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Commission européenne : Christos Stylianides nommé représentant spécial de l’UE pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction

Commission européenne
Siège de la Commission européenne à Bruxelles. | Source : Getty Images

La Commission européenne vient de  nommer le Chypriote Christos Stylianides représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction à l’extérieur de l’UE (représentant spécial FoRB).

 

Christos Stylianides possède une expérience significative en matière de gestion de crise. En effet, il a été commissaire européen à l’Aide humanitaire et à la Réaction aux crises de 2014 à 2019. Il a également exercé les fonctions de coordinateur de l’UE pour la lutte contre le virus Ebola. Cette expérience lui sera d’une grande aide à son nouveau poste, puisqu’actuellement, traiter des violations de la liberté de religion ou de conviction à l’extérieur de l’UE signifie gérer des scénarios de crise.

D’après le communiqué de presse de la Commission européenne, le rôle du représentant spécial FoRB sera d’établir « un dialogue avec les autorités nationales et les autres parties prenantes dans les pays où une discrimination fondée sur la religion ou les convictions est en place. Le représentant soutiendra les processus de dialogue interculturel et interreligieux, notamment en encourageant le dialogue entre les représentants des différentes confessions et la mise en œuvre d’initiatives communes. Il mettra en place des mesures visant à la déradicalisation et à la prévention de l’extrémisme fondé sur la religion ou les convictions dans les pays tiers. En coopération avec les autorités des pays tiers, il favorisera la diversité religieuse et la tolérance dans le cadre de programmes et de cursus éducatifs. »

Le mandat de représentant spécial FoRB est relativement récent. Il a été créé par la résolution en date du 4 février 2016 du Parlement européen sur le massacre systématique des minorités religieuses par le soi-disant groupe « EIIL/Daech » (2015/2529 (RSP)). La première nomination d’un représentant spécial FoRB a eu lieu en mai 2016. À cette époque, le mandat du représentant ne durait qu’un an, avec la possibilité d’être renouvelé. Il s’agissait alors du premier mandat de ce type à l’échelle européenne et internationale.

Toutefois, ces dernières années, il est devenu très clair que le mandat de représentant spécial FoRB devait être renforcé pour optimiser le rôle même du représentant. À cet égard, dans son rapport de 2017, l’intergroupe du Parlement européen « Liberté de religion ou de Croyance et Tolérance religieuse » a appelé à renforcer le mandat du représentant spécial. Le rapport indique qu’en l’état, « la position formelle du représentant spécial est faible. Ce n’est pas une activité à plein temps et elle dispose de ressources limitées. » Dans son rapport sur les orientations de l’UE et le mandat du représentant spécial de l’UE pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction à l’extérieur de l’UE (2018/2155 (INI)), le rapporteur de la Commission des affaires étrangères, Andrzej Grzyb, recommande au Conseil et à la Commission européenne d’examiner « la possibilité d’un mandat pluriannuel soumis à un examen annuel. » Ces recommandations n’ont pas encore été adoptées.

Le poste de représentant spécial FoRB est resté vacant pendant près de deux ans. La nomination de Christos Stylianides est la preuve que la Commission européenne continue de reconnaître l’importance de s’engager en faveur de la liberté de religion ou de conviction à l’échelle internationale.

À quoi doit s’attendre le nouveau représentant spécial FoRB en prenant ses fonctions ? Une chose est sûre, son mandat ne sera pas de tout repos. Un simple coup d’œil aux atrocités les plus flagrantes, dont beaucoup pourraient être qualifiées juridiquement de génocide ou de crime contre l’humanité, permet de confirmer qu’il existe plusieurs situations nécessitant une attention urgente.

Bien que l’actualité se fasse rare autour de Daech ces derniers temps, l’organisation compte encore plus de 10 000 membres actifs en Syrie et en Irak. Les combattants de Daech ont tiré parti de la pandémie pour consolider leur organisation et ils constituent une nouvelle menace pour certaines communautés religieuses comme les yézidis et les chrétiens. En outre, les communautés autrefois ciblées par Daech ont toujours un besoin urgent d’assistance, sans parler d’un soutien psychologique. Ces communautés n’ont toujours pas obtenu justice.

En Birmanie, alors que l’attention de la communauté internationale se porte sur le coup d’État, les musulmans Rohingyas, autrefois pris pour cible par l’armée birmane, sont de nouveau menacés : leur bourreau dirige désormais le pays. Malgré l’ordonnance du 23 janvier 2020 de la Cour internationale de Justice et l’ouverture d’une enquête en 2019 par la Cour pénale internationale, les atrocités commises à l’encontre des Rohingyas n’ont toujours pas cessé. Par ailleurs, d’autres minorités religieuses en Birmanie sont confrontées à des situations dramatiques qui continuent d’être occultées par la situation générale.

En Chine, les atrocités commises à l’encontre des Ouïghours constituent, selon de nombreux experts juridiques, un génocide. Des milliers d’Ouïghours sont détenus, endoctrinés de force et soumis à la torture, à des traitements inhumains et dégradants, à des viols et des violences sexuelles, à des avortements et des stérilisations forcés, à la soustraction d’enfants et à bien d’autres atrocités encore. Pékin nie toutes ces accusations.

Au Nigeria, Boko Haram et les milices Fulanis déchirent le pays en tuant tous ceux qui s’opposent à leur idéologie destructrice, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. En Corée du Nord, être chrétien équivaut à une condamnation à mort. En Éthiopie, les chrétiens orthodoxes ont été la cible d’attaques meurtrières. Des églises ont été le théâtre de massacres, avec des centaines de morts et des charniers remplis de corps.

Les exemples ne manquent donc pas, et cela sans même mentionner les violations du droit à la liberté de religion ou de conviction autres que les crimes internationaux évoqués ci-dessus, qu’il s’agisse d’actes de violence fondés sur la religion ou la conviction, d’actes de harcèlement, de marginalisation ou de discrimination.

Si le représentant spécial FoRB, Christos Stylianides, aura beaucoup à faire, sa grande expérience en matière de gestion de crises sera un atout majeur qui pourra faire la différence.

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Dr Ewelina U. Ochab

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