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Caviar, champagne, pas de masques : l’organisation de dîners clandestins VIP à Paris indigne le public

Dîners clandestins
La polémique fait rage autour de l'organisation de dîners clandestins auxquels auraient participé des membres du gouvernement, alors que les restaurants sont fermés depuis plusieurs mois. | Source : Getty Images

DÎNERS CLANDESTINS | En France, à l’instar de nombreux pays européens, les restaurants, les bars et les cafés sont fermés depuis plus de cinq mois. Face à la recrudescence de cas de Covid-19, le gouvernement a par ailleurs décidé d’étendre les mesures de confinement à tout le pays il y a deux semaines, malgré le mécontentement et l’épuisement de la population. Ainsi, les dernières révélations des journalistes de M6 sur la tenue de dîners clandestins dans la capitale ont suscité l’indignation du public dans tout le pays.

 

Qui dit la vérité ?

Le public a exprimé sa colère sur les réseaux sociaux après un reportage de M6 dénonçant l’organisation de dîners clandestins auxquels participerait l’élite politique, faisant fi des mesures sanitaires. Au cours de ces dîners, dont le prix du menu s’élève à 150 euros par personne, ni le personnel ni les invités ne portent de masque.

L’un des participants, Pierre-Jean Chalençon, mondain et collectionneur d’œuvres napoléoniennes, aurait déclaré que des ministres et d’autres membres du gouvernement auraient pris part à ces dîners clandestins. Le procureur de la République a immédiatement ouvert une enquête et Pierre-Jean Chalençon, après avoir prétendu qu’il s’agissait d’une simple blague, a été brièvement placé en détention avec le chef étoilé, Christophe Leroy.

Concernant « les images des salons privés aux décors Empire avec invités et tables dressées diffusées sur M6 », Le Point rapporte que Pierre-Jean Chalençon a expliqué qu’il « s’agirait tout simplement d’une répétition, une soirée test pour faire des photos publicitaires, en vue d’organiser des réceptions une fois que les mesures de confinement seront levées. »

 

Dîners clandestins
Pierre-Jean Chalençon au palais Vivienne. Ce féru de Napoléon est au cœur de la polémique autour de l’organisation de dîners clandestins à Paris. | Source : Getty Images

 

La chasse aux sorcières est ouverte

Selon The Local, les médias français se livrent à une véritable chasse aux sorcières : « toute célébrité ayant mangé dans un restaurant clandestin est susceptible d’être dénoncée ». Le parquet de Paris a indiqué qu’« à ce stade des investigations, aucun élément ne permet de mettre à jour la participation d’un membre du gouvernement aux repas faisant l’objet d’une enquête. »

La vidéo, filmée en caméra cachée par les journalistes de M6, montre les convives d’un dîner clandestin en train de déguster du champagne et du caviar, à 200 euros par personne, dans un restaurant secret près du Louvre, au cœur de Paris. Toujours selon The Local, cette affaire touche deux obsessions des Français : la nourriture et l’élitisme. « En France, parmi les sujets qui mettent les gens hors d’eux, on trouve un vague soupçon de tricherie de la part de la classe dirigeante et tout ce qui a trait à la nourriture. Mettez ces deux choses ensemble et la France perd la tête. »

https://twitter.com/m6info/status/1378089447271596038

 

Le tribunal des réseaux sociaux

Pour L’Opinion, « les procureurs du net ont déjà rendu leur verdict » contre les élites qui ignorent les règles sanitaires pendant que le reste du pays est confiné et que les restaurants restent fermés. « Leur réquisitoire, expéditif, est sans appel contre cette France d’en haut accusée d’en profiter et de mépriser le petit peuple qui souffre en dépit des milliards déversés par l’État », écrit Olivier Baccuzat dans un éditorial intitulé « Les dîners clandestins et la cocotte-minute ». Il ajoute que ces messages « sont à prendre très au sérieux. Car au-delà de la défiance et du soupçon quasi permanents nourris à l’encontre des dirigeants politiques, ils témoignent de cette cocotte-minute qu’est devenue la France un an après le début de cette crise sanitaire. »

