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Emmanuel Macron Exfiltre Richard Ferrand Du Gouvernement

© Getty Images

Selon plusieurs sources concordantes, Emmanuel Macron aurait demandé à son ancien lieutenant durant la campagne présidentielle, Richard Ferrand, de renoncer à son poste de ministre de la cohésion des territoires pour présider aux destinées du nouveau groupe LREM à l’Assemblée Nationale.

Une sortie par le haut pour Richard Ferrand… en plus du retrait d’une sacré épine du pied d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. Dans le collimateur de la justice car des soupçons de favoritisme pèsent sur lui du temps où il dirigeait les Mutuelles de Bretagne, Richard Ferrand se serait vu proposer par le président de la République une « alternative » moins exposée… mais non moins stratégique : la présidence du nouveau groupe LREM à l’Assemblée nationale.  « Il a été reçu par le président très longuement cet après-midi, le chef de l’Etat a reconnu les grandes qualités de Richard Ferrand, notamment sa connaissance du travail parlementaire et il lui a conseillé de briguer la présidence du groupe », a-t-on précisé dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Sa garde rapprochée a confirmé la démission du désormais éphémère ministre de la cohésion des territoires… tout en démentant tout lien avec le scandale qui éclabousse le ministre. « Ça n’aurait aucun sens de le faire maintenant alors qu’il vient d’être largement élu », a défendu l’entourage du chef de l’Etat. Benjamin Griveaux, ancien porte-parole du président de la République du temps de la campagne et élu député de Paris hier soir, confirme bien entendu cette version. « C’est tout sauf une sanction puisque le poste le plus stratégique à l’Assemblée nationale sera à l’évidence celui de président du groupe La République en marche ! ».

Fort d’un bataillon de 308 fantassins dont beaucoup de nouveaux venus en politique, la « tête » du groupe LREM à l’Assemblée nationale devra faire preuve d’une redoutable connaissance des arcanes parlementaires. Un « portrait-robot » qui colle parfaitement au profil de Richard Ferrand, fidèle de la première heure d’Emmanuel Macron. Dès 2015 précisément, date à laquelle le futur ex-ministre de la cohésion des territoires, qui n’était « que » simple rapporteur de la Loi Macron, décèle le potentiel de l’impétueux ministre de l’Economie, impressionné par son audace et sa volonté de bousculer l’ordre établi. « J’ai particulièrement été séduit par sa bonne compréhension de l’époque et sa volonté de constituer une offre nouvelle », nous déclarait-il en septembre dernier. La suite, tout le monde la connaît : Richard Ferrand s’affranchit, du moins officieusement, de la ligne gouvernementale et plus encore du Parti socialiste pour inscrire ses pas dans ceux du futur président, il œuvre à la sortie de terre du mouvement « En Marche! » le 6 avril 2016. Un mouvement, s’il est porté par Emmanuel Macron, qui est géré en coulisses et au quotidien par le parlementaire qui devrait retrouver un rôle peu ou prou similaire dans l’Hémicycle.

Moralisation de la vie publique

Suivra le meeting fondateur du 12 juillet 2016 à la Mutualité où, dans un discours tonitruant, Richard Ferrand exhorte des militants exaltés et autres curieux à rejoindre Emmanuel Macron car « qui mieux qu’un banquier pour faire sauter la banque ? ». Une formule ciselée, un brin facile, mais bougrement efficace. Avant de battre la campagne avec une discipline de fer, recadrant vertement les ambitieux – Laurence Parisot s’en souvient encore – et ne prenant pas ombrage de la cohorte de ralliements des uns et des autres. Y compris celui de François Bayrou qui ne porte pas spécialement Richard Ferrand dans son cœur et réciproquement, comme en a attesté le « drame » des investitures aux législatives. Les deux hommes sont alors « contraints » à la cohabitation au sein du gouvernement où François Bayrou vient de présenter la première loi phare du quinquennat… en l’occurrence une loi de moralisation de la vie publique, destinée à contrer certaines pratiques douteuses des élus. Condition sine qua non de son soutien, le 22 février dernier, à la candidature du leader d’En Marche!. Une doléance rapidement acceptée par Emmanuel Macron.

Un projet de loi qui tombe au moment où des soupçons de favoritisme planent sur Richard Ferrand. Pour rappel, le parquet a ouvert une enquête préliminaire destinée à faire la lumière sur un montage immobilier réalisé en 2011, à une époque où le secrétaire général d’En Marche! dirigeait les Mutuelles de Bretagne. Le Canard enchaîné a notamment révélé fin mai que les Mutuelles de Bretagne louaient des locaux appartenant à la compagne de Richard Ferrand, faisant naître un soupçon de favoritisme dans un contexte rendu sensible par l’affaire des emplois présumés fictifs occupés par des membres de la famille Fillon. Pourtant durant cette période « délicate », Emmanuel Macron n’a jamais lâché ce « fidèle parmi les fidèles », dînant et déjeunant avec lui deux fois début juin – dans la même semaine – et exhortant les ministres à faire preuve de cohésion et de solidarité dans la tempête médiatique.

Désormais libéré du carcan gouvernemental, Richard Ferrand va œuvrer à la construction de la majorité présidentielle dans les travées du Palais Bourbon. Comme de coutume après le second tour des élections législatives qui clôt ce long cycle électoral entamé par les primaires de la droite et du centre de novembre 2016, le Premier ministre, Edouard Philippe, a remis, ce lundi soir, sa démission à Emmanuel Macron qui l’a chargé de composer une nouvelle équipe. La composition du nouveau gouvernement sera rendue publique mercredi avant 18h00, précise la présidence française dans un communiqué. « Conformément à la tradition républicaine au lendemain d’élections législatives, Edouard Philippe, Premier ministre, a remis ce jour la démission du gouvernement au Président de la République, qui l’a acceptée », indique l’Elysée. Ce remaniement qui s’annonçait « technique » a pourtant fait sa première « victime » en la personne de Richard Ferrand.

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