Sacrée évasion. Lundi 30 décembre, Carlos Ghosn, l’ex-patron de l’alliance Renault-Nissan s’est enfuit du Japon où il était assigné à résidence. Poursuivi pour plusieurs malversations et abus de confiance, l’homme d’affaire s’est rendu au Liban sous une fausse identité.
Il fut un temps où l’on racontait ces histoires folles d’évasions, de ces bandits, braqueurs ou trafiquants qui se sortaient du mitard en creusant un tunnel ou en sautant dans un hélicoptère. Désormais, il nous faut scruter les déboires d’un ancien dirigeant de multinationale accusé de malversations et fuyant son assignation à résidence. Lundi 30 décembre au soir, Carlos Ghosn a fui le Japon où il était assigné à résidence depuis 130 jours dans l’attente de son procès pour dissimulation d’une partie de son salaire et abus de confiance. Il a rejoint le Liban, un pays dont il a la nationalité. En plus du Brésil et de la France.
« Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l’otage d’un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité, où la discrimination est généralisée et où les droits de l’homme sont bafoués, cela au mépris absolu des lois et traités internationaux que le Japon a ratifiés et qu’il est tenu de respecter », a clamé haut et fort Carlos Ghosn par communiqué.
« Une surprise totale » pour son avocat
Les circonstances exactes de l’évasion de M. Ghosn ne sont pas encore connues. Selon une source citée par la chaîne publique japonaise NHK – et relayée par nos confrères du Monde – il pourrait avoir quitté le pays sous une fausse identité. Une vérification des données des services d’immigration montre qu’il n’y a eu aucune sortie du territoire sous le nom de Carlos Ghosn.
Dans cette histoire rocambolesque, l’avocat japonais du Brésiliano-libano-français, assure de pas avoir été mis au curant de cette fugue en bonne et due forme, et d’en avoir été informé directement en regardant la télévision. « C’est une surprise totale, je suis abasourdi », a déclaré aux médias Junichiro Hironaka, affirmant ne pas avoir été contacté par Carlos Ghosn.
« L’otage d’un système »
Le Liban est une destination attendue pour M. Ghosn. Fils d’émigrés libanais au Brésil, il en a la nationalité et bénéficie d’un certain soutien de la population et surtout de la classe dirigeante libanaise, malgré les chefs d’accusation dont il est la cible au pays du soleil levant.
Dans son communiqué, l’ancien magnat a également affirmé. « Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l’otage d’un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité, a-t-il écrit. Je n’ai pas fui la justice, je me suis libéré de l’injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine ».
Depuis le début de cette affaire, M. Ghosn et ses soutiens ont maintes fois dénoncé d’une part les incitions de détention très strictes de M. Ghosn au Japon (comme son interdiction de contacter son épouse), et d’autre part les modalités de l’enquête, comme la proximité entre les procureurs spéciaux chargés de l’enquête et Nissan. Le calendrier judiciaire peu clair était aussi un motif d’indignation des conseils de M. Ghosn. Un calendrier qui sera forcément bien bouleversé par cette évasion originale.
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