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Fusillades : Trump Et Les Républicains Accusent Les Jeux Vidéo

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GettyImages

Après deux terribles fusillades ce weekend, l’une ayant tué 22 personnes dans un supermarché d’El Paso, l’autre ayant fait 10 morts dans un bar de Dayton, en Ohio, des élus républicains et le président Donald Trump se sont tournés vers un vieux bouc émissaire bien connu, les jeux vidéo.

Le chef de la minorité parlementaire Kevin McCarthy (Républicains) et le Lieutenant-Gouverneur du Texas Dan Patrick (Républicains) ont tous deux cité les jeux vidéo comme étant l’une des causes possibles des fusillades, une rhétorique que Donal Trump lui-même a maintenant adoptée.

« Nous devons mettre un terme à la glorification de la violence dans notre société », a déclaré Trump hier. « Cela inclue les jeux vidéo sombres et macabres qui sont maintenant devenus banals. »

Les paroles de Trump ont provoqué la baisse du prix des actions de plusieurs entreprises de jeux vidéo, notamment d’Electronic Arts, d’Activision et de Take Two, Activision Blizzard étant la plus touchée avec une baisse de 6,1 %. Cette baisse plus conséquente pour Blizzard est probablement due à la mention de sa franchise phare, Call of Duty, dans une phrase du manifeste du tireur d’El Paso, ce que Dan Patrick n’a pas manqué de faire remarquer.

Naturellement, toute ce remue-ménage n’est qu’une maladroite tentative de distraction pour détourner l’attention du public des véritables problèmes que posent ces deux attaques. Le reste du manifeste consiste en fait en une montagne d’horribles arguments racistes ciblant les Hispaniques et, bien souvent, identique aux éléments de langage du président et de certains présentateurs de Fox News par le passé.

Bien entendu, l’autre moitié de l’équation concerne l’accès aux armes lourdes, un sujet que les Républicains ne désirent pas du tout aborder, en raison des opinions de leur électorat et de leur dépendance au soutien financier de la NRA. C’est la raison pour laquelle ils cherchent des causes, n’importe lesquelles, autres que les réglementations du port d’armes aux États-Unis. Ils blâment alors les jeux vidéo, ainsi qu’un autre bouc émissaire en vogue en ce moment : la maladie mentale, que Trump a également mentionnée.

De nombreuses études ont démontré que les jeux vidéo ne sont pas liés à une augmentation des comportements violents, malgré des affirmations répétées et sans fondement clamant le contraire dans ce genre de situations. Par ailleurs, les jeux vidéo ont reçu en 2011 la protection du Premier Amendement en tant que forme d’expression artistique après que la Californie avait tenté d’interdire la vente de jeux vidéo violents aux mineurs. Antonin Scalia, ancien juge de la Cour Suprême, était celui qui avait rédigé la défense la plus convaincante des jeux vidéo, et le rejet le plus édifiant des études cherchant à « prouver » leurs effets négatifs :

« Les preuves de l’état ne sont pas convaincantes », écrivait-il. « La Californie s’appuie principalement sur les recherches du Dr. Craig Anderson et de quelques autres chercheurs en psychologie dont les études prétendent démontrer un lien entre l’exposition à des jeux vidéo violents et des effets néfastes sur les enfants. » Ces études ont été rejetées par toutes les courts qui ont eu à les examiner, et avec raison : elles ne parviennent pas à prouver que les jeux vidéo violents conduisent les mineurs à agir agressivement (ce qui serait déjà un début). Au lieu de cela, « presque toutes les recherches sont basées sur une corrélation, qui n’est pas preuve de causalité, et la plupart des études souffrent de failles conséquentes et reconnues dans leur méthodologie.  « Celles-ci montrent au mieux une certaine corrélation entre l’exposition à des divertissements violents et des effets minuscules dans le monde réel, tels que des enfants se sentant plus agressifs ou étant plus bruyants durant les quelques minutes faisant suite à une partie de jeu violent, que s’ils avaient joué à un jeu non-violent. »

Au-delà de la recherche, les statistiques sont également sans équivoque. De nombreux tweets font remarquer que beaucoup d’autres pays n’ont presque aucun cas de fusillades comparés aux centaines d’occurrences aux États-Unis, et cela reflète les données statistiques portant sur la quasi absence de tels massacres dans d’autres pays.

Presque tous ces autres pays jouent aux mêmes jeux vidéo que les enfants, adolescents et adultes des États-Unis, mais même dans le sanctuaire vidéo ludique qu’est le Japon, les fusillades de masse sont quasiment inexistantes en raison des lois très restrictives sur le port d’armes, et non de quelconques mesures prises à l’encontre des jeux vidéo violents. Une série de jeux tels que Call of Duty vend environ 15 à 30 millions de copies dans le monde chaque année, mais une unique référence dans un manifeste disant explicitement que les fusillades de la vraie vie ne se déroulent pas comme dans le jeu a provoqué un tumulte général.

Cette distraction est dangereuse. Chaque jour gaspillé à vociférer à propos des recherches bancales tentant de faire le lien entre jeux vidéo et fusillade de masse est un jour où l’on ne se concentre pas sur les enjeux évidents qui apparaissent ici, de la radicalisation de jeunes suprémacistes blancs à l’accès facile de ces individus radicalisés à des armes meurtrières leur permettant de conduire ces attaques. Continuer ce débat en utilisant les jeux vidéo comme bouc émissaire n’est pas seulement agaçant, c’est aussi terriblement dangereux.

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