est peut-être encore d’une certaine manière-, c’était une période terrible de la Guerre Froide » confie Sergey Brin à la foule. « Certains d’entre vous se rappellent peut-être de la menace nucléaire. Les Etats-Unis ont eu le courage de nous accepter en tant que réfugiés, mes proches et moi. »

Alors que Sergey Brin plaisantait, suggérant à un moment que certaines personnes pourraient commencer à coller des autocollants « Pence 2017 » sur leurs pare-chocs, il a prôné un message de tolérance auprès de ses employés. Il a également fait allusion aux recours en justice à l’encontre des législateurs républicains, basé à Washington D.C., comme le rapportait récemment le New York Times.

« Je pense qu’il est important de construire un débat sur autre chose que l’opposition libéral contre républicain (…) », rapporte-t-il tristement. « Il s’agit d’un débat sur des valeurs fondamentales et l’élaboration d’une politique réfléchie, et beaucoup d’autres choses qui, il me semble, ne sont pas universellement prônées, mais que je pense être appuyées par la grande majorité de nos concitoyens et de nos législateurs. »

D’après les personnes présentes, Soufi Esmaeilzadeh a prononcé un discours et parlé de son expérience en suite aux directives de Trump : elle était dans un vol San Francisco-Zurich. L’équipe d’immigration de Google qui était en contact avec elle, lui a conseillé de rester à Zurich afin de ne pas risquer l’expulsion à son retour en Californie. Peu de temps après, un juge fédéral a statué en faveur d’une demande de l’Union américaine des libertés civiles, qui a retardé la mise en application de l’interdiction générale. La direction de Google a ainsi immédiatement opté pour la ramener chez elle, aux Etats-Unis.

« Il est difficile de voir ce décret affecter nos collaborateurs », a écrit Sundar Pichai dans son mémo envoyé aux employés le week-end dernier, selon une copie obtenue par Bloomberg News. « Nous avons toujours fait publiquement connaître notre point de vue sur l’immigration, et nous continuerons à le faire. »

Les employés de Google ayant assisté aux manifestations les ont décrit comme très forte émotionnellement, et ont rapporté un fort soutien de la part de leurs dirigeants dans leurs discours. Ils ont été encouragés à partager des images et des vidéos de l’évènement. Ainsi les manifestations sont rapidement devenues un trending topic sur Twitter, avec le hashtag #GooglersUnite, rassemblant ainsi une collection de photos et de vidéos en direct.

Ce rassemblement survient moins de 24 heures après la création d’un « fond de crise » de près de 4 millions d’euros, précédé d’un premier don de près de 2 millions d’euros, abondé par les employés. L’argent sera ainsi envoyé à l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) et à l’Immigrant Legal Resource Center, et se présente comme le plus grand fond jamais créé par Google.

Retrouvez l’intervention de Sundar Pichai et Sergey Brin à la manifestation de Mountain View (en anglais) : 

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