Les moyens financiers mis à la disposition de la jeune militante écologiste ont donné lieu à moult spéculations. Le fait est que Greta Thunberg ne recule devant aucun sacrifice lorsqu’il s’agit de traverser les mers pour se rendre à un sommet international. Pour autant, a-t-elle des mécènes cachés ? D’obscurs lobbies la soutiennent-elle en coulisse ? Dans son livre, Greta Thunberg, la voix qui secoue la planète qui paraîtra le 20 août prochain (L’Archipel, 2020), la biographe Maelle Brun apporte des réponses à ces épineuses questions. Extraits exclusifs.
Les financements de Greta reviennent souvent sur le tapis. Celle qui s’est construite dans la lutte contre les puissants serait-elle soutenue par les corporations qu’elle dénonce ?
L’ennemie de la mondialisation et du capitalisme reste-t-elle crédible lorsque Christine Lagarde, alors directrice du Fonds monétaire international, lui dit « pleinement l’appuyer et l’admirer » ?
Au fil des mois, et de la montée en puissance de Fridays For Future, beaucoup se sont demandé si la jeune fille n’était pas téléguidée. Si elle n’était pas rémunérée par ceux dont elle servirait les intérêts – les concepteurs d’éoliennes, les fabricants de panneaux solaires, ou les démocrates américains, en vrac.
À l’automne 2019, on la soupçonnait même d’être la marionnette du milliardaire américain George Soros, alors qu’une photo les montrant ensemble tournait sur les réseaux sociaux. Léger problème, tout de même : le cliché était un montage. À l’origine, c’est Al Gore et non George Soros qui se trouvait à côté de Greta.
Certains se sont également interrogés sur ses liens avec Aileen Getty. Cette riche Américaine, héritière de la compagnie pétrolière Getty Oil Company, joue les mécènes pour certains mouvements écologistes. L’attelage est pour le moins étrange, mais elle est une fondatrice du Climate Emergency Fund, destiné à « soutenir les activistes qui essaient de sauver le monde ». Et le fonds a été très vite désigné comme aidant Greta. Il faut dire que le site de l’organisation affiche une photo de la jeune Suédoise, à la rubrique consacrée aux mouvements financés.
Au Climate Emergency Fund, on dément toutefois avoir subventionné Fridays For Future, et l’on décrit la photo comme une simple illustration des manifestations climatiques. La réputation de Greta n’est donc pas entachée par l’or noir : non, Aileen Getty ne financerait pas son action. Celle-ci affirme nonobstant que le discours de l’ado l’a convaincue de « changer son style de vie ».
Si aucun lien n’est avéré avec des milliardaires, qui paie alors pour l’action et les voyages de Greta ? Ses parents, répond-elle. « On aime relayer des rumeurs affirmant qu’il y a des gens “derrière moi”, que je suis “payée” ou “utilisée” pour faire ce que je fais. Mais la seule personne derrière moi, c’est moi-même ! », s’exclamait-elle en février 2019 sur Facebook.
« Il m’arrive de soutenir ou de coopérer avec plusieurs ONG qui travaillent pour le climat et l’environnement. Mais je suis absolument indépendante. Je fais cela de façon bénévole, je ne reçois d’argent ou de promesse de gains de personne. […] Mes parents paient pour mes billets et hébergements. » Tous deux ont maintes fois précisé également ne tirer aucun avantage de la notoriété de leur fille.
La carrière de Malena, leur société de production et les origines familiales de Svante les prémunissent de toute façon en partie des soucis financiers. La preuve : ils affirment avoir reversé les royalties touchées sur l’autobiographie familiale à huit associations et ONG. Ils ont choisi des structures vouées à la défense des enfants, à la lutte contre le réchauffement climatique et à la cause animale (l’une d’elles étant Lära med Djur, le centre équestre où Greta retrouve régulièrement sa jument de thérapie).
En dehors de la bonne action, cela a le mérite de clore la polémique liée à la date de parution de ce livre, opportunément sorti en Suède la semaine de la première grève scolaire de Greta. Les bénéfices ne seront pas empochés par les Thunberg, mais reversés via leur fondation.
Le 29 janvier 2020, l’adolescente annonçait d’ailleurs la création d’une structure, la Fondation Greta Thunberg. « C’est une organisation à but non lucratif, nécessaire pour gérer en toute transparence l’argent récolté (droits d’auteur, donations, prix, etc). […] Le but est de promouvoir la durabilité écologique, climatique et sociale, ainsi que la santé mentale. » Elle en profitait pour glisser aussi qu’elle venait de déposer son nom et la marque Fridays For Future.
Le processus ne manquerait pas d’attirer les critiques et suspicions. Mais elle le justifie assez clairement : « Mon nom et celui du mouvement sont constamment utilisés sans notre accord, pour vendre des produits ou récolter de l’argent. Les déposer est une façon de protéger le mouvement et ses activités, et de permettre à mon équipe légale bénévole d’agir contre les imposteurs. Fridays For Future est un mouvement global créé par moi-même. Il appartient à ses membres, et surtout aux jeunes. »
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