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Etrillé, Le Parti Socialiste Sous Respiration Artificielle

Eliminé dès le premier tour, Jean-Christophe Cambadélis et le Parti socialiste ont vécu une soirée cauchemardesque.
© Getty Images

Dans la droite ligne de la débâcle de Benoît Hamon à la présidentielle, le Parti socialiste et ses alliés n’ont pas réussi à sauver les meubles, ne remportant que 9% des suffrages lors de ce premier tour des élections législatives.

Jean-Christophe Cambadélis ou l’art de la synthèse. Dans sa courte allocution post-résultat, peu après 20h, plutôt que de s’interroger sur la débâcle historique de son parti, réduit à jouer les utilités au Palais Bourbon, le premier secrétaire du Parti socialiste a préféré gloser sur l’hégémonie En Marche! renvoyant le « droit d’inventaire » aux calendes grecques. Pourtant, c’est l’existence même du Parti socialiste qui est menacée par cette cuisante défaite. Fort d’une majorité absolue de 295 sièges dans la mandature sortante (2012-2017), le Parti socialiste et ses alliés (Radicaux de gauche, Europe Ecologie-Les Verts) ne parviendrait à hisser dans les travées du Palais Bourbon que seulement… 30 à 40 députés, soit un nombre d’élus inférieur à celui de la débâcle de 1993, lorsque le PS – essoré par deux septennats de François Mitterrand – n’avait remporté que 57 sièges. Mais à l’époque, malgré des troupes faméliques, la formation à la rose incarnait encore la seule opposition au RPR hégémonique de l’époque. Ce « purgatoire » n’allait d’ailleurs durer que deux ans, alors qu’en l’état – sauf crise politique majeure – les socialistes, écologistes et autres radicaux sont condamnés à faire de la figuration dans l’hémicycle où ils sont devancés, en nombre de voix, outre par la République en Marche, par Les Républicains mais aussi par le Front national, voire même la France Insoumise.

Une dégringolade entamée au lendemain du verdict des urnes de la primaire de la « Belle Alliance populaire » à la fin du mois de janvier dernier où le candidat désigné, Benoît Hamon, n’a jamais bénéficié de « la force de frappe » et du soutien du parti pourtant encore au pouvoir à cette période. Une campagne chaotique que l’on pourrait résumer par l’adage « avec des amis comme cela, pas besoin d’ennemis ». Si l’ancien ministre de l’Education a vaincu, sans trop de difficultés, le favori désigné de ce scrutin, Manuel Valls, la suite va être moins brillante. En effet, Benoît Hamon va essuyer les désillusions et les « couteaux dans le dos » de sa propre famille politique dont les membres les plus « éminents » iront, par grappes, rejoindre la cohorte des marcheurs d’Emmanuel Macron, laissant Benoît Hamon face à sa solitude. Une solitude encore plus prégnante aujourd’hui.

Le PS, morne plaine

Si le leadership de Benoît Hamon, balayé dès le premier tour, fut sujet à caution durant la présidentielle, que dire de celui de Jean-Christophe Cambadélis durant ces cinq semaines de battement entre le verdict présidentiel et ce premier tour des élections législatives ? D’une grande nervosité, le député sortant – écarté également dès ce soir – n’est absolument pas parvenu à imprimer quoi que ce soit durant cette campagne éclair.  Une erreur de casting de plus… Un temps pressenti pour mener le combat, Bernard Cazeneuve avait laissé ce rôle à Jean-Christophe Cambadélis, contesté jusque dans les arcanes du PS. Thierry Mandon, ex-secrétaire d’Etat, lui avait même demandé de laisser sa place pour une gouvernance rajeunie et collégiale afin de lancer la « reconstruction » du parti. Sans succès.

Qui pour mener la « reconquête » ? Jugeant le PS « mort », l’ancien Premier ministre, Manuel Valls n’a même pas attendu le premier tour de l’élection présidentielle pour prendre fait et cause pour Emmanuel Macron et a exhorté, par la suite, les « progressistes » à suivre le sillon tracé par « La République en Marche!, qui ne l’a pas investi… mais n’a pas présenté de candidat contre lui dans l’Essonne. D’autres, comme Marisol Touraine, ont remplacé la rose par l’inscription « majorité présidentielle » sur leur affiche de campagne mais sont toujours investis par le PS, au grand dam de certaines fédérations locales. Un véritable travail de clarification est à mener pour que les électeurs identifient les projets des uns et des autres, car en effet, pour ne citer que ces deux exemples, la confusion était totale dans certaines circonscriptions.

Un astre mort

Quid de Benoît Hamon dans cette recomposition ? Ce dernier, visiblement échaudé par le manque de soutien du Parti socialiste, ne devrait pas œuvrer à ce « renouveau », préférant largement jouer sa propre partition en dehors de la tambouille des partis. Candidat dans les Yvelines, Benoît Hamon lancera une initiative le 1er juillet aux côtés de Yannick Jadot. L’ex-frondeur a appelé à faire battre une dizaine de candidats socialistes, dont Manuel Valls et Myriam El Khomri. Difficile, comme évoqué ci-dessus, de s’y retrouver pour l’électeur lambda. Ajoutée à cela une myriade de candidatures par circonscription – plus d’une vingtaine parfois – et tous les ingrédients du désordre et de la cacophonie sont réunis.

Le salut du Parti socialiste passe-t-il également par un changement de nom ? Assurément, le débat ne devrait pas manquer de poindre après le second tour. A l’image de ce qui se produit parfois dans le monde économique où pléthore de grandes marques ont changé d’appellation pour s’offrir une nouvelle dynamique et un second souffle. Mais un autre problème va rapidement se poser pour le parti à la rose : celui de son financement. Outre son poids politique résolument amoindri, la formation du président Hollande était jusqu’ici la principale bénéficiaire du financement public avec près de 25 millions d’euros touchés en 2015, au regard de ses 295 têtes de gondole. Avec 30 à 40 députés, le pactole devrait fondre comme neige au soleil.

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