TIKTOK | Les utilisateurs ont-ils leur mot à dire sur l’avenir d’une application très appréciée ? C’est la question que se posent aujourd’hui les législateurs américains face à l’éventualité d’une interdiction nationale de TikTok, l’application que tout le monde aime critiquer.
Article de John Brandon pour Forbes US – traduit par Flora Lucas
Un projet de loi adopté rapidement, trop rapidement selon plusieurs utilisateurs de TikTok
Au total, 39 États américains ont déjà interdit TikTok, la plupart du temps sur des appareils gouvernementaux. Récemment, un projet de loi visant à interdire totalement TikTok (ou à exiger la vente de l’application) a été adopté par la Chambre des représentants par 352 voix contre 65. Selon le Washington Times, le Sénat se demande maintenant si tout cela ne va pas trop vite et s’il ne faudrait pas débattre davantage.
Le projet de loi est motivé par des préoccupations relatives à la sécurité nationale et à la vie privée des utilisateurs, car l’on ignore toujours comment les données personnelles sont stockées ou pourraient être utilisées à des fins politiques. La question qu’il convient de se poser à ce stade est la suivante : quelle est la responsabilité du gouvernement américain en la matière et dans quelle mesure le Congrès doit-il écouter les utilisateurs (et les créateurs de contenu) ?
Jusqu’à présent, il semble que les utilisateurs aient beaucoup à dire et qu’ils aient inondé les législateurs d’appels et de messages défendant l’application ou exprimant au moins leur opinion. Et les utilisateurs de réseaux sociaux ont définitivement une opinion sur ce sujet.
Plusieurs points de vue s’entrechoquent. Un internaute a souligné la rapidité avec laquelle la Chambre des représentants a adopté cette interdiction, alors que d’autres sujets (comme les soins de santé) semblent faire l’objet de débats et de discussions constants. Un autre a expliqué que les législateurs américains s’attaquent à TikTok pour des raisons de sécurité, mais qu’ils n’agissent pas aussi rapidement lorsqu’il s’agit de problèmes graves liés à Facebook.
Une lumière au bout du tunnel ?
C’est grâce à ce genre d’évènement que l’on réalise que l’on vit dans un pays. Toute intrigue politique qui conduit à une discussion saine (et à une action positive) est une bonne chose.
Les réseaux sociaux ont toujours été le refuge des trolls, des théories du complot et de bien d’autres choses encore. C’est aussi un lieu où il est possible de se connecter au monde et de débattre sur la place publique. Le fait que tout le monde puisse publier des opinions valables, mais non filtrées, témoigne de la puissance de ces plateformes et de leur valeur pour la société en général. Le débat est toujours le bienvenu.
Ce dernier développement est encourageant, ne serait-ce que parce que le Sénat cherche des réponses et laisse du temps pour une analyse plus approfondie. Il faut espérer que l’on assistera à un exemple de démocratie à l’œuvre, qu’il y aura une période de discussion et de débat réfléchis sur ce sujet. D’aucuns ont fait valoir que tout retard donnerait plus de temps aux groupes de pression et aux personnes influentes pour s’exprimer. Selon NBC, certains experts estiment que l’interdiction de l’application pourrait conduire à de nouvelles restrictions de la liberté d’expression.
Personne ne peut prévoir comment tout cela va se terminer. Les critiques sur l’application sont nombreuses, non seulement en raison des problèmes de confidentialité et de sécurité, mais aussi en raison de la rapidité avec laquelle elle est devenue si dominante. TikTok a atteint 100 millions d’utilisateurs en seulement neuf mois, mais plus encore, l’application reçoit beaucoup d’attention. Elle a du cachet auprès des utilisateurs, des médias, des influenceurs, des entreprises et de tout le monde. Tout ce qui est dominant dans les réseaux sociaux a tendance à susciter l’intérêt et l’attention. Cela ressemble presque à une recette pour un désastre : rendre tout le monde accro semble être l’objectif principal.
Les législateurs américains devront agir rapidement, mais avec diligence, tout en pesant le pour et le contre de l’interdiction pour parvenir finalement à une décision qui ne sera pas seulement bénéfique d’un point de vue juridique, mais qui le sera aussi, en fin de compte, pour les utilisateurs. Au final, ce sont les utilisateurs qui devront vivre avec les conséquences de ces décisions cruciales.
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