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États-Unis : le directeur du FBI démissionne, Trump nomme Kash Patel, une décision controversée

Trump
Kash Patel, choisi par Donald Trump pour diriger le FBI, rencontre le sénateur John Cornyn, le 9 décembre 2024. Getty Images

Le directeur du FBI, Christopher Wray, a annoncé mercredi qu’il quitterait ses fonctions le mois prochain, ouvrant la voie à la nomination de Kash Patel, choisi par Donald Trump pour diriger l’agence. Fidèle allié de l’ancien président, Patel est connu pour ses attaques contre l’État profond et ses promesses de cibler les opposants de Trump. Sa nomination, cependant, fait l’objet de vives critiques, y compris de la part de hauts responsables de la première administration Trump.

 

Faits marquants

  • Le mois dernier, Trump a choisi M. Patel pour remplacer M. Wray au poste de directeur du FBI, une fonction qui doit être confirmée par le Sénat.
  • Il était largement attendu que Trump remplace Wray, qu’il avait lui-même nommé en 2017, mais la décision de Wray de quitter volontairement ses fonctions, avec plus de deux ans restants à son mandat de dix ans, permet à Trump d’éviter les retombées politiques liées à un éventuel licenciement du directeur du FBI.
  • Avocat de formation, M. Patel a brièvement travaillé au département de la Justice des États-Unis sous l’administration Obama avant de rejoindre la Chambre des représentants après l’arrivée au pouvoir de Trump. Il a passé deux ans comme conseiller principal de l’ancien représentant Devin Nunes, qui présidait la commission du renseignement de la Chambre en 2017 et 2018. Patel a joué un rôle clé dans l’enquête controversée de la commission sur l’investigation du FBI concernant la Russie, rédigeant un mémo critiqué, alléguant des manquements du FBI dans son enquête sur les liens présumés entre la campagne de Trump et la Russie.
  • Après la reprise de la Chambre par les démocrates en 2018, Patel a intégré l’administration Trump, occupant d’abord le poste de directeur principal de la lutte contre le terrorisme au Conseil de sécurité nationale. Il a ensuite été nommé conseiller principal des directeurs du renseignement national de Trump, avant d’être promu chef de cabinet du secrétaire à la Défense des États-Unis par intérim, Christopher Miller, dans les derniers mois du mandat de Trump.
  • Selon le Washington Post, Patel exerçait une influence de facto à la tête du Bureau du directeur du renseignement national et du Pentagone durant son passage dans ces agences, bien que d’autres en aient porté le titre officiel. The Atlantic rapporte que Patel a acquis ce pouvoir en se montrant « particulièrement déterminé à plaire à Trump », alignant ses actions sur les objectifs politiques et la rhétorique du président américain élu, notamment en cherchant à se venger d’un prétendu État profond composé d’adversaires politiques.
  • Toujours d’après le Washington Post, Patel cherchait à évincer des fonctionnaires des agences de renseignement tout en soutenant le plan de l’équipe Trump visant à « réduire le pouvoir des agences de renseignement ». Toutefois, il s’est heurté à des hauts responsables de la première administration Trump, qui n’étaient pas toujours prêts à adhérer aux positions les plus radicales de l’ancien président et estimaient que Patel manquait d’expérience pour occuper ses fonctions.
  • Selon plusieurs rapports, Trump aurait envisagé de nommer Patel au poste de directeur adjoint de la CIA ou du FBI dans les derniers mois de sa présidence. Cependant, il aurait renoncé à cette idée après que la directrice de la CIA de l’époque, Gina Haspel, et le procureur général William Barr auraient menacé de démissionner en signe de protestation.

 

Citation importante

« Beaucoup disent qu’il est fou », aurait confié Trump à propos de Patel, selon un conseiller anonyme cité par The Atlantic. « Moi aussi, je pense qu’il est un peu fou. Mais parfois, un peu de folie, ça peut être utile. »

 

Critique principale

« Aucune mission du FBI ne serait en sécurité si Kash Patel occupait un poste de direction, et encore moins celui de directeur adjoint », a déclaré Andrew McCabe, ancien directeur adjoint du FBI, à CNN le mois dernier, affirmant que « l’étendue de l’autorité à ce poste est énorme ». « Si ce poste est occupé avec l’intention de perturber et de nuire à l’organisation, quelqu’un comme Kash Patel pourrait causer des dommages considérables », a ajouté M. McCabe.

 

Pourquoi Kash Patel a-t-il été une figure controversée durant le premier mandat de Trump ?

Au-delà de son extrême loyauté envers Trump et de sa volonté de réorganiser les agences de renseignement, Kash Patel a été impliqué dans plusieurs épisodes controversés lors du premier mandat de Trump, comme l’ont rapporté des médias tels que The AtlanticThe New York Times et The Washington Post. Ces incidents illustrent pourquoi de nombreux fonctionnaires ont eu des différends avec lui.

Fiona Hill, ancienne fonctionnaire du Conseil de sécurité nationale (NSC), a témoigné lors du premier procès en destitution de Trump qu’un membre du personnel lui avait signalé que Patel, alors au NSC, fournissait directement des informations sur l’Ukraine à Trump, qui l’avait qualifié de « directeur de l’Ukraine ». Cela avait alarmé l’ensemble du Conseil, car l’Ukraine ne relevait pas des responsabilités de Patel, et il n’était pas autorisé à recevoir des documents sur ce sujet.

