Depuis l’annonce du premier cas confirmé de covid-19 sur son sol, le Maroc a mis en place un plan de riposte d’envergure pour lutter contre la propagation du virus et faire face à l’impact économique et social engendré par la crise sanitaire mondiale dans plusieurs secteurs principalement le tourisme ou la restauration.
Placé sous état d’urgence sanitaire, le pays qui a verrouillé ses frontières et instauré le confinement général depuis le 20 mars dernier, se mobilise massivement pour soutenir les populations les plus touchées par le ralentissement de l’activité économique notamment à travers le Fonds spécial COVID-19, Initié par le roi Mohammed VI, qui a levé à date plus de 32 milliards de dirhams (environ 3 milliards d’euros) de dons.
Dans ce contexte, le royaume a mis en place un comité de veille économique (CVE), pour « évaluer et anticiper les répercussions économiques directes et indirectes du Covid-19 ». Face à l’urgence de la situation, le comité a adopté une série de mesures de soutien et d’accompagnement dédiées aux travailleurs et entreprises du secteur privé, mises en difficulté par le ralentissement ou l’arrêt d’activité lié à la pandémie.
Amortir les effets du COVID-19 sur les TPME et salariés affiliés à la CNSS
Suite à sa première réunion qui s’est tenue le 16 mars dernier, le CVE a adopté une série de mesures financières anticipatives visant l’ensemble de la population. Dans un premier temps, le comité a ciblé les TPME et salariés affiliés à la CNSS (La sécurité sociale marocaine), en annonçant la suspension du paiement des charges sociales et la mise en place d’indemnités spécifiques.
Visant à amortir les effets du COVID-19 sur les TPME et salariés affiliés à la CNSS, le CVE a adopté suite à sa première réunion qui s’est tenue le 16 mars dernier, la suspension du paiement des charges sociales et la mise en place d’indemnités spécifiques.
Les salariés affiliés à la CNSS qui se sont retrouvés en arrêt de travail pourront ainsi percevoir une indemnité de 2.000 DH net par mois, financée par le fonds spécial pour la gestion des effets du Coronavirus et ce, pendant la période allant du 15 mars au 30 juin 2020. Ils continueront également à bénéficier des allocations familiales et de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).
Il leur sera également possible, de reporter les échéances des crédits bancaires relatifs aux mois de mars, avril, mai et juin, sans paiement de frais ni de pénalités. Celles-ci seront reportées à la fin du crédit après la dernière échéance prévue.
Les entreprises dont l’activité est maintenue mais qui souffrent des difficultés de trésorerie peuvent quant à elles obtenir de la part des banques, une ligne de crédit supplémentaire garantie par l’Etat.
Le chantier des travailleurs du secteur informel : Un plan en deux temps
Directement impactée par les effets négatifs du confinement sur l’économie, le comité a étudié lors de sa réunion du 23 mars, le cas des salariés du secteur informel, non déclarés à la CNSS qui
représentent une part importante de la population et occupent une place considérable dans le panorama économique marocain.
Par la complexité de la problématique et la difficulté que revêt leur identification précise, le gouvernement marocain a décidé de déployer les efforts en deux étapes. La première phase concerne les ménages opérant dans l’informel et disposant d’une carte « RAMED », un régime d’Assistance Médicale mis en place par le Maroc au profit des populations démunies. Ces derniers peuvent bénéficier d’une aide de subsistance. Pour éviter les rassemblements, le chef de ménage devra simplement envoyer son numéro de carte RAMED par SMS. La distribution des aides financières se fera progressivement à partir du lundi 6 avril.
Deuxième phase de la distribution des allocations concernera les familles non-affiliées au RAMED opérant dans l’informel ayant perdu leurs revenus à cause du confinement. Les mêmes montants leur seront alloués au cours des prochains jours. Une plateforme électronique dédiée au dépôt des déclarations sera prochainement mise en place à cette fin.
Le Maroc jugé apte à surmonter les pressions financières liées au Covid-19
Alors que plusieurs pays ont vu leur note souveraine dégradée, l’agence américaine de notation Fitch Ratings maintient le royaume à la note BBB- avec perspective stable, dans un rapport publié le 16 mars dernier, où elle analyse les risques du Covid-19 sur l’économie marocaine.
Selon l’agence, le royaume dispose de tampons à même de gérer les pressions dues au coronavirus, malgré la sècheresse notamment grâce à la décision récente d’ajuster la flexibilité du régime de change.
Outre le tourisme, les perturbations des chaînes de valeur mondiales « pourraient également affecter l’industrie automobile, qui représente la plus grande part des exportations du Maroc, avec des ventes équivalentes à 6% du PIB en 2017-2019 », prévient l’agence ajoutant que « Le ralentissement de la croissance mondiale pourrait peser sur les autres exportations du Maroc, principalement les phosphates (4,4% du PIB) ».La chute des prix du pétrole devrait quant à lui soulager le déficit des autres secteurs en limitant les importations d’énergie.
Prises ensemble, ces mesures constituent un véritable « Plan Marshall » déployé par le Roi du Maroc, qui dès le début de la crise a appliqué le principe de précaution maximum afin de préserver le Royaume de la pandémie.
Par Najib Benamour, Économiste, Secrétaire Général Exécutif de l’Institut Marocain de l’Intelligence Stratégique
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