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Droits de douane : François Bayrou table sur un coût de 0,5% de croissance, qu’en est-il vraiment ?

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PARIS, FRANCE - SEPTEMBER 30: Francois Bayrou arrives to attend a church service for former French President Jacques Chirac at Eglise Saint-Sulpice on September 30, 2019 in Paris, France. . The former president of the French Republic, Jacques Chirac, who died at the age of 86, is buried today at the Montparnasse cemetery in Paris. (Photo by Stephane Cardinale - Corbis/Corbis via Getty Images)

Les conséquences sur la croissance devrait être moins importante en France que chez certains de ses voisins en raison d’une économie moins dépendante aux exportations envers les Etats-Unis. 

Une déflagration pour notre économie ? Dans une interview accordée au Parisien samedi dernier, le Premier ministre, François Bayrou a tiré la sonnette d’alarme sur les possibles conséquences de la guerre commerciale lancée par Donald Trump. « La politique de Trump peut nous coûter plus de 0,5 % de produit intérieur brut [PIB] » a-t-il averti. La semaine dernière, le président américain a annoncé la mise en place de droits de douanes de 20% pour les produits en provenance de l’Union européenne. Bruxelles pourrait également répondre. 

Une baisse de 0,5 point de PIB affaiblirait considérablement la croissance française, entraînant une série de conséquences en chaîne. « Le risque de pertes d’emplois est absolument majeur, comme celui d’un ralentissement économique, d’un arrêt des investissements », a estimé le Premier ministre. En partant de la prévision gouvernementale, qui table sur une hausse du PIB de 0,9% en 2025, la croissance s’établirait à un faible 0,4% selon les estimations du Premier ministre. Pire, si les prévisions de croissance de 0,7% de la Banque de France sont retenues – une hypothèse jugée plus plausible par les experts – alors la hausse du PIB serait de seulement 0,2 % en 2025. 

Une économie tricolore moins dépendante que ses voisins 

Mais les chiffres avancés par le Premier ministre sont-ils fiables ? De nombreux experts estiment que pour le moment, les estimations du Premier ministre sont exagérées. Alexandre Scoot de Goldman Sachs estime dans Les Échos que le relèvement des droits de douane va amputer le PIB tricolore de 0,4 point cette année, pour une prévision de croissance de 0,5%. Mathieu Plane, directeur adjoint du département Analyse et prévisions de l’OFCE signale auprès du Monde que «  l’impact pour l’économie française serait deux fois plus faible », que les prévisions du Béarnais. Même son de cloche du côté de l’Insee. « Ça serait plutôt 0,2 ou 0,3 point, si l’on retient un choc de 1 point sur la demande mondiale adressée à la France », indique dans le quotidien du soir Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l’Insee. 


À la fin du mois de mars, la Banque centrale européenne (BCE) évaluait qu’une hausse des droits de douane à 25 % pourrait amputer la croissance de la zone euro de 0,3 point. Et si les Européens répliquaient par des contre-mesures, l’impact grimperait jusqu’à 0,5 point. Soit le chiffre avancé par le Premier ministre. Mais ce taux est une moyenne qui englobe l’ensemble des 27 de l’Union européenne. 

Les conséquences pour la France devraient être moins importantes en raison d’une économie qui repose sur les services, donc moins dépendante des États-Unis que certains de ses voisins. Les exportations tricolores vers l’Oncle Sam représentent 1,5% de son PIB contre 3 % en Italie et 4 % en Allemagne. Soit une exposition au marché américain inférieure d’environ 40% à celle des exportations de l’UE dans son ensemble (2,8% du PIB de l’UE). D’autant qu’il est encore trop tôt pour dire que Donald Trump conservera ses tarifs douaniers et Bruxelles a déjà signalé entamer des négociations. 

Casse-tête pour le gouvernement 

Reste que le ralentissement de la croissance risque de rendre l’équation budgétaire, déjà très complexe, encore plus difficile à résoudre, au point de compromettre les objectifs fixés par le gouvernement. L’exécutif compte ramener le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, lequel s’est envolé à 5,8% en 2024 avec un retour prévu sous les 3% – taux plancher fixé par l’Union européenne – en 2029. Pour le moment, François Bayrou entend toujours tenir cet objectif « mais la crise peut tout changer ».  

La semaine dernière, Eric Lombard avait été le premier à évoquer le risque de ne pas tenir le chemin de la réduction du déficit.

« Dans ces cas-là (où le taux des droits de douane était maintenu, NDLR), probablement les recettes baisseraient, puis le PIB baisserait par rapport à ce qui est prévu, ce qui dégraderait (…) le taux de déficit. Et je pense que dans ces cas-là, pour protéger les Françaises et les Français, il faudrait l’accepter », avait-il expliqué sur BFMTV. 

Reste que Bercy suit l’exécution du Budget avec beaucoup de vigilance, alors que les déficits de 2024 et 2023 se sont avérés beaucoup plus importants que les estimations initiales. 9,1 millions d’euros sur les crédits de 2025 ont déjà été gelés. Un nouveau point d’étape est prévu à Matignon le 15 avril. Des décisions pourraient être annoncées.


Lire aussi : Droits de douane : Emmanuel Macron appelle a stopper les investissements tricolores aux Etats-Unis

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