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Fabien Roussel, candidat du Parti communiste : « Je propose de rétablir l’ISF et de le mutiplier par 3 ! »

Membre de l’Assemblée nationale depuis 2017, Fabien Roussel représente pour la première fois le parti communiste français en qualité de candidat à l’élection présidentielle. Connu pour ses propositions audacieuses, comme la hausse du salaire minimum ou la semaine de travail de 32 heures, il nous donne sa vision de l’entrepreneuriat, du patriotisme économique et de l’innovation.

 

La French Tech compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de licornes à son actif… La “start-up nation” imaginée par Emmanuel Macron a-t-elle tenu ses promesses ?

Fabien Roussel : Tout d’abord, je dois dire qu’avoir des entreprises à la pointe de l’innovation technologique et numérique dans des domaines aussi importants que la santé, la défense ou l’intelligence artificielle est un intérêt stratégique majeur. Nous avons besoin de start-up européennes et françaises, c’est indéniable. À mon avis, le débat vient des moyens d’y parvenir. Il y a l’approche libérale, très libérale, du président de la République et de l’Union européenne qui choisissent de déverser beaucoup d’argent public pour soutenir ses jeunes pousses sans aucune garantie. Au lieu de cela, ce que nous préconisons, c’est de vraiment soutenir la voix de nos startups en nous engageant avec elles. Le problème, c’est que certaines de nos meilleures pépites sont rachetées par des GAFAM ou de grands groupes chinois. On se pose alors la question de l’intérêt des investissements publics des entreprises qui deviennent étrangères.

Nous sommes favorables au soutien à l’innovation, mais ce soutien doit s’inscrire dans un plan de développement qui sert le pays au fil des années, et nous exigeons que ce soutien public soit converti en participation dans le capital de ses entreprises afin de garantir qu’elles ne soient pas rachetées plus tard. L’objectif est que ce soutien soit conditionné à ce que les recherches et le développement de ces technologies servent les intérêts du pays et du peuple français.

 

Si vous êtes élu en avril prochain, est-ce que l’entrepreneuriat fera partie de vos priorités ? Quelles mesures comptez-vous prendre en la matière ?

Ces formidables entreprises doivent pouvoir compter sur le soutien de l’État dans la durée sans craindre d’être rachetées demain par une puissance extérieure. J’ai ri quand j’ai vu que Bruno Lemaire travaillait sur un programme de prêt de 500 millions d’euros pour 13 000 startups. Ce n’est pas suffisant pour les protéger des gafam ! Nous devons soutenir ces petites entreprises avec des engagements à long terme, et cela ne peut pas être du saupoudrage. De fait, si je suis élu, je développerai deux politiques : la première vise à utiliser différemment  le crédit d’impôt recherche de 7 milliards d’euros pour accompagner nos entreprises à la fois sous forme d’engagements de long terme et de prise de participation au capital. Notre accompagnement sera donc plus attractif que les propositions d’acquisitions externes. La deuxième chose est que je consacrerai plus de ressources humaines aux commissions françaises et européennes qui étudient les brevets pour réduire le temps et le coût que cela représente pour leurs start-up.

J’en ai marre de voir à quel point c’est long, difficile et cher de déposer un brevet en France et en Europe. Les entrepreneurs français ont besoin de quatre ans pour obtenir un brevet, tandis que les Américains mettent parfois moins d’un an. On ne peut plus courir avec un tel boulet aux pieds. 

 

Quelles ambitions avez-vous pour les tpe et pme ?

En France, il y a beaucoup de financements publics pour les entreprises de toutes tailles. Un rapport que nous avons commandé montre que 250 milliards d’euros d’argent public ont été versés pro bono aux entreprises l’année dernière. Il s’avère que 2/3 ont été versé aux multinationales et seulement 1/3 aux tpe/pme, ce qui n’est pas normal. Nous voulons que les petites entreprises reçoivent plus d’aide que les grandes qui distribuent des dividendes. Lorsque nous distribuons des dividendes, nous n’avons pas besoin d’aide des fonds publics.

Pour les TPE/ PME qui ne délocalisent pas et se retrouvent en difficulté, Je souhaite baisser les charges financières, énergétiques et assurantielles.

