[Article mis à jour le 5 mars 2018 à 12 heures] Les élections générales italiennes de ce dimanche 4 mars n’ont pas réussi à faire émerger une majorité. Le parti populiste et extrémiste La Ligue (ex-Ligue du Nord) a réalisé une percée en remportant 16,7% des suffrages. Allié à Forza Italia, parti de Silvio Berlusconi, la coalition réalise le plus haut score avec 37% des voix. Son adversaire principal, le Mouvement cinq étoiles, remporte 32% des voix.
Les élections générales italiennes avaient lieu ce dimanche 4 mars. 46 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes pour élire un nouveau Parlement (315 des 320 sénateurs, et 630 députés). Après une campagne marquée par l’attaque raciste à Macerata, les populismes se sont affrontés avec d’un côté la coalition menée par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et Forza Italia (Centre droit) de Silvio Berlusconi, et de l’autre, le Mouvement cinq étoiles.
Aucune majorité définie
La Ligue du Nord a pris la tête de la coalition avec 16,7% des voix, devançant Forza Italia. Avec 14% des voix, le parti de Silvio Berlusconi ne pourra pas choisir le président de la coalition. Matteo Salvani, chef de la Ligue du Nord, a reçu les félicitations de Marine Le Pen via un tweet. Les deux autres partis, Fratelli d’Italia et Noi con l’Italia, respectivement nationaliste et de centre-droit attirent un électorat restreint séduit par leurs discours populistes. Fratelli d’Italia a réunit 4% des voix selon les dernières estimations. Si cette coalition se place pour l’instant en tête des élections, elle menace de s’effondrer une fois au Parlement.
Silvio Berlusconi a multiplié les apparitions dans les médias et enchaîné les meetings ces derniers mois. En figure populaire de la politique italienne, l’infatigable politicien perd en popularité au profit de la Ligue du Nord. Sous le coup d’un arrêté judiciaire, Il Cavaliere ne pourra pas être éligible avant 2019, condamné pour fraude fiscale en 2013.
L’adversaire principal de cette coalition, Luigi Di Maio, dirige le Mouvement 5 Etoiles, fondé par l’ancien humoriste Beppe Grillo. Son parti, prend la tête des élections avec 32% des voix. Seule ombre au tableau, la nouvelle loi en vigueur fixe la majorité à 40%. Une coalition doit s’envisager si le parti veut s’inscrire comme leader au Parlement, mais le parti n’a jamais évoqué l’idée d’en construire une.
Quant au Parti Démocrate (centre gauche) de l’ancien Président du Conseil Matteo Renzi, il n’atteint pas les 20%, réalisant un score moitié moins élevé que celui obtenu en 2014.
Une reprise économique qui peine à convaincre
Dans ce contexte, l’ouverture de la Bourse de Milan était particulièrement scruté par les investisseurs. Après avoir ouvert en baisse de 2%, elle s’est brièvement reprise pour osciller autour de -0,92% à mi-séance. Si l’incertitude politique demeure à ce stade, la poussée des deux partis populistes hostiles à l’euro et à l’Union européenne ont enjoint les opérateurs à la plus grande prudence. « Le pays pourrait connaître une période prolongée de blocage politique et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) a de bonnes chances de faire partie du prochain gouvernement », abonde Fabio Balboni, économiste de la banque HSBC. et cité par Reuters. « Le scénario du pire, improbable car le M5S a toujours écarté toute alliance jusqu’à présent, reste possible, à savoir une alliance entre populistes. En effet, la Ligue du Nord et le M5S ont la majorité si les deux partis décidaient de s’entendre. » surenchérit Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BCG. Autre enseignement révélateur de ce scrutin, « l’explosion » des emprunts italiens à 10 ans qui a bondit de plus de six points de base à 2,088% après un pic à 2,128%.
Du « travail en perspective » pour les économistes après une croissance en berne et une dette insoluble. La campagne pour les élections générales italiennes s’est focalisée sur la reprise de la croissance, sans se soucier de la dette du pays, qui représente 132% du PIB italien. Sur le plan européen, seule la dette grecque dépasse ce ratio. Une position peu enviable dont elle ne réussit pas à s’extraire malgré la reprise économique. En 2017, la croissance se chiffre à 1,5%, un résultat allant au-delà des espérances du gouvernement. Une reprise inespérée après la crise de 2008. En 2009, le PIB avait chuté de 5,5%. La Botte repart du bon pied, après avoir tardé à investir dans les réformes bénéfiques à sa croissance. La réforme phare du mandat de Matteo Renzi, le « Jobs Act » a permis à tous les travailleurs de bénéficier d’une assurance chômage. Cette mesure comprenait également la création d’une agence nationale pour l’emploi.
Près d’un jeune sur trois sans emploi
La croissance de 1,5% demeure fragile. L’opinion publique italienne peine à être convaincue par la reprise de la situation économique du pays. Le quotidien des Italiens n’est pas révélateur de la reprise de la croissance entamée en 2014. L’ensemble de la population active est encore fortement touché par le chômage, qui se chiffre à 10,8% début 2018.
32,7% des jeunes de moins de 25 ans sont sans emploi, soit un jeune sur trois en moyenne. Un chômage chronique touche durement cette partie de la population. La fuite des cerveaux italiens représente 200 000 personnes sur ces dix dernières années, une situation préoccupante pour les entreprises. Sur place ne restent alors que les NEET (Not in education, employement or training), soit 20% de jeunes entre 15 et 24 ans, selon une étude réalisée en 2016.
Si la fracture générationnelle se ressent de plus en plus, une autre se creuse encore : les différences de niveaux de vie entre le Nord et le Sud de l’Italie. Symbole de ce déséquilibre, la ville de Naples est passée sous la barre du million d’habitants. La crise n’a fait qu’accentuer la question méridionale en divisant un peu plus l’Italie entre riches et pauvres. Dotée au Nord d’une économie bien portante, les régions situées en dessous de la capitale affolent les compteurs du chômage. La Calabre, région pauvre de l’Italie, affiche un taux de chômage de 60% chez les jeunes. Dans le Mezzogiorno, l’ensemble du Sud de l’Italie, il se chiffre à 20%.
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