Le président de la République, au sortir d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a réitéré sa volonté de parvenir à un accord « clair » pour alléger le poids de la dette, alors que la Grèce attend fébrilement le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide.
Sous respiration artificielle, l’économie grecque poursuit sa longue et pénible convalescence avec, au menu ce lundi, une réunion de l’Eurogroupe, à savoir l’ensemble des ministres des finances de la zone euro, ainsi que des représentants du Fonds monétaire international. Ordre du jour : la recherche d’un compromis sur un allègement de cette dette, prélude et condition sine qua non au déblocage d’une nouvelle tranche d’aide, indispensable pour panser les plaies d’une économie toujours sur le fil du rasoir, en dépit de moult efforts consentis par les partenaires européens. « Le président de la République a rappelé sa volonté de trouver un accord prochainement pour alléger dans la durée le poids de la dette grecque », a-t-on souligné dans l’entourage du chef de l’Etat, cité par Reuters. Dès lors, quel rôle peut occuper Emmanuel Macron dans la résolution de la crise grecque maintenant qu’il est chef de l’Etat ?
Lui qui émettait de sérieuses réserves sur la stratégie de la France en 2015 – qualifiant même l’accord aux forceps obtenu en juillet de cette même année par François Hollande « de moindre mal » – et qui mettait tout en œuvre, en coulisses, pour s’immiscer dans les discussions avant d’être brutalement renvoyé dans « ses 22 » par son collègue de Bercy et chargé des Finances, Michel Sapin. Selon Le Point qui relate l’anecdote, il a même fallu l’arbitrage et le veto du président de la République d’alors, François Hollande, pour empêcher l’impétueux ministre de l’Economie de s’envoler pour Athènes après le verdict du référendum du 28 juin pour « empêcher la Grèce de sortir de la zone euro ». Avant d’être recadré par le tandem Sapin-Hollande.
Discussions âpres
Loin de cette posture de « pompier de service » de 2015, Emmanuel Macron possède désormais toute latitude et toutes les cartes en main, en 2017, pour œuvrer à la résolution d’une crise qui n’a que trop duré. Même si, et c’est l’évidence même, il ne pourra tout résoudre seul. Surtout que le spectre renaissant d’un « Grexit » est pris au sérieux par pléthore de spécialistes. Pour rappel, Athènes s’est pliée aux doléances de ses créanciers avec la mise en place de nombreuses mesures d’austérité (baisse des pensions de retraite et hausses d’impôts réclamées par les créanciers internationaux) approuvées par le Parlement grec. C’est donc, désormais, cette part du contrat étant rempli, auxdits créanciers de la Grèce de s’entendre sur un allègement de sa dette et le déblocage de nouveaux prêts.
Mais les positions de l’Eurogroupe et du FMI divergent sur la stratégie à adopter, les deux protagonistes du « sauvetage grec » éprouvant toute les peines du monde à s’entendre sur la capacité du pays à faire face à une dette abyssale, soit l’équivalent de 179% du PIB. Ainsi, le Fonds monétaire international refuse de remettre la main au porte-monnaie si « le terrain n’est pas balisé » au préalable, avec en l’occurrence l’adoption de mesures facilitant le remboursement accordé par les européens. Une possibilité écartée ipso facto par Berlin qui ne peut prendre un tel risque à quelques mois d’élections législatives périlleuses pour la coalition en place.
Baptême du feu pour Bruno Le Maire
Mais l’Allemagne estime pour autant que le FMI est indispensable à la poursuite du programme. Mais l’optimisme est de mise, du côté de Bruxelles. Ainsi, un haut responsable européen estime qu’un accord qui satisferait l’institution internationale sur cette épineuse question a une chance sur deux d’être conclu lundi. « Je pense qu’on est très près en réalité d’un accord global », a surenchéri, ce lundi, le commissaire européens aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. « Telle est la feuille de route du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui participe aujourd’hui à l’Eurogroupe à Bruxelles », a-t-on également fait savoir dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Le président de la République suit « le patient grec » de très près. « La politique d’un pays ne peut avoir l’austérité budgétaire comme unique horizon », soulignait celui qui présidait encore aux destinées de Bercy en 2015. Une « prédiction » à laquelle le chef de l’Etat espère désormais tordre le cou.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits