Presque. Il y est presque. Bien qu’il n’ait pas été choisi par la FIFA pour organiser la Coupe du monde de football de 2026, et bien que son équipe nationale ne se soit pas qualifiée pour le deuxième tour au Mondial en Russie, le Maroc a fait grande impression sur la scène footballistique internationale au cours du dernier mois.
Absents depuis vingt ans de cette compétition, les joueurs marocains ont, de manière unanime, impressionné adversaires et commentateurs. Leur participation s’est soldée par un match nul contre le prestigieux voisin espagnol et deux défaites, contre l’Iran et, d’un petit 1-0, contre le Portugal, champion d’Europe en titre. Pas de quoi rougir. Le sélectionneur, le Français Hervé Renard, qui occupe cette fonction depuis 2016, a pu dire à juste titre : « Le Maroc sort la tête très haute » tout en regrettant, outre de probables erreurs d’arbitrage contre le Portugal et le non recours à l’arbitrage vidéo sur trois fautes litigieuses de l’adversaire, le petit « plus » qui a manqué pour la qualification en huitième de finale, ajoutant toutefois qu’« il faut payer pour apprendre et progresser ».
Cette équipe est jeune – neuf joueurs ont moins de 25 ans – et prometteuse ; six de ses 23 sélectionnés jouent en Liga – le championnat espagnol. Elle va se remettre au travail pour, très vite, tenter de se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2019, compétition que le Maroc a d’ailleurs remportée une fois.
Une visibilité croissante sur la scène footballistique mondiale
Cependant, le pays veut voir plus grand. Le Mondial reste un championnat où excellent les équipes européennes et sud-américaines, mais les prochaines éditions pourraient laisser de la place aux sélections asiatiques – notamment le Japon qui s’est fait remarquer en Russie – et plus encore africaines. La visibilité qu’une participation permet et l’impression qu’une équipe laisse, pour quatre ans, constituent une vitrine internationale qui n’a pas de prix. Dans la presse comme sur les réseaux sociaux, pendant le premier tour de ce Mondial 2018, les commentaires élogieux étaient nombreux à l’égard des « lions de l’Atlas », surnom des footballeurs marocains.
C’est aussi sur le terrain de l’organisation que se situe l’ambition nationale. Le 13 juin dernier, jour du vote pour la désignation du pays organisateur du Mondial 2026, le Maroc était l’outsider face à la candidature de « United 2026 », autrement dit des États-Unis, du Canada et du Mexique. Les exigences croissantes du cahier des charges de la FIFA, version Infantino – éviter les risques d’« éléphants blancs », anticiper les retombées économiques, environnementales et sociales, etc. – sont-elles pour autant insurmontables ?
Rien n’est moins sûr, tant le petit poucet marocain mène depuis de nombreuses années une diplomatie sportive, et en particulier footballistique, qui finira par payer. C’est tout un modèle économique vertueux qui est en train d’être inventé. C’est aussi un investissement, pour l’ensemble des générations, qui voit le jour : une nouvelle politique éducative et sportive, une stratégie de développement touristique durable avec « Vision 2020 », une attractivité mondiale du territoire marocain dans la continuité de la COP 22 qui, l’an dernier, a contribué à transformer Marrakech, sans oublier le futur sommet des migrations qui se tiendra dans le pays à la fin de l’année 2018.
Construction d’une narration et d’une réputation nationale et continentale
Les grands événements sportifs bénéficient, de plus en plus, dans leur organisation, de la mondialisation et d’une multipolarisation. C’est ce que certains appellent un « marketing mondial de positionnement » et le sport sera une ressource pour le Maroc. Par son ambition, sa réflexion stratégique et sa pugnacité, le royaume est en train d’attirer l’attention de tous. Ce n’est sans doute qu’un début.
Le Maroc ne dispose pas de l’immense richesse économique du Qatar mais il a d’autres atouts : organisation de conférences et de sommets internationaux, naissance d’une expertise nationale de qualité caractérisée par plusieurs think tanks, développement d’une élite universitaire hautement qualifiée, formée à l’étranger, nombreux déplacements du roi Mohammed VI ces dernières années sur le continent africain pour sensibiliser au rôle de rassembleur que peut jouer le Maroc face aux grands défis africains de demain. Cette stratégie narrative et réputationnelle, au-delà des frontières nationales, a intérêt à s’appuyer sur le football.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits