Les autorités fédérales américaines ont récemment menacé d’interdire TikTok aux États-Unis si ses propriétaires basés en Chine ne vendaient pas leur participation dans la société, ont rapporté plusieurs médias mercredi 15 mars, une escalade dramatique alors que la plateforme fait l’objet d’un examen minutieux outre-Atlantique en raison de préoccupations liées à la sécurité nationale et à la confidentialité des données.
L’ultimatum a été lancé par le Committee on Foreign Investment in the U.S. (CFIUS, Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis), une agence gouvernementale habilitée à examiner certains investissements pour des raisons de sécurité nationale, a rapporté le Wall Street Journal mercredi en fin de journée, citant plusieurs sources anonymes.
Un porte-parole de TikTok a confirmé à Forbes que la plateforme, qui appartient à l’entreprise technologique ByteDance, basée à Pékin, avait été contactée par le CFIUS et n’a pas contesté les informations du Wall Street Journal, mais l’entreprise n’a pas donné de détails sur la demande du gouvernement américain.
La forme que prendrait ce désinvestissement n’est pas claire. Les fondateurs de ByteDance détiennent 20 % de l’entreprise et contrôlent une part disproportionnée de ses droits de vote, tandis que 20 % sont détenus par les employés et 60 % par des investisseurs du monde entier, selon le Wall Street Journal.
Dans une déclaration à Forbes, TikTok a affirmé que « le désinvestissement ne résout pas le problème » et qu’« un changement de propriétaire n’imposerait pas de nouvelles restrictions sur les flux de données ou l’accès ».
Le département du Trésor américain, qui dirige le CFIUS, s’est abstenu de tout commentaire.
Mardi, Bloomberg a rapporté que les dirigeants de TikTok sont prêts à se séparer de ByteDance pour éviter l’interdiction, soit en vendant l’application, soit en entrant en bourse, bien que l’entreprise considère la vente comme un dernier recours.
La semaine dernière, plusieurs sénateurs américains ont présenté un projet de loi bipartisan qui donnerait au département du Commerce le pouvoir d’interdire certaines technologies étrangères qui présentent un « risque excessif ou inacceptable » pour les Américains. Le projet de loi ne mentionne pas explicitement TikTok, mais les sénateurs l’ont citécomme une menace potentielle.
Les liens de TikTok avec la Chine ont fait l’objet d’un examen de plus en plus minutieux au cours des derniers mois, en raison des craintes que le gouvernement chinois n’utilise l’application pour accéder aux données des Américains. L’année dernière, Forbes a rapporté que des centaines d’employés de TikTok et de ByteDance avaient travaillé pour des médias d’État chinois et que certains employés de ByteDance avaient utilisé l’application pour espionner des journalistes de Forbes qui couvraient les activités de l’entreprise (TikTok a déclaré que les employés impliqués dans l’espionnage ne travaillaient plus pour ByteDance et a qualifié leurs actions d’« abus flagrant de leur autorité »). La semaine dernière, un ancien employé de ByteDance a déclaré au sénateur républicain du Missouri Josh Hawley que les employés pouvaient facilement basculer entre les données américaines et chinoises avec des approbations limitées, ce qui contredit les affirmations de TikTok. Le CFIUS enquête sur TikTok depuis des années, mais certains sénateurs ont encouragé l’agence à conclure son enquête. Le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal et le sénateur républicain du Kansas Jerry Moran ont exhorté l’agence à « imposer des restrictions structurelles strictes » sur les liens entre la plateforme et ByteDance. L’ancien président américain Donald Trump a déjà tenté d’interdire TikTok pour des raisons de sécurité nationale en 2020, mais les tribunaux fédéraux ont bloqué cette initiative.
De son côté, TikTok a cherché à gagner la confiance des politiciens et des régulateurs, et un porte-parole de la plateforme a déclaré à Forbes que l’entreprise travaillait avec le CFIUS pour répondre à ses préoccupations depuis plus de deux ans. L’année dernière, l’entreprise a déclaré que les données des utilisateurs américains avaient été transférées sur des serveurs appartenant à la société Oracle, basée au Texas, et elle aurait demandé à Oracle d’auditer ses algorithmes pour s’assurer qu’ils sont à l’abri du gouvernement chinois.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Joe Walsh
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