Un autre épisode controversé concerne une mission de sauvetage d’un otage américain au Nigeria. Patel aurait affirmé que le secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, avait confirmé que les États-Unis pouvaient utiliser l’espace aérien nigérian. En réalité, aucune autorisation n’avait été donnée, forçant l’avion à faire demi-tour pendant que les responsables tentaient d’alerter les autorités nigérianes. Pompeo a nié avoir eu cette conversation avec Patel.

Patel a rejeté ces accusations dans une déclaration à The Atlantic. Cependant, le Washington Post rapporte également qu’il aurait fait pression sur des fonctionnaires pour déclassifier des informations sensibles, ce qui aurait pu compromettre la sécurité nationale et l’armée, selon un haut responsable de la défense ayant requis l’anonymat.

 

Quel a été le parcours de Kash Patel depuis la fin du mandat de Trump ?

Depuis le départ de Trump de la Maison Blanche, Patel est resté l’un de ses plus fervents soutiens. Il a fondé une organisation appelée The Kash Network, qui finance des initiatives juridiques et éducatives en faveur de personnes alignées avec Trump, incluant des « lanceurs d’alerte » et des « citoyens américains injustement calomniés ». Cette organisation vise également à informer le public sur des sujets que, selon Patel, « les médias traditionnels refusent de traiter ».

Patel s’est également imposé comme un fervent défenseur de Trump dans les médias, intervenant régulièrement dans des podcasts et émissions de droite. Il a lancé une ligne de produits dérivés mettant à l’honneur Trump et les participants aux émeutes du 6 janvier. De plus, il a écrit un livre pour enfants intitulé The Plot Against The King (Le complot contre le roi), dans lequel il se met en scène en tant que magicien protégeant le « roi Donald ». Patel a aussi contribué à la production de Justice for All, un hymne pro-émeutes du 6 janvier.

Sur le plan juridique, Patel a témoigné devant un grand jury dans le cadre de l’enquête ayant conduit à l’inculpation de Trump pour dissimulation présumée de documents de la Maison Blanche. Selon l’Associated Press, il a obtenu l’immunité pour ce témoignage, après avoir déclaré à Breitbart News que Trump avait largement déclassifié ces documents pendant son mandat.

 

Quel rôle Kash Patel jouerait-il lors d’un second mandat de Trump ?

Patel s’est engagé à prendre des mesures de représailles contre les ennemis présumés de Trump lors d’un éventuel second mandat présidentiel. Lors d’un entretien avec Steve Bannon sur son podcast War Room, Patel a déclaré vouloir cibler non seulement les adversaires au sein du gouvernement, mais aussi ceux des médias. « Nous allons nous attaquer à ceux qui, dans les médias, ont menti sur les citoyens américains ayant aidé Joe Biden à truquer les élections présidentielles », a-t-il affirmé, en faisant référence à l’élection de 2020. « Que ce soit au niveau pénal ou civil, nous allons vous poursuivre. Considérez cela comme un avertissement.»

Dans son livre Government Gangsters, Patel appelle à une réforme radicale du département de la Justice des États-Unis, incluant le licenciement des « plus hauts gradés » du FBI. Selon ABC News, il propose des poursuites contre tous les membres du FBI accusés d’avoir « abusé de leur autorité à des fins politiques », estimant que l’agence est « tellement compromise qu’elle restera une menace pour le peuple sans des mesures drastiques ».

Parmi les autres initiatives que Patel pourrait chercher à mettre en œuvre lors d’un second mandat de Trump, ABC News cite la suppression des habilitations de sécurité de toute personne impliquée dans l’enquête du FBI sur la Russie, la fermeture du siège principal du FBI à Washington, le redéploiement des fonctionnaires sur le terrain, et la déclassification ainsi que la publication de documents relatifs à l’enquête sur la Russie.

 

Contexte clé

Trump prévoit d’entourer son second mandat de fidèles prêts à appliquer son programme et ses propositions les plus radicales. Cette stratégie vise à éviter les blocages rencontrés lors de son premier mandat, lorsque des personnalités comme Gina Haspel ou William Barr ont refusé de se plier à ses exigences. Parmi les alliés de Trump pressentis ou déjà proposés pour sa future administration figure Kash Patel, aux côtés d’autres nominations controversées annoncées dans la semaine suivant l’élection.

Parmi ces choix figurent l’animateur de Fox News Pete Hegseth en tant que secrétaire à la Défense, Robert F. Kennedy Jr. comme secrétaire à la Santé, et l’ancienne députée Tulsi Gabbard pour diriger le renseignement national. Ces décisions ont suscité de vives critiques, y compris de certains législateurs républicains. Leur confirmation par le Sénat reste incertaine, mais Trump a également évoqué la possibilité de recourir à des « nominations d’urgence », un mécanisme permettant de nommer des fonctionnaires sans l’approbation du Sénat pendant les périodes de vacances parlementaires.

 

Un article de Alison Durkee pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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