Le chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, a tiré la sonnette d’alarme concernant le budget de la défense qu’il souhaite voir atteindre les 2% du PIB -contre 1,78% actuellement- à l’issue du prochain quinquennat, pour adapter le modèle d’armée aux nouvelles formes de menaces, tandis que François Hollande juge les ressources actuelles de la « grande muette » suffisantes.
« L’accélération du tempo des engagements et la multiplication des crises mettent (le modèle actuel de l’armée ndlr) sous extrême tension et l’usent. Or, rien ne laisse penser que la tendance puisse s’inverser prochainement ». Ce constat sans ambages porte le sceau du chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers qui, dans une tribune aux Echos, plaide pour un relèvement du budget de la défense à hauteur de 2% du PIB (contre 1,78% actuellement), condition sine qua non, selon lui, pour faire face aux nouvelles formes de menaces et redonner un second souffle à un modèle en fin de cycle. Une hausse qui doit intervenir à ses yeux le plus rapidement possible, en l’occurrence à la fin du prochain quinquennat, soit en 2022.
« Il faut rester capable d’assurer, dans la durée, la protection de la France et des Français face au spectre complet des menaces », insiste Pierre de Villiers. Des propos qui ont suscité, tout au long de la journée, le débat dans la classe politique, poussant également François Hollande à prendre position sur ce dossier. S’il a pris acte des propos du chef d’état-major, le président de la République, par ailleurs chef des armées, n’a pas souscrit à la doléance du général de Villiers jugeant le budget en parfaite adéquation avec les besoins actuels.
Objectif 2% du PIB…en 2024
« Nous avons aujourd’hui les ressources nécessaires par rapport à nos objectifs, mais il y aura encore dans les prochaines années à faire des efforts supplémentaires », a souligné François Hollande qui reconnaît donc, en creux, l’impérieuse nécessité d’un effort budgétaire. Et de rappeler ses principaux « faits d’armes », en la matière depuis cinq ans. « Le budget de la Défense a déjà été augmenté tout au long du quinquennat et la loi de programmation militaire a été révisée à la hausse, ce qui n’avait jamais été le cas sous la Ve République ».
Pour rappel, la France s’est engagée avec les autres membres de l’Union européenne à porter son budget militaire à 2% de son produit intérieur brut… mais pas avant l’horizon 2024. Dans le détail, le budget de « la grande muette » a été augmenté de 600 millions d’euros en 2016 pour être porté à 32 milliards. Il augmentera davantage en 2017, à hauteur de 700 millions. L’augmentation préconisée par le général de Villiers le ferait, dès lors, passer de 32 à 41 milliards d’euros en 2022.
Fillon et Valls temporisent, Marine Le Pen surenchérit
En outre, François Hollande a annoncé qu’il n’y aurait plus de diminution d’effectifs dans la défense jusqu’en 2019. Insuffisant visiblement pour Pierre de Villiers qui a, par le passé, fait part de sa circonspection au sujet « d’un bon modèle d’armée mais qui s’use ». S’il est acquis que François Hollande ne prolongera pas son bail à l’Elysée, les principaux aspirants à la magistrature suprême ont leur avis sur la question.
Ainsi, François Fillon, dans son programme, abonde dans le sens de Pierre de Villiers mais sans donner d’échéance précise, évoquant un rehaussement « du financement de notre défense » et propose également de « lancer un audit des besoins financiers au titre de la défense afin d’évaluer le passif laissé par le gouvernement socialiste ». L’ancien Premier ministre et candidat à la primaire socialiste, Manuel Valls, de son côté, suit également le sillon tracé par Pierre de Villiers mais fixe davantage 2025 comme horizon.
Seule Marine Le Pen s’inscrit dans les pas du chef d’état-major des armées, qui « exprime une inquiétude forte et parfaitement légitime » et va même plus loin que celui-ci en proposant de relever « immédiatement » l’effort de défense à 2% du PIB, avec l’objectif de l’élever à 3% en 2022. Elle a également fait part de sa volonté, si elle accède aux plus hautes fonctions, de commander un second porte-avions, une « nécessité stratégique » selon ses dires.
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