John Lichfield de The Local partage ce point de vue : « Une grande partie de la population française est convaincue, et restera convaincue, que les ministres, comme les cochons dans la dernière scène de La Ferme des animaux de George Orwell, festoient perpétuellement pendant que les gens ordinaires sont privés d’un croque-monsieur au Café du Commerce ». « La France n’est pas patiente avec ses dirigeants dans les meilleurs moments, et là c’est le pire des moments », conclut de façon déroutante le journaliste.

 

Des dîners clandestins avec des membres du gouvernement ?

La Société des journalistes des journaux télévisés de M6 a défendu le reportage sur les dîners clandestins, alors que Pierre-Jean Chalençon accuse les reporters de la chaîne de l’avoir piégé. En outre, les journalistes affirment qu’une source anonyme a confirmé « la présence d’au moins un membre du gouvernement à un de ces dîners. »

Marlène Schiappa, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, a tenté de défendre le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, dont le nom a été mentionné comme l’un des participants à ces dîners clandestins. Cette tentative s’est retournée contre elle. Dans une déclaration, Marlène Schiappa a affirmé qu’elle savait de source sûre qu’il y avait effectivement eu une invitation et que Gabriel Attal l’avait refusée fermement en raison des mesures sanitaires. Or, selon cette déclaration, le porte-parole du gouvernement était donc au courant que des dîners clandestins avaient lieu, mais il ne les a pas signalés au procureur de la République.

Officiellement, 200 suspects ont été identifiés et risquent une lourde peine. Quant aux membres du gouvernement, ils insistent sur le fait qu’aucun d’entre eux n’a participé aux dîners clandestins.

 

Dîners clandestins
Fermés depuis plusieurs mois, les restaurants doivent s’organiser pour survivre en cette période de crise. | Source : Getty Images

 

Descentes de police et verbalisations

Dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet de Paris pour mise en danger de la vie d’autrui et travail non déclaré, et afin d’identifier les organisateurs et les participants à ces dîners clandestins, la police a réalisé de nombreuses descentes dans des restaurants de la capitale. Les enquêteurs ont également perquisitionné les domiciles du chef Christophe Leroy et de Pierre-Jean Chalençon.

Selon Le Parisien, la semaine dernière plus de 110 personnes rassemblées dans un restaurant clandestin du XIXe arrondissement de la capitale ont été verbalisées « pour non-respect des mesures sanitaires », tandis que l’organisateur du dîner et le gérant du restaurant ont été placés en garde à vue pour « mise en danger de la vie d’autrui et travail dissimulé. » Leurs gardes à vue ont ensuite été levées « pour poursuite d’enquête », a indiqué le parquet de Paris. Par ailleurs, BFMTV rapporte que 62 personnes ont été verbalisées vendredi 9 avril dans un restaurant clandestin à Saint-Ouen.

La police a également reçu l’ordre de réprimer les grands rassemblements en plein air qui vont à l’encontre des restrictions sanitaires. À cet égard, l’AFP indique que samedi 10 avril, 150 personnes se sont rassemblées pour une fête dans un hangar désaffecté à Fuveau, dans le sud de la France, près d’Aix-en-Provence. La police a dispersé la foule et infligé de nombreuses amendes.

Cette semaine, la police a été appelée pour disperser un groupe de 200 à 300 personnes rassemblées sur les bords du Rhône à Lyon, la plupart étant des étudiants âgés de 15 à 25 ans.

Les organisateurs de rassemblements et de dîners clandestins risquent jusqu’à un an de prison et 15 000 euros d’amende. Les participants risquent quant à eux deux amendes de 135 euros pour non-respect du couvre-feu et non-port du masque.

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Cecilia Rodriguez

 

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