Les deux nouveaux ministres, respectivement à l’Economie et aux Comptes publics, ont pris possession de la citadelle Bercy avec pour principale mission de résorber les déficits et redresser la trajectoire financière de la France.
Les « deux prises de guerre » du gouvernement Philippe ne devraient pas bénéficier d’un instant de répit ni du traditionnel « état de grâce » réservé aux nouveaux entrants. Et c’est peu dire que le nouveau tandem de Bercy va devoir cravacher ferme pour redresser des comptes publics dans le rouge, doux euphémisme. Sur le plan politique et du symbole – avec la nomination de Nicolas Hulot – l’intronisation de deux ministres « LR » au sein d’un ministère aussi exposé est un joli coup stratégique pour le duo Macron-Philippe. En effet, difficile pour l’opposition incarnée par les Républicains de trouver le ton juste lorsqu’il s’agira de tirer à boulets rouges sur la politique économique impulsée par les deux hommes. Même si François Baroin – chef de file des Républicains – a commencé ce matin, s’attardant davantage sur la notion de « débauchage individuel » et du manque de constance de ses deux anciens camarades.
« Ils deviennent aujourd’hui des acteurs d’un projet qu’ils ont combattu il y a encore quelques jours », a souligné le sénateur de l’Aube, mettant en exergue la hausse de la CSG promise par Emmanuel Macron et vertement combattu à droite de l’échiquier politique. Et d’ajouter, rendant indirectement – et ironiquement- hommage au « stratagème présidentiel ». « Je trouve que c’est assez malin, de la part d’Emmanuel Macron, de mettre les deux prises d’otages à droite à Bercy pour incarner l’augmentation des impôts et de la CSG ». Des accusations battues en brèche par le nouveau ministre des comptes publics Gérald Darmanin. « J’ai une fibre sociale, et je n’ai pas pu l’exprimer pendant la campagne de François Fillon. Mon engagement, c’est le gaullisme social ». Avant de dévoiler sa « ligne directrice » : « Je serai le ministre qui protégera, sous l’autorité du président de la République, les plus faibles et notamment les retraités ».
« La nation française ne doit plus dépenser plus d’argent qu’elle n’en gagne »
Au-delà de ses bisbilles partisanes, le nouveau ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Bruno Le Maire – qui « rêvait » déjà de Bercy en 2011 avant d’être coiffé au poteau par… François Baroin – a dévoilé sa « feuille de route ». De grands principes éculés mais qui méritent néanmoins d’être rappelés. « Il faut que la nation française arrête de dépenser plus d’argent qu’elle n’en gagne et de dépenser plus de richesse qu’elle ne parvient à en créer. C’est ce qui nous permettra de retrouver de la puissance économique et de la crédibilité politique aux yeux de nos partenaires », a souligné le député de l’Eure.
Et Gérald Darmanin – dont la bonne entente avec Bruno Le Maire apportera également de la sérénité à Bercy où les rivalités et les querelles d’ego ont foisonné ces dernières années – d’ajouter : « Nous devons rassurer nos partenaires européens ». Un postulat qui sera mis en pratique dès lundi avec le déplacement de Bruno Le Maire – européen convaincu et germanophile – à Berlin, pour des entretiens avec son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, avec qui il se rendra dans la foulée à Bruxelles pour une réunion de l’Eurogroupe.
Objectif 3%
L’occasion également de marteler l’objectif de 3% du déficit, Emmanuel Macron ayant fait la promesse de maintenir le déficit dans les critères de Maastricht durant toute sa campagne. La France s’est, en effet, engagée, dès cette année, à ramener son déficit public sous 3% de sa richesse nationale, soit 0,4 point de moins qu’en 2016, un objectif auquel la Commission européenne peine à croire, elle qui n’a pas hésité à faire montre de circonspection à ce sujet à maintes reprises. « Le cœur de l’action gouvernementale, c’est évidemment son programme, le cœur ce sont évidemment ses engagements », a également souligné le nouveau chef du gouvernement, Edouard Philippe, comme pour rappeler qu’Emmanuel Macron avait été élu sur un programme qu’il convenait de respecter. L’objectif des 3% sera-t-il pour autant atteint ? Bruno Le Maire et Gérald Darmanin tacheront d’y veiller.
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