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Comment décoder les jeux politiques droite-gauche

Droite-gauche, un clivage contesté par la non participation et l'abstention ?
La décision politique appartient-elle réellement aux électeurs ?

Guide ultime pour comprendre le spectre des idéologies de pouvoir droite-gauche

Ce texte est destiné aux incompris de la vie politique. Je vous propose de plonger au cœur des idéologies, de la comédie des pouvoirs et d’explorer ce panorama en constante évolution animé par des champions de l’égarement. La réalité du monde ne change pas, mais ce qui en est dit provoque de tels chahuts que la vie en société peut s’assombrir et faire perdre le sens de la vie à de simples passagers de l’existence.

 

Pour comprendre les discours politiques

La classification politique française est souvent perçue comme universelle, avec des catégories telles que la droite, la gauche, l’extrême droite, l’extrême gauche, et le centre. Il existe aussi des nuances comme une droite modérée, un centre droit et un centre gauche. Cependant, pour se positionner politiquement, cela peut nécessiter de comprendre ce qui distingue les positionnements, bien au-delà des noms de partis. 

C’est parce que je fais le constat que nombre de jeunes se font baratiner par des acteurs politiques parfois très ignares, mais très péremptoires et convaincants, jouant de formules façonnées à dessein, que je me suis lancé le défi de produire une initiation à la pensée politique. La densité du texte m’est apparue difficilement contournable. La neutralité en politique n’existe pas. Une simplification de certaines nuances politiques aurait ouvert des ambiguïtés préjudiciables. Par exemple, ne pas souligner les héritages de la féodalité, encore persistants, ou les fascinations exercées par le capitalisme, ne sauraient être bénéfique à la compréhension de l’organisation. Alors, à vous lecteurs, je lance le défi d’y voir plus clair !

Les noms des partis ne sont plus des indicateurs clairs

Classer les partis politiques par leurs noms ne clarifie rien. Les synonymes vont de ce qui fait une union à ce qui fait rassemblement, ce qui fait alliance à ce qui fait ensemble. Par exemple, tout ce qui est socialiste n’est pas de gauche, tel le national socialisme. En effet, le nazisme qui est une idéologie fondée sur l’exclusion, la discrimination et la dictature, et donc se catégorise à l’extrême droite, avec le fascisme. Par ailleurs, tout ce qui est pour la protection de l’environnement et l’écologie, qui est apparu dans des mouvements de gauche, peut désormais être inscrit dans des promesses électorales de certains partis politiques de droite. Donc, passons cette possibilité d’identification nominale pour comprendre la vie politique.

Quand la gauche était sinistre, la droite était glorifiée

Pour se repérer dans la jungle des idéologies politiques, vous devez revenir aux origines des concepts de droite et de gauche. La source est dans l’Histoire de France, lors de la période troublée où les uns et les autres prenaient place auprès des représentants conservateurs du régime royaliste. Symboliquement, la droite avait une préférence, en raison de ce que représente la notion “Dextera Domini” – la droite de Dieu – senestre étant la gauche, dans les monothéismes issus du judaïsme : être à droite est le bénéfice d’une place d’honneur. La tradition chrétienne impose une lecture relative à l’autorité divine en la transmettant au roi.

Ainsi, à la droite est associée la fidélité par rapport à l’autorité divine et par extension, au roi et à ses représentants ; tandis que la gauche est vue comme une contestation des pouvoirs traditionnels. Le clivage s’est propagé après la chute de Bonaparte. L’esprit analogique a conduit à une stabilisation des associations d’idées. Depuis, la droite est associée au conservatisme, avec la préservation des systèmes d’autorité en place ; la gauche est vue comme progressiste, recherchant des changements visant à donner du pouvoir à ceux qui n’en n’ont pas.

Les glissements de droite et de gauche par le centre

Il s’avère qu’il peut y avoir des nuances et les tendances centristes ont un peu complexifié ce paysage dualiste pour faire entrer à droite quelques tendances progressistes – les lois sur l’avortement n’ont pas toutes été adoptées par des majorités de gauche, la protection sociale a progressé sous des gouvernements de droite, la protection des consommateurs aussi. Des représentants de gauche ont privatisé des entreprises publiques…

La clarification des positionnements par les extrêmes politiques

Des tendances générales peuvent être identifiées dans le paysage politique. Toutefois, il convient de constater qu’elles entraînent des glissements idéologiques qui ont en commun des renforcements autoritaires jusqu’à des dictatures les plus criminelles.

