Des bras de bûcherons dans des costumes de soie. Le Président Macron poursuit son œuvre. Je dois avouer être impressionné par la vision, totalement inattendue. Un parcours que je n’imaginais plus possible en France. Son sentiment semble être que continuer à démotiver la réussite et punir les riches n’enrichit pas les pauvres, et que selon le proverbe chinois « quand le riche mange moins, le pauvre meurt de faim ».
Nous semblons assister à une tentative qui consiste à prouver aux Français, que, plutôt que partager entre pauvres les miettes d’une splendeur passée, nous aurions plus intérêt à créer plus de riches pour élever le niveau social des plus démunis. C’est la fin de la pensée unique qui consistait à décapiter le riche pour que le pauvre se sente moins isolé, et ne souffre plus de la différence, de l’envie, de la jalousie. Mais en France, on ne sait plus qui est ce « riche » ? Le riche en France prend 2 formes principales :
- La grande entreprise. Puissante, omnipotente, dénuée de sentiment, déshumanisée, sans état d’âme. C’est ainsi que nous la percevons. Tout le droit français a été bâti sur le rejet ou la méfiance de cette puissance, dont chacun aime à vanter les succès quand c’est nécessaire (contrats géants), dont chacun aime à collecter les impôts (Etat), toujours, dont chacun aime à saigner la richesse pour assurer son confort et son existence (syndicats patronaux et salariés), dont chacun aime à profiter du système social que leur puissance permet (les salariés). La vision que les Français, toujours paradoxaux, et les journalistes continuent à entretenir à leur égard, a valu à la France une législation normée à un point qui approche de la pathologie, voire la folie, afin de réglementer chacun de ses gestes. Sans réaliser que la surprotection accordée aux uns a simplement tué les autres. Les PME, les TPE, les artisans, les commerçants, nos forces réellement vives. Et pas riches !
- L’héritier. Celui qui « ne mérite » pas. Sans comprendre à quel point il est plus facile d’échouer à reprendre un empire qu’à le développer. Mais l’idée a été véhiculée que l’héritage, chez les riches, ou les bien munis, était un vol. Alors qu’elle serait de droit naturel chez les plus pauvres. Pourquoi ? Aucune idée ! Une jalousie bien humaine alimentée par une culture et une éducation, voire même un héritage religieux qui attribuait le ciel aux pauvres et vouait le riche à l’enfer. Ou d’autres religions qui interdisent les intérêts. Mais en France, le riche n’a pas la cote.
Pourtant personne ne vole ce qu’il possède. Rarement en tous cas. Et bizarrement, c’est souvent ceux qui ont parcours étatique, technocratique et politique, qui n’ont jamais travaillé dans la vie réelle, qui s’approprient, par un processus démocratique de choix, les places dorées de la République, que seule la concurrence devrait attribuer. Les mêmes qui édictent les lois qui « punissent » des riches, qui eux, ont en général mérité ce qu’ils possèdent. L’homme et ses paradoxes ! Encore.
La réalité c’est qu’un pays s’enrichit, à tous les niveaux, quand on laisse se développer l’idée qu’il est plus certain de pouvoir s’élever et élever un pays, en récompensant ceux qui créent la richesse (y compris pour eux), qu’en étouffant ceux qui ont eu l’outrecuidance de la produire. Qu’il est plus urgent de « générer » du riche, que de « produire » du pauvre. Qu’il faut récompenser ceux qui produisent la richesse, car elle finit toujours par irriguer la totalité du système, ce qui a été le cas pendant de nombreuses décennies, partout dans le monde. Jusqu’à récemment en tous cas. Partout où l’on a fait de l’Etat le « répartiteur » et le censeur de la richesse, on a généré de plus en plus de pauvreté, qui l’a obligé à accroître encore la pression fiscale, pour égaliser un peu plus encore, produisant au final le départ des riches et l’augmentation du nombre de pauvres.
Effet de stimulation
C’est la raison pour laquelle Macron ne fait pas une politique pour les riches, mais une politique pour que la France s’enrichisse. Pour que la France change de culture, ce qui servira de fondement à une croissance économique retrouvée. Une France qui aspire à croître et élever, et non plus à couper des têtes et faire des boucs émissaires. C’est bien ce qui fait peur à la gauche et à la droite. Les premiers ont persuadés que le bonheur consistait à créer un pays de pauvres alimentés par les impôts des plus aisés. Les seconds se sont fait complices de cet adage, tout en simulant des mesures faussement libérales.
Comme tout le monde, je jugerai sur pièce, car je ne fais pas partie des « Macron-Béats », mais je dois avouer que je suis sidéré qu’enfin un président de la République essaie une autre voie.
Au final, les riches, ne seront pas forcément plus riches. Ceux dont je parlais plus haut. Cela ne rendra pas plus riches ceux qui ont atteint des sommets patrimoniaux, où le soleil et l’oxygène constituent une bulle, un microclimat qui les rend insensibles à ces petits aléas fiscaux.
En fait, ce sont les français « normaux » qui vont pouvoir devenir riches. C’est un peu comme l’espérance de vie. Elle a toujours été plus forte pour les plus aisés, plus éduqués, plus entourés, au travail moins « physiquement » pénible. Mais elle a finit par s’étendre à la totalité de la population. Nous ne vivons pas beaucoup plus vieux qu’avant, mais nous sommes bien plus nombreux à vivre au delà d’une limite d’âge, que des conditions de vie difficiles interdisaient aux plus démunis.
C’est la même chose pour la richesse. Bâtir les fondements d’une culture de la réussite, et la récompenser, pourrait en une génération changer la France et en faire un champion libéré du sentiment de culpabilité que génère la réussite dans notre pays. Et ce sont les petits, les PME, les artisans, les commerçants, qui travaillent dur et gagnent peu, qui pourront progressivement se libérer et espérer réussir, car la pression mise pour punir le haut arrêtera enfin d’étouffer le bas. Newton a découvert la loi de la gravité, mais nous n’avons toujours pas compris qu’à part l’air chaud, tout ce qui est en haut finit toujours pas être attiré vers le bas. La punition du riche du haut de la pyramide fait toujours plus mal aux couches basses qui lui succèdent immédiatement. En dessous.
Macron pourfendeur du plafond de verre, défenseur du premier de cordée, ce n’est pas de l’élitisme, c’est du réalisme. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un respect de l’échelle des valeurs. Chacun est important, mais il faut toujours, dans tout mouvement, que quelqu’un l’initie pour qu’il existe et se développe. Et pour cela, l’entrepreneur est certainement, et restera, le premier de cordée.
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