Le président de la République a multiplié les leurres pour surprendre LR.
C’est le gros coup du remaniement, qui affole les politiques comme le monde de la culture. Rachida Dati est la nouvelle ministre de la Culture du tout frais premier gouvernement Attal. Une énorme prise de guerre de Macron, qui frappe fort LR.
Mais pour parvenir à attirer une telle pointure dans ses filets, Emmanuel Macron devait empêcher toute interférence. La moindre fuite risquait d’entraîner une levée de boucliers dans les milieux culturels réputés proches de la gauche, et faire capoter l’opération. Très vite, le secret autour de ce ralliement spectaculaire devint donc la règle. Selon les informations de Forbes France, des leurres ont été envoyés par l’Elysée puis par d’autre figures macronistes telles que Sébastien Lecornu qui, se croyant pressenti pour Matignon, a commencé à contacter certains de ses anciens amis de feu l’UMP pour les « tester ».
Comme ce nuage de rumeurs ne suffisait pas à brouiller les pistes, le chef de l’Etat a demandé à son nouveau Premier ministre de « rassurer » le patron des LR, Eric Ciotti. Or, Gabriel Attal a, dans sa manche, la courroie de transmission idéale, à savoir son chef de cabinet Maxime Cordier, ex-militant UMP, qui est entré derechef en contact avec le député de la Côte d’Azur. A la veille de la nomination de Rachida Dati, le Premier ministre a fini par parler directement avec le patron de LR pour lui assurer qu’« il n’y aura aucun débauchage chez LR lors de ce remaniement ». Ciotti, dégouté, veut désormais exclure Dati de LR.
Voilà comment l’ensemble du petit monde politique et médiatique a été pris par surprise lors de la nomination de la maire du 7e arrondissement de Paris… Tout le microcosme sauf Rachida Dati elle-même, comme elle l’a d’ailleurs confessé dans un sourire lourd de sous-entendus, lors de la passation de pouvoir avec la ministre sortante, Rima Abdul-Malak.
Objectif Paris
Pour Emmanuel Macron, l’un des objectifs principaux du remaniement gouvernemental que l’on vient de vivre, voire LE principal, était d’asséner un coup décisif au parti Les Républicains avant les élections européennes. Réussir une telle opération supposait un débauchage significatif, donc celui d’une authentique tête d’affiche de LR. Peu à peu, le nom de Rachida Dati est apparu au chef de l’Etat comme une évidence. L’ancienne ministre de la Justice, outre sa qualité d’icône de la sarkozie, est la chef de file des LR à Paris, probable candidate du parti de droite dans la capitale aux municipales de 2026, et aussi une sniper, la figure que LR envoie sur tous les plateaux télé lorsqu’il s’agit de ferrailler contre les macronistes. En récupérant Rachida Dati – qui n’a jamais manqué de dire tout le mal qu’elle pensait de Marcon et de Renaissance -, le président de la République recrute une femme issue de la diversité, ce dont son camp manque cruellement. Et enfonce encore un peu plus LR en neutralisant une adversaire redoutable sur le champ de bataille médiatique. Selon nos confères du Monde, Macron a promis à Dati, en échange de ce poste, de ne pas présenter de candidat macroniste aux municipales parisiennes de 2026 : c’est Dati qui sera la représentante du camp présidentiel. En attendant un prochain coup de Trafalgar ?
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