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Du Covid-19 à la guerre en Ukraine : l’emballement des crises et des décisions

Ukraine

Le monde connaît depuis deux ans un enchainement de crises sans précédent, d’une rare gravité et d’une profondeur inédite. Alors que la pandémie semble reculer, l’agression de l’Ukraine par la Russie rappelle l’extrême fragilité des équilibres géopolitiques, jetant de nouveau le monde entier dans une tourmente crépusculaire. Ces crises sont d’autant plus profondes qu’elles constituent une parfaite conjecture, croisant les grandes menaces de l’humanité depuis ses origines, à savoir l’épidémie, la guerre et la famine.

 

Or, ces tensions successives bouleversent profondément l’ordre établi, affectant à la fois la confiance et la stabilité, deux conditions fondamentales de la prospérité tant humaine qu’économique, et invitant les acteurs tant politiques qu’économiques à s’adapter.

Au-delà des innombrables tensions et déstabilisation, elles mettent en lumière combien les décisions sont devenues infiniment complexes. Leur inflation, leur multiple visage – sanitaire, migratoire, géopolitique, sécuritaire, environnementale – augmentent le niveau de complexité des décisions que sont amenées à prendre les décideurs tant publics que privés.

Les crises s’inscrivent dans un espace désormais ouvert et fini et se déploient selon un principe systémique générant une cascade de conséquences, pour certains identifiées, pour de nombreuses autres non avérées mais certaines dans leur matérialité et leur réalisation future.

Du côté des entreprises, le conflit armé en Ukraine a ainsi immédiatement apporté son lot de décisions urgentes, amenant de nombreux acteurs économiques à interrompre leurs relations économiques avec la Russie, dans le secteur des énergies au premier chef, dans le domaine de l’industrie automobile, dans le secteur des télécoms, de l’aéronautique.

Enfin, la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les marchés agricoles nous rappellent la dimension géopolitique de l’agriculture. Le blé est une arme géopolitique à part entière. 
Ce faisant , le conflit met à nu de manière vertigineuse les niveaux de dépendance, notamment énergétique et agricole, de nos pays. Ces réactions en chaine quasi immédiates font office de rappel à l’ordre.

D’une part, conséquence de la mondialisation, les économies mondiales sont devenues d’une interdépendance redoutable, par la voie notamment des matières premières et des flux financiers. D’autre part, elles attestent de l’extrême porosité entre politique et économique, l’économie s’invitant dans le politique, l’économie devenant politique. L’augmentation du prix des matières premières, notamment du pétrole, du gaz et des céréales, les sanctions et les innombrables mesures protectionnistes sont autant de nouvelles contraintes qui forcent les entreprises à réviser leur stratégie, leurs priorités et leur feuille de route.

Pour les dirigeants, cette complexité signifie que le temps de la décision « vraie » est révolue. Il faut s’affranchir de l’idéal de la « bonne décision », chaque décision étant porteuse de contradictions, d’une certaine dose d’ « erreur » qui serait annulée, dans le meilleur des cas, par des bénéfices plus importants, plus ou moins avérés.

Ce qui fut longtemps une situation d’exception et en conséquence traitée comme tel – le temps de la crise –  est en passe de devenir une nouvelle forme de normalité. Cette modification profonde de la temporalité et des priorités exige un effort d’adaptation immense de la part des instances de décision, notamment au sein des entreprises.

Ce qui fonctionne en temps ordinaires n’est plus nécessairement adapté en temps exceptionnels, en particulier la recherche permanente de la meilleure décision servant au mieux l’intérêt social. Nous vivons une période tragique, qui sans aucun doute va accélérer les transitions – énergétique, digitale – des entreprises les plus résilientes, la disparition accélérée des entreprises les plus vulnérables.

Un monde nouveau se dessine dont le mot d’ordre sera celui de résilience, synonyme d’une espérance future. 
C’est ce à quoi l’Europe semble s’affairer désormais, en préparant notamment un plan d’autonomie et de résilience économique en réponse à l’onde de chocs du conflit ukrainien. Il est grand temps !

 

<<< À lire également : Guerre en Ukraine : Quelles sanctions n’ont pas encore été prises contre la Russie ?>>>

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