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Le Programme Du FN Tombe A L’Eau Avec 9% De Diminution De La Richesse Nationale

Et 500 000 emplois en moins. Une augmentation du chômage viendrait en surplus de la décroissance annoncée. Enfin, un think tank sérieux, l’Institut Montaigne, a évalué et dévoilé les conséquences d’une sortie de la France de la zone Euro. Cataclysme assuré.

 

Aux vues de la ténacité du score de Marine Le Pen (27% – sondage Elabe BFM TV) dans les sondages par rapport à ses concurrents, beaucoup de français souhaitent ce retour en arrière : le franc et la sortie de l’Union Européenne, sur référendum. Mais le rêve de bon nombre de ces électeurs risque fort de virer au cauchemar une fois les mesures appliquées.

 

L’Institut a écrit trois scénarios, du plus soft au plus néfaste. Tous entraînent, en tout cas, la diminution du PIB et des pertes d’emplois, à court et moyen terme. Trois effets expliquent le désastre économique dans lequel la France plongerait.

 

En un, la hausse des taux d’intérêts. Elle serait mécanique. La sortie de l’Euro, ce serait un vrai risque, personne ne l’a jamais fait avant. La France, en prenant ce risque, seule, ne rassurerait pas les marchés. Et le prix du risque, c’est justement le taux d’intérêt qui augmenterait. Les établissements financiers feraient payer ce risque aux français.

L’argent emprunté serait plus cher, à la fois pour l’Etat ; mais aussi pour les ménages. Pas de soutien pour la consommation et à l’investissement, mauvais point pour la croissance.

 

Surtout, nos créanciers, étrangers, feraient la tête. Remboursés en Francs au lieu d’Euros, ce n’est pas la pratique du secteur et cela provoquerait procès, pénalités et blocage du marché interbancaire. Sans financement bancaire des marchés financiers internationaux, on s’en remettrait à la Banque de France et c’est la remise en marche de la planche à billets. L’institut monétaire financerait les banques françaises, qui devraient supporter par conséquent le risque énorme de créances douteuses. A coup sûr, le secteur bancaire serait plus isolé et moins fort que maintenant, encore une source de croissance en moins.

 

En deux, une monnaie dépréciée de 20%.

Une dépréciation car la France ne serait pas vue, sur les marchés, comme une économie forte. Car elle présente une dette financière nette : on lui prête plus d’argent qu’elle n’en prête à des investisseurs étrangers.

La baisse de la valeur de la monnaie peut avoir un impact à court terme positif, dans un pays qui exporte. Et c’est précisément dessus que s’appuie Marine Le Pen pour défendre le Frexit, en prenant en exemple le Brexit et la dévaluation de la livre. Nos exportations seraient moins chères, plus attractives. Mais ça, ça marche tant qu’il y a des accords commerciaux favorables au commerce extérieur, tant que les barrières douanières ne sont pas recrées. Ce n’est pas un effet pérenne.

 

Et surtout, le mécanisme fonctionne pour un pays qui exporte. Manque de chance pour la France. Si elle excelle dans trois secteurs (le luxe, le tourisme et l’armement), c’est tout ce qu’elle exporte. Notre offre se réduit à trois ou quatre entreprises, merci LVMH, le Club Med ou Accor et Dassault. Et notre déficit commercial d’afficher un score cette année encore très élevé : plus de 45 milliards d’euros de déficit.

 

A contrario, le prix des produits importés monterait.

Et c’est exactement ce qui se passe au Royaume-Uni avec une inflation au plus haut depuis deux ans. A rajouter dessus la taxe sur les produits importés de 3%. Une dépréciation n’est donc pas l’ami du pouvoir d’achat.

 

Avec une nouvelle monnaie, le Franc, dépréciée par rapport à l’Euro, ce sont des actifs exprimés dans cette monnaie qui perdent de leur valeur. Les placements financiers, notamment, l’épargne que nous avons si abondante. Celle des plus riches ne fera pas de vieux os dans les coffres des banques françaises. Eux trouveront les conseils pour déplacer leur argent à l’étranger. Pour les classes moyennes, ce sera plus difficile.

La dépréciation du taux de change aurait donc un effet à double tranchant : hausse des prix et perte de valeur de l’épargne.

 

Enfin, en trois, la baisse des échanges avec les autres économies s’accompagnerait d’une baisse de productivité, une baisse de l’innovation, d’échanges des nouvelles pratiques. La concurrence internationale est un atout : elle permet la compétition sur le produit, la qualité, le prix. Elle sert l’innovation. Sans stimulation, on craint un déclassement progressif du capital, à la fois technique et humain. C’est notamment grâce à la mondialisation de la recherche médicale que nous avons beaucoup gagné en espérance de vie depuis 25 ans.

 

Le programme économique de Marine Le Pen prône un Etat fort, qui redistribue les richesses. Ce n’est finalement pas éloigné des promesses de Père-Noël de Jean-Luc Mélenchon et même de Benoit Hamon. Sauf que, l’écosystème ne serait pas favorable à la création de richesses. Le chiffrage de l’Institut Montaigne en atteste. Comment redistribuer de l’argent qu’on ne crée pas ?

 

Au final, une baisse drastique de la production de richesses. Une décroissance de 2% la première année, puis de 9% à long terme. Et des classes moyennes et populaires qui seraient touchées les premières.

 

Ce qu’il faut réaliser, c’est que la monnaie ne rend plus une économie forte ou souveraine. Cette vérité n’est plus d’actualité et ne le sera plus. Tout se joue du côté de la politique économique, compétitive et attractive, à budget équilibré. La compétitivité ne se joue plus sur la monnaie, mais sur les facteurs de production. La souveraineté sans crédibilité, ça ne marche pas.

Tout dépend de l’offre qu’on va proposer, de ce qu’on va produire, c’est ce qui est déterminant. Les allemands ont une offre, ils produisent du haut de gamme. La première priorité pour la France, c’est de reconstituer une offre. C’est un long débat.

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