C’est ainsi qu’un classement s’est élaboré, avec des associations d’idées très évocatrices.

  • La droite est traditionnellement porteuse des idées favorables aux personnes détenant traditionnellement les pouvoirs politiques, judiciaires et économiques ; 
  • La gauche est associée aux revendications des personnes ayant peu de pouvoir. 

L’enseignement politique et la standardisation des modèles de pensée

Les mêmes conceptions promotrices de considérations et de fictions politiques, sociales et économiques participent des contenus : nul n’est censé ignorer la loi, les exigences de la bonne gouvernance, les outils de prise de décision, les lois économiques, les outils statistiques, les classifications sociologiques. L’évolution des rapports entre les représentants politiques a conduit à considérer cette dichotomie comme très limitée. La réalité est plus aussi tranchée qu’elle a pu être, c’est en raison principalement des formations communes des représentants politiques qui, en quelques générations, sont majoritairement sortis des mêmes écoles (Institut d’études politiques, écoles d’administration et de gestion, etc…).

Tableau comparatif des caractéristiques idéologiques

L’éloignement temporel de la culture royaliste est sans doute pour beaucoup dans les confusions entre les représentations droite-gauche. L’annonce de l’abandon de cette terminologie peut bien être probable. En attendant, même si les idéologies politiques contemporaines peuvent paraître complexes, le tableau suivant permet d’y voir assez clair :

A droite

préservation des traditions, la conservation des droits et des obligations, la hiérarchie, la nation, tout cet héritage du féodalisme et des cultures ancestrales, les traditions religieuses, la tradition familiale, les limites de l’exercice de la liberté d’expression, l’élitisme, la mise en place de système de contrôle et de répression, la politique sécuritaire, l’exercice de la liberté de profiter d’autrui pour réaliser des profits, ce qui va avec le système d’accumulation des richesses par un petit nombre d’individus, le capitalisme. 

A l’extrême droite

système autoritaire fondé sur des approches binaires favorables à des exclusions et des discriminations sur un modèle d’adversité et d’affrontement « nous contre eux pour nous protéger » ; héritage féodal placé comme référence territoriale pour en affirmer une représentation identitaire et nationaliste ; pouvoir concentré entre les mains d’un groupe ou d’un individu avec peu de place pour la dissidence ; pratiques qui marginalisent ou excluent des groupes en fonction de critères comme l’origine, la nationalité, la religion, les opinions ou l’orientation sexuelle. L’extrême droite utilise des approches émotionnelles populistes et se propage dans les périodes de crise sociale, pour accéder au pouvoir en masquant (depuis la fin du 20ème siècle) les principes fascistes et nazis qui en sont les points communs. De ce fait, les dictatures religieuses ou les monarchies absolues peuvent être assimilées à des régimes d’extrême droite.

A gauche

l’évolution des droits et des obligations, l’égalité, l’adaptation à l’évolution de la notion de famille, l’exercice de la liberté d’expression, le droit à l’insoumission, l’incitation à l’instruction, la solidarité, la protection de la santé des travailleurs, l’évolution des droits de représentation des citoyens et des travailleurs, la solidarité internationale. 

A l’extrême gauche

système autoritaire fondé sur une nomenclature des citoyens, ce qui peut paraître paradoxal, considérant que le prolétariat doit être représenté pour exercer une dictature afin d’instaurer une société sans classes. La création de richesse est contrôlée par les autorités centrales qui s’attribuent la responsabilité de la redistribution des ressources. Elle est liée à des mobilisations de revendication dans les organisations industrielles où les rémunérations sont excessivement basses. Des systèmes dictatoriaux ont vu le jour dans le creuset de l’extrême gauche, avec la révolution russe qui a débouché sur le soviétisme, le léninisme, le stalinisme, le trotskisme, ou encore en Chine avec le maoïsme, ainsi que bien d’autres applications extrémistes. 

En dehors

des recherches idéologiques prônent l’abolition de toutes les formes de domination et de hiérarchie, y compris l’État, le capitalisme, le patriarcat, et toutes sortes de discriminations. Elles privilégient l’apprentissage et les compétences sur l’autorité imposée par des fonctions officielles. Leurs objectifs incluent la création d’une société basée sur l’éducation, le respect de la diversité, la solidarité, l’autogestion, le mutualisme et la coopération volontaire. On retrouve ces idées sous divers noms tels que anarchisme, libertarisme, utilitarisme, et minarchisme.

Cependant, la mise en place rapide d’une société sans autorité de fonction est un défi, ce qui explique la diversité des méthodes de contestation, allant de la propagande à l’action directe. Une telle société nécessite un effort éducatif important, axé sur la compréhension des dynamiques individuelles, de la pensée critique et des comportements sociaux.

Les concepts économiques ont suppléé les déficiences des principes religieux

Après les systèmes surgis de l’organisation des bandes, les interprétations religieuses ont apporté une justification à ces organisations considérées comme légitimes, puisque manifestement naturelles ; elles ont forgé la représentation des traditions. Cette progression culturelle a forgé une légitimité qui, à défaut d’être rationnelle, peut être rassurante pour ceux qui se réfugient dans l’émotionnalité pour se rassurer. A cette époque des autorités religieuses, le modèle était justifié par les principes naturels considérés comme de source divine.

L’émergence de l’usage de la rationalité 

L’organisation par les autorités religieuses ne répondant plus à l’évolution de la pensée et de la conscience humaine, un autre règle est apparue, celle de la production et avec elle celle des rapports financiers. Avec l’avènement de la Révolution industrielle et des Lumières, les principes religieux ont commencé à perdre leur emprise exclusive sur la société. En peu de temps, l’économie s’est imposée. Elle a introduit des éléments chiffrés pour tout évaluer. Elle a établi une boucle avec les anciennes conceptions “ Tout est nombre” affirmait Pythagore et, après la chute de la royauté, le modèle spécifiquement économique s’est progressivement imposé. Il est devenu un élément central dans les interactions entre les acteurs politiques, ce qui conduit les dirigeants à considérer les principes de gestion comme essentiels dans l’élaboration de leurs priorités politiques. Par exemple, les concepts de « rentabilité » et de « retour sur investissement » sont désormais appliqués aux programmes gouvernementaux, qu’ils soient de droite ou de gauche, jusque dans les extrêmes. Face à la crédulité encore très répandue, l’imbrication s’est faite entre le modèle religieux et le modèle spéculatif. Le lien était assez évident, puisque le modèle religieux était déjà associé à une démarche similaire de relation avec les puissants. Ainsi, le capitalisme en tant que tel est issu de la continuité du modèle féodal, combiné au religieux, et s’inscrit donc dans une conception de la droite politique. 

La propagation du capitalisme sur la planète 

La nuance introduite par la notion de capitalisme d’Etat, concernant les systèmes initialement inspirés du communisme, a créé une confusion. En effet, dans ces pays de l’Est, en l’occurrence à l’époque de l’URSS, une classe politique et économique, la nomenklatura, s’est progressivement mise en place. D’abord privilégiée, elle s’est appropriée des ressources sans les répartir comme prévu dans le modèle communiste d’origine. Un capitalisme de même nature que celui des pays occidentaux s’est développé et s’est démasqué lors de l’effondrement de l’URSS. 

De même, en Chine, le modèle a aussi évolué vers un capitalisme dont la rentabilité profite à ses gestionnaires. Tandis que la constitution affirme « un État socialiste de dictature démocratique populaire, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans », la réalité est que les bénéfices réalisées par les entreprises profitent à leurs administrateurs.

Dans le monde, la dominance des concepts économiques a conduit à des inégalités croissantes. Le Fond Monétaire International fait le constat qu’une petite fraction de la population mondiale détient une majorité des richesses et est responsable d’une grande partie des émissions mondiales de carbone. : “quelque 10 % de la population mondiale possèdent 76 % de la richesse, perçoivent 52 % des revenus et sont à l’origine de 48 % des émissions mondiales de carbone, tandis que la moitié la plus pauvre de la population en perçoit seulement 8,5 %.” (source : Fond Monétaire International – mars 2022).

