Les législatives arrivent à grand pas et le moins que l’on puisse dire c’est que le moment n’est pas des plus opportuns. Mais il est désormais trop tard pour revenir sur les causes de cette nouvelle crise politique. Devant le fait accompli, il faudra prendre une décision dans les trois semaines à venir.
Dans ce qui ressemble à un moment de panique pour l’ensemble de la classe politique française, il est bon de prendre un peu de hauteur pour étudier les programmes des principales forces en lice, et notamment, pour ce qui me concerne, sur le volet écologique.
La première chose particulièrement flagrante, c’est que le contexte d’une campagne expresse laisse assez peu de place à l’opportunisme. Seuls ceux qui ont été cohérents dans leurs parcours au cours des dernières législatures sont en mesure de proposer des solutions concrètes, aboutissement d’une réflexion qui n’a pas démarré le soir des résultats des élections européennes.
Parlons-en d’ailleurs de l’Europe. Le Green Deal a été accusé à maintes reprises d’être l’une des causes de la montée des extrémismes en Europe, jugé tantôt trop ambitieux, tantôt profondément injuste. Il a été érigé en symbole d’une supposée déconnexion des élites avec leur base. Alors certes, le Green Deal est perfectible. Et si certains le blâment, l’accusant d’être le parangon d’une supposée forme d’ “écologie punitive”, quelles sont les alternatives qu’ils nous proposent pour faire face à l’urgence climatique et la perte de biodiversité ? Car, en pleine crise climatique, ce sujet reste central. Le GIEC l’a suffisamment martelé, nous n’avons plus le choix, ni le temps, il faut agir.
A l’aune des programmes actuels présentés par les différentes listes en lice, le choix semble malheureusement limité.
L’actuelle majorité présidentielle promet une baisse des émissions françaises de GES de 20% d’ici 2027 sans en préciser à ce stade les contours ou les modalités de mise en œuvre. Cet objectif, flou et insuffisant, ne permet pas d’atteindre ceux fixés par les Accords de Paris. Renaissance et ses alliés souffrent par ailleurs d’une forte perte de crédibilité compte tenu de leurs nombreuses compromissions sur les sujets climatiques et de biodiversité (emballages plastiques, usage des néonicotinoïdes…) et surtout depuis la crise du secteur agricole de ce début d’année.
Quant aux Républicains, aucune mesure n’est annoncée pour le moment. Il faut bien admettre que les propositions du parti restent inaudibles face aux scissions au sein du parti qui occupent davantage l’actualité. Ce soap opéra aura au moins eu le mérite de nous divertir pendant cette période trouble. Historiquement, le parti reste peu enclin à faire preuve d’ambition en matière écologique et une fois la crise interne résolue, il est peu probable qu’un véritable virage écologique apparaisse dans leur programme.
A ce jour, le seul programme ambitieux en matière climatique et de biodiversité est, sans réelle surprise, celui du Nouveau Front Populaire. Que ce soit en matière de gestion de l’énergie, de protection de la biodiversité, de transition vers une filière agricole durable, ils proposent des solutions à la hauteur des enjeux actuels. Mais pour que ce plan se transforme en action concrète, se pose la question des financements de cette transition. Et la quantité de promesses étalées par cette nouvelle coalition de gauche peut sembler utopique tant elle nécessite d’investissements massifs et de dérogations à de nombreuses règles européennes, à commencer par celle du Pacte de stabilité, alors même que la France est déjà dans le collimateur de Bruxelles.
Enfin, il faut bien citer le parti actuellement en tête des sondages, à savoir le Rassemblement National. Sur le plan écologique (entre autres), leur victoire est tout sauf souhaitable. Si leur programme est encore flou dans ce domaine, ils n’ont pas fait mystère de leur volonté de rétropédaler sur la plupart des sujets lancés dans le cadre du Green Deal. Surfant sur la vague de mécontentement suscitée par les mesures de ce Pacte vert, ils ont fait de l’écologie un bouc émissaire des crises agricoles et sociales.
Seul point de convergence, LR, Renaissance et le Rassemblement National ont tous opté pour une politique énergétique s’appuyant sur le développement du nucléaire, énergie peu carbonée. Renaissance souhaite également poursuivre le développement du mix énergétique en s’appuyant sur les énergies renouvelables. Le NFP, quant à lui, n’a pas tranché la question du nucléaire en raison des désaccords au sein de sa coalition. On ne résout pas 50 ans de débat en 3 semaines de campagne. Ils souhaitent cependant mettre l’accent sur les énergies renouvelables et en faire l’un des points forts de l’économie française, en s’appuyant notamment sur les énergies marines. Un choix judicieux compte tenu du fait que la France dispose du premier domaine maritime européen et du 2ème au niveau mondial.
Bien entendu, il est clair que l’écologie n’est pas le principal enjeu de cette campagne législative. Elle n’est qu’un élément parmi tant d’autres qui constituent des programmes s’opposant frontalement, notamment en matière sociétale. Les divergences économiques ou écologiques ne doivent pas dissimuler le fait que le parti ayant le vent en poupe s’appuie sur les difficultés d’un monde en crise pour proposer un projet de société ouvertement xénophobe, pouvant nuire durablement au vivre-ensemble. Nier la crise climatique et rejeter ses solutions ne feront cependant qu’aggraver les tensions sociales. Mais n’est-ce pas finalement l’objectif recherché par certains.
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