La directrice du FMI est montée au front contre ceux qui, en France, plaident pour une sortie de la zone euro qui ouvrirait « une grande période d’incertitude », visant, sans la nommer, la candidate du Front national Marine Le Pen.
Peu encline aux déclarations fracassantes ou à l’emporte-pièce, Christine Lagarde tire néanmoins la sonnette d’alarme contre le projet « mortifère » d’une sortie de la France de la zone euro poussée par « certains candidats », selon ses propres termes. Dans son « viseur implicite », la candidate du Front national, Marine Le Pen. « Les élections françaises joueront un rôle déterminant, quelle qu’en soit l’issue, parce qu’on aboutit soit à un renforcement possible du rôle franco-allemand, soit à une hypothèse lourde de conséquences non seulement pour la France, mais pour toute l’Union européenne », souligne l’ancienne ministre de l’économie française.
Et la directrice du Fonds monétaire international, dans les colonnes du Parisien, de soulever les risques encourus en cas d’exécution du projet de la présidente du Front national, si cette dernière venait à accéder aux plus hautes fonctions. « Ce scénario ouvrirait, à court terme, une période de très grave incertitude, de grand déséquilibre et d’appauvrissement de la France », appuie Christine Lagarde. Cassandre pour les uns, pragmatique pour les autres, l’ancienne locataire de Bercy – soumise au devoir de réserve – ne cite pas spécifiquement, comme évoqué en préambule, Marine Le Pen, mais s’attaque en creux à son projet.
Marine Le Pen / Mélenchon, même combat ?
Mais la présidente frontiste, longtemps partisane d’une sortie pure et simple de la monnaie unique semble avoir quelque peu nuancé sa position. En effet, au sein des 144 engagements de son projet présidentiel, la « fin de l’euro » n’est plus aussi clairement affirmé que par le passé, la candidate à l’élection présidentielle évoquant davantage « un retour à la souveraineté monétaire et la création d’une monnaie nationale », laissant planer le spectre d’une cohabitation entre deux monnaies, l’une dévolue aux Français et l’autre uniquement échangée entre l’Etat et les grandes entreprises. Selon moult analystes, une sortie de l’euro est estimée à 30 milliards d’euros d’intérêts supplémentaires par an.
Une position difficile à saisir en l’état même si Marine Le Pen n’a pas l’apanage de la défiance vis-à-vis des institutions européennes. En la matière, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont également des arguments à faire valoir. Ainsi, le cofondateur du Parti de gauche à défaut de se prévaloir de l’étiquette de « candidat de la sortie de l’euro » revêt plus volontiers les habits de « candidat de la sortie des traités européens ».
Et les mots de l’ancien sénateur socialiste laissent peu de place au doute concernant son aversion pour les tenants de l’Europe et de ses institutions. « L’Europe de nos rêves est morte. C’est seulement un marché unique et les peuples sont soumis à la dictature des banques et de la finance. Comment stopper ce cauchemar ? ». Fin de citation.
Un « parlement de la zone euro » pour Hamon
La position de Benoît Hamon est néanmoins plus « subtile », du moins sur la forme, mais résolument peu lisible sur le fond. Le vainqueur de la primaire à gauche souhaite parvenir à un moratoire sur le pacte de stabilité et de croissance qui fixe les règles budgétaires des membres de l’euro. Il souhaite également la mise en place d’un parlement de la zone euro. « Il faut disposer demain d’une capacité de gouvernance de la zone euro qui repose sur une assemblée parlementaire de l’union monétaire qui serait principalement l’émanation des Parlements nationaux et qui aurait pour mission principale de décider du budget de la zone euro, mais aussi des politiques d’harmonisation fiscale et sociale, des cibles à adopter dans la réduction des déficits, etc ».
Une proposition qui a déclenché l’interrogation, pour ne pas dire le scepticisme, du président (encore) en exercice, François Hollande. « Mais, après, c’est qu’est-ce que l’on fait de cette zone euro, qui décide ? Ceux qui décident dans la zone euro, ce sont les gouvernements, est-ce que les gouvernements sont légitimes ou pas ? Ils sont légitimes », a insisté le président français, visiblement peu convaincu par « l’idéal européen » de son ancien ministre.
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