 

Face à notre dépendance aux matières premières et la chaîne d’approvisionnement mondiale qui nous les acheminent, une relocalisation est-elle possible ? Comment y parvenir ?

La France est en mesure de relocaliser ses entreprises mais elle ne le fait pas. Toutes les semaines, je suis à Bercy avec des salariés qui viennent défendre leur usine parce que leur direction, leur groupe, avec la complicité de l’Etat, ont décidé de délocaliser. C’est ce qui s’est passé pour la  Sam, la fonderie d’avirons il y a une semaine. Ces délocalisations sont une véritable trahison du pays. Parfois, l’État a des parts dans ses entreprises , comme ce fut le cas avec Thales. Le gouvernement participe donc, encore aujourd’hui, au grand déménagement industriel de la France. Je demande que ces délocalisation soient interdites. Et c’est au gouvernement de dire ‘je n’approuve pas ces licenciements. Un pays sans industrie est un pays sans avenir ! Nous devons garder nos entreprises sur nos terres.

Concernant notre dépendance aux matières premières, nous devons avoir l’ambition d’atteindre une autonomie alimentaire à l’échelle européenne. Nous devons rassembler les matières premières dont nous avons besoin pour servir nos 450 millions d’habitants. En nous y mettant ensemble, nous pouvons le faire.

 

Fabien Roussel : En somme, je veux passer de la France du chômage et du RSA à la France du travail et du salaire. C’est pourquoi face au ruissellement de Macron, je propose le Roussel-ment. 

 

Est-ce possible de concilier patriotisme économique et mondialisation ? 

Le patriotisme économique consiste à maintenir nos compétences et notre expertise au service du pays et de la planète. L’économie doit être au service de l’humanité, et non l’inverse. Nous devons donc rapatrier sur notre sol tout ce que nous sommes en capacité de faire pour notre pays mais je suis aussi favorable à une mondialisation de nos échanges sur des matières que nous n’avons pas dans le respect des peuples et de la planète.

 

Comment assurer notre souveraineté économique et technologique face à la Chine, aux États-Unis et aux Gafam ?

Premièrement, il faut appliquer une retenue à la source sur les bénéfices des entreprises multinationales realisés en France. Elles doivent être imposées sur leurs bénéfices comme toutes les entreprises françaises. Le prélèvement à la source évite que ces bénéfices ne partent à l’étranger vers des pays ou l’imposition est nulle. Ensuite concernant les gafam, je leur imposerai la définition d’un établissement stable pour faire en sorte que toutes les activités commerciales exercées par ces géants en France soient taxées à hauteur réelles, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Je mettrais donc en place une règle stricte pour les forcer a payer les impôts dus à la France.

 

 

Pensez-vous que la technique et l’innovation sont à même de trouver une solution à l’équation climatique ?

Bien sûr, c’est pour cela que je défends les startups, l’innovation et la recherche, car nous devons faire des pas de géant dans ce domaine, nous devons rendre particulièrement plus attractif les métiers de recherches en France.

Sans l’innovation et la recherche nous ne pourrons rien face a l’urgence climatique.  L’état être à leurs côtés sur le long terme et donner confiance aux investisseurs car je pense que nous réussirons à résoudre les problèmes climatiques par l’innovation et donc par des investissements stratégiques.

 

Est-ce que la théorie du ruissellement est valable selon vous ? Permettrait-elle plus de croissance et d’innovation ?

La théorie du ruissellement a eu des effets dévastateurs car elle n’a fait qu’enrichir les riches, rien n’a ruisselé sur les travailleurs. Le résultat au bout de 5 ans est effarant, la richesse des 500 Français les plus riches a doublé, les plus pauvres se sont appauvris et le chômage a augmenté ! Il faut rétablir l’isf que je propose de multiplier par trois. Nous voulons aussi donner plus de pouvoir aux salariés dans les conseils et dans les communautés d’entreprises pour leur permettre de s’émanciper au travail et ainsi  redonner du sens à l‘emploi des Français

En somme, je veux passer de la France du chômage et du RSA à la France du travail et du salaire. C’est pourquoi face au ruissellement de Macron, je propose le Roussel-ment. 

 

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