Dans le cadre des élections régionales qui se tiendront du 20 au 27 juin 2021, la rédaction Forbes France vous propose un décryptage des régions à forts enjeux. Pour notre septième épisode, nous proposons un focus sur la région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, où le président sortant Renaud Muselier (LR/UDI/MoDem/LREM) est candidat à sa propre succession.
Les éléments clés
- Habitants : 5 millions
- Départements : 6
- Chef-Lieu : Marseille
- Budget du Conseil régional : 2,316 milliards
La région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, terre de contraste grâce à sa mosaïque de paysages, est le témoin d’une scène politique particulièrement agitée.
En 2015, la campagne régionale avait tenu tout son monde en haleine. Le retrait de la liste socialiste d’un certain Christophe Castaner avait permis à Christian Estrosi (LR), pourtant largement distancé au 1er tour, de l’emporter contre Marion Maréchal-Le-Pen (FN). Sous couvert d’accord avec l’actuel président de région Renaud Muselier, le maire de Nice lui avait cédé son fauteuil à mi-mandat en 2017.
Les élections régionales de 2021 n’ont pas dérogé à la règle avec leurs lots de péripéties. Début mai, Jean Castex annonce au Journal du Dimanche le retrait de la liste LREM emmenée par Sophie Cluzel au profit d’une liste commune avec Renaud Muselier. Cela provoque une véritable déflagration au sein des Républicains. Le n°1 du parti, Christian Jacob, déclare alors que la liste ne bénéficierait pas de l’investiture du groupe. LR fera volte-face deux jours plus tard à la condition qu’il n’y ait “aucun accord, à quelque niveau que ce soit, avec LREM”.
L’alliance était en préparation depuis plusieurs semaines à l’initiative des maires Christian Estrosi et Hubert Falco (Toulon). Cette décision du parti suscite le mécontentement de ces derniers, qui décident de le quitter. Suite à cela, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, annonce maintenir une liste LREM au 1er tour. C’est sans compter sur le président sortant qui pose de nouvelles conditions pour maintenir l’alliance : pas de parlementaire LREM, ni de membre du gouvernement sur sa liste. Toutefois des membres du parti présidentiel, d’Agir et du MoDem y sont inclus. Au final, sur les 135 noms déposés au sein de sa liste par le président sortant, quinze sont issus de la majorité présidentielle.
Après plusieurs jours d’expectative, le parti républicain annonce son soutien à Renaud Muselier mais dénonce une “faute et une erreur d’analyse politique”. Cette ultime résolution est condamnée publiquement par le chef du groupe au Sénat, Bruno Retailleau, et le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti.
C’est dans cette atmosphère, digne des scénarios les plus kafkaïens, que s’ouvre le bal des régionales en PACA.
Thierry Mariani fait la course en tête
S’il y en a un qui a dû se réjouir de cette cacophonie, c’est bien Thierry Mariani (RN), qui caracole en tête dans les derniers sondages. Une enquête réalisée par Ipsos-Sopra Steria place le transfuge des Républicains devant Renaud Muselier de 7 points au 1er tour (41%). Il joue la carte de la sécurité en proposant d’augmenter drastiquement le nombre d’agents dans les transports (de 100 à 500), devant les lycées et de créer “un réseau d’hébergement d’urgence” pour les femmes en danger.
Renaud Muselier ne s’avoue pourtant pas vaincu. Il assure que le député européen “a abandonné la région depuis plus de dix ans”. Des membres de son parti ont même déposé une requête pour demander la radiation du candidat RN s’appuyant sur les révélations du “Canard Enchaîné”. Si la sécurité est aussi bien présente dans la campagne du président sortant, celui-ci emprunte également des thèmes chers à la gauche, promettant 600 millions d’euros pour le plan climat, une région zéro plastique en 2030 et la “cantine pour tous” dans les lycées.
Un troisième homme s’est invité dans ce qui s’apparente à un duel fratricide. Il s’agit de Jean Laurent Félizia, paysagiste ayant réussi à rallier socialiste et communiste derrière une liste écologiste (15%).
Deux hypothèses victorieuses pour le RN
Dans l’hypothèse d’une triangulaire, la liste de Thierry Mariani arriverait en tête avec 43% des voix devant celle conduite par Renaud Muselier avec 36%. La liste EELV-PS-PC-Génération.s de Jean-Laurent Félizia recueillerait 21% des intentions de vote.
La deuxième hypothèse, qui verrait les deux anciens amis devenus rivaux s’affronter en duel, est pour le moment rejetée par la tête de liste écologiste. Ce dernier est déçu du traitement infligé par la précédente administration. Celle-ci avait arrêté prématurément le conseil consultatif régional mis en place suite au retrait de la liste Castaner en 2015. Quand bien même, Thierry Mariani serait toujours donné gagnant avec 51% des voix contre 49% pour Renaud Muselier.
Le Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur pourrait bien offrir au Rassemblement national sa première victoire lors d’un scrutin régional, à moins qu’un nouveau rebondissement ne vienne changer la donne, ce qui n’est jamais à exclure en PACA.
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