Conclusion
Pour construire une représentation cohérente du monde, les élèves mettent en corrélation l’observation de faits naturels ou d’objets construits par l’homme et la mesure directe sur le réel, avec l’expérimentation, la modélisation ou la simulation pour comprendre et agir. La place de l’enseignant dans une telle démarche est autant dans l’apprentissage que dans la projection des élèves dans cette représentation du monde. Par sa connaissance encore plus forte de l’entreprise il renforcera ce denier rôle. Modéliser, c’est procéder par analogie. Quand on ne peut pas avoir accès aux conditions réelles, on invente des situations qui se rapprochent de la réalité pour comprendre.
Dans ce cadre, le numérique apporte des aides pour mieux appréhender certains objets ou phénomènes et pour dépasser certains obstacles rencontrés par les élèves. Comme le précise l’UNESCO dans son rapport[9] « la technologie mobile n’est pas et ne sera jamais la panacée éducative. Mais elle est un outil puissant et encore trop souvent ignoré, un outil parmi d’autres pour l’éducation ».
L’économie des plateformes doit amener toute la communauté enseignante et le monde de l’entreprise à réfléchir ensemble. A peine naissante elle est déjà l’objet d’un raccourci voire d’un sobriquet : l’ubérisation. Les clichés s’installent mais de vrais paradoxes risquent aussi de s’installer (liberté de l’emploi versus éclatement du modèle social).
Le monde enseignant doit apporter des éléments de réflexion aux élèves comme aux opérationnels de l’entreprise. Comme Garrett Hardin[10], chaque enseignant doit chercher à identifier la « tragédie des biens communs » de demain. En 1968, il avait démontré que lorsqu’un bien est partagé entre plusieurs exploitants, plus les exploitants augmentent leurs propres exploitations, plus la capacité de production du bien de base diminue. Qui transposera ce mécanisme dans l’économie des plateformes de demain ? Qui trouvera ensuite la pédagogie pour alerter sur ce risque ? Qui sensibilisera les managers de demain qui devront gérer ce risque et bien d’autres ? Qui construira des moments de manipulation via des interfaces numériques à haute valeur cognitive ? Qui saura recréer une « pédagogie de l’étonnement »[11] et apporter « la Joie à l’école »[12] porteuse de vraies graines pour « la Joie au travail[13]» ? Ceux qui auront su d’abord comprendre, anticiper les mutations industrielles au contact de l’entreprise. L’association Rencontres Entreprises Enseignants (R2E) y travaille. Ses rencontres rendent possible des interactions constructives entre acteurs du monde économique et du monde éducatif afin de permettre la création des outils pédagogiques nécessaires pour relever les défis du 21ème siècle.
Donner aux enseignants la capacité de comprendre et d’anticiper les mutations industrielles c’est leur donner la capacité de se transformer en pont. Leur permettre de créer les outils pédagogiques c’est leur permettre d’inviter les élèves à les franchir.
[1] Poète et philosophe grec auteur du livre « Alexis Zorba ».
[2] Centre d’Etudes et de Recherche sur les Partenariats avec les Entreprises et les Professions
[3] Direction générale de l’enseignement scolaire
[4] Conseil national éducation économie
[5] Ecole Supérieure de l’Education Nationale de l’Enseignent Supérieur et de la Recherche.
[6] Peter Drucker : « La meilleure façon de prédire le futur c’est de le créer ».
[7] Le papyrus de Rhind est un célèbre papyrus conservé au British Museum, acheté en 1858 par Alexander Henry Rhin à Louxor qui a été écrit par le scribe Ahmès. Il aurait été découvert sur le site de la ville de Thèbes. Ahmès indique que son papyrus est, en partie, une copie de résultats plus anciens remontant au Moyen Empire (vers -2000). Le papyrus de Rhind contient 87 problèmes résolus d’arithmétique, d’algèbre, de géométrie et d’arpentage, sur plus de cinq mètres de longueur et trente-deux centimètres de large.
[8] La liberté d’apprendre ?, situation 2, en collaboration avec Marie-Joëlle Dardelin, Paris, Les éditions ouvrières, 1977.
[9] 2013, p 9.
[10] Garrett James Hardin (21 avril 1915 – 14 septembre 2003) écologue américain influent, connu principalement pour son article du 13 décembre 1968 : The Tragedy of the Commons (La Tragédie des biens communs).
[11] Louis Legrand, Pour une pédagogie de l’étonnement, Paris, Delachaux & Niestlé, 1960.
[12] Georges Snyders, La Joie à l’école, Paris, PUF, 1986
[13] Dennis W. Bakke a grandi à Saxon dans l’État de Washington et est diplômé de la University of Puget Sound, de la Harvard Business School et du National War College. Il est l’un des fondateurs d’AES Corporation(1951), où il a tenu la fonction de président et de Directeur Général, de 1994 à 2002. Actuellement, il est président et Directeur Général d’Imagine Schools, une entreprise qui gère des écoles élémentaires et secondaires dans dix États.
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