A l’international, l’idéologie du profit a pris le pas sur la solidarité

Pour ce qui est de la notion de l’internationalisme qui pourrait être un aspect spécifique de la gauche, la couverture économique mondiale façonne elle aussi une approche internationale. Pourtant, la différence entre la droite et la gauche est nette, puisque le principe de la droite reste celui de l’appropriation et de l’accumulation des richesses par quelques-uns, tandis que le discours de la gauche est de professer un partage important des richesses produites. Néanmoins, les promoteurs des idéologies de gauche n’ont guère résisté à l’influence des principes gestionnaires. Si certains d’entre eux étaient fermement porteurs d’un nouvel idéal social, les enseignements dispensés dans les écoles supérieures ont inculqué les justifications des recherches de rentabilité, le bien-fondé des retours sur investissements, et donc des profits déclarés légitimes. 

Du modèle de chef de bande à l’idéologie de la hiérarchisation

Il apparaît qu’il existe une évolution des modèles sociétaux. Un peu partout sur la planète, le principe a été l’organisation en bandes humaines (hordes, groupes, armées), avec l’appropriation brutale des ressources, puis des espaces territoriaux. Des chefs de bande se sont transformés en seigneurs, en roi et en empereur. Ainsi, l’affirmation de la propriété territoriale est devenue un espace avec des frontières et, avec des incitations et des obligations de sédentarisation, une revendication identitaire localisée. Les chefs de bande se sont fait représentés par des vassaux et ont assuré leur confort en taxant les productions de ceux qui travaillaient de gré ou de force les terres appropriées. Simultanément ou parfois de façon progressive, des représentations culturelles se sont élaborées pour répondre aux questionnements issus de l’évolution de la pensée humaine, en quête de sens quant à l’existence. Une coopération de pouvoir s’est tissée entre ceux qui exerçaient un pouvoir d’appropriation des biens et des ressources et ceux qui s’affirmaient sur le champ de la relation aux sens de l’existence. Ainsi, des formes religieuses se sont élaborées, ajustées, confrontées, et parfois stabilisées pendant des périodes plus ou moins longues. Elles ont été mêlées au pouvoir des seigneurs pour leur donner une justification spirituelle, ce qui a conduit les “rois et empereurs” à revendiquer une légitimité divine afin de sécuriser leur domination. Le régime politique est devenu royal ou impérial, mais en réalité, il reposait toujours sur le modèle initial d’appropriation territorial et d’assujettissement des personnes sur les territoires concernés.

Sur le territoire qui a été nommé France, après de multiples tentatives, le renversement du système féodal s’est fait lors de la révolution française. Après une période à multiples rebondissements, des aller-retour de régimes et de violences, une conception nouvelle a vu le jour. Cette conception avait pourtant connu quelques tentatives au cours des siècles, mais le contexte n’était pas le même, notamment concernant la connaissance géographique et des peuplements voisins et sur la planète. Ces lacunes compromettent le développement des modèles démocratiques et républicains qui avaient déjà été imaginés. 

L’évolution est lente, mais orientée vers plus de solidarité et l’entente

En conclusion de cette introduction, l’émergence d’un système participatif peut paraître l’avenir de l’humanité. Cependant, des formes nouvelles de féodalité tendent à se mettre en place face aux fragilités des conceptions prônant une juste répartition des ressources. Le rapport à la quête de bénéfices sans limites de certaines personnes qui prennent la tête des initiatives favorise le modèle capitaliste. On pourrait croire que ce système est le plus adapté à une bonne gestion de la vie en société. Mais il est la cause de nombreuses situations catastrophiques, de spéculations contraires à toutes conceptions éthiques, avec des impacts préjudiciables notamment sur la santé, l’environnement, l’émergence de communautarisme guerrier, la qualité des enseignements et la qualité de vie en société. C’est donc avec confiance que l’on peut chercher à promouvoir une conception nouvelle de la vie en société, fondée sur l’entente plutôt que de la gestion des adversités, empruntant ainsi une autre voie que celle tracée par l’héritage féodal. La nouveauté de cette conception repose sur une aspiration commune qui passe par le constat que le manque de savoir-faire relationnel et le manque de conscience participent fortement aux échecs, c’est donc une mission importante d’instruction dans ces domaines qu’il convient de donner la priorité, avec toutes les implications éthiques sur lesquelles peut reposer un programme d’ambition mondiale.

A suivre avec ce podcast : 

L’entente et l’entente sociale, un nouveau paradigme ?

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