Les incertitudes économiques engendrées par les résultats du référendum britannique, rendus public le vendredi 24 juin 2016, conduisent les compagnies aériennes dans une zone de turbulences. La compagnie irlandaise Ryanair, pionnière du transport à bas coût sur le Vieux continent, risque de payer un lourd tribut de la sortie potentielle de la Grande Bretagne de l’Union des Vingt-huit.
Y’a-t-il encore un pilote aux manettes de l’industrie du transport aérien britannique ? La question se fait chaque jour plus présente à mesure que la chute des compagnies aériennes se veut brutale depuis l’officialisation de la victoire, ce vendredi 24 juin 2016, du camp des « pro-Leave » de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.
La compagnie irlandaise Ryanair serait la première compagnie originaire du territoire de Sa Majesté à pâtir d’un éventuel départ de l’UE de la Grande-Bretagne. La société spécialisée dans le transport de tourisme à bas coûts profite à plein des accords communautaires qui permettent aux compagnies européennes d’opérer sur les tarmacs et l’espace aérien du Vieux continent sans limite de fréquence, de capacité ou de prix. Ce mécanisme permet à Ryanair d’optimiser ses bénéfices en captivant les voyageurs issus des pays du Vieux continent. La compagnie irlandaise enregistre la moitié de son chiffre d’affaires sur le marché anglais.
Don't miss what could be the last big #Ryanair UK seat sale! 1 million seats from £9.99. Escape to Europe! #EUref pic.twitter.com/iJgTWvlFgW
— Ryanair (@Ryanair) June 24, 2016
La cellule communication du groupe irlandais, connue pour sa créativité et son sens de la rhétorique, avait réagi dès 9 heures du matin sur Twitter à la victoire des « out ». La compagnie dirigée par le Président-directeur général Michael O’Leary proposait un million de siège à 9,99 Livres pour « s’évader en Europe ». Les trois leaders politiques du camp des « Leave » se voyaient caricaturer en singe sourds aux discours des instances et des partenaires européens. Michael O’Leary avait milité en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne.
Planning a getaway this October? A million seats from £9.99. Book by midnight #Brexit #EUref #DavidCameron #Cameron pic.twitter.com/27rJ8iPz8F
— Ryanair (@Ryanair) June 24, 2016
Une seconde affiche, publiée vers 10 heures sur le réseau de micro-blogging, ironisait sur le « plan de départ en octobre » du Premier ministre David Cameron. Le candidat proclamé il y a six ans par la famille politique des Tories avait indiqué au cours de sa première sortie médiatique post-référendaire qu’il rendrait son tablier d’ici trois mois. Un congrès exceptionnel du parti conservateur se tiendra d’ici le 2 septembre pour désigner le successeur de David Cameron au 10 Downing Street.
Ryanair finira par déchanter deux jours après ce « Black Friday » sans précédent sur les marchés boursiers. Le titre a perdu 14 % de sa valeur à l’issue de la séance du lundi 27 juin 2016 à la bourse de Londres.
Les Anglaises avalent le thé de travers
Les consœurs anglaises de Ryanair traversent également une zone de turbulence dont elles ne distinguent pas encore le bout. La compagnie Easyjet, a concédé l’une des plus fortes chutes de la journée de lundi toutes secteurs confondues, à – 22 %. Les responsables de la compagnie spécialisée dans le transport aérien low-cost ne se sont pas souciés, outre-mesure, des secousses inaugurales engendrées par le Black Friday, avec une première baisse de 14 % après l’annonce du Brexit.
Un communiqué fourni par Easyjet affirmait que le « oui » à la sortie du Royaume-Uni n’aurait « aucun impact » sur la stratégie de la compagnie aérienne et sur sa capacité à engranger des profits grâce à une croissance continue. La direction de la compagnie a revu sa copie quarante-huit plus tard avec un changement des prévisions de croissance revues à la baisse pour le troisième trimestre pour la saison 2015-2016. Les grèves et la météo sont les principaux facteurs avancées par Easyjet pour justifier la modification brutale des objectifs sur trois mois.
Ce premier changement braquet est accompagné de la prévision à la baisse de la recette par siège pour l’ensemble du second semestre. La compagnie avance, cette fois-ci, l’impact important du résultat du référendum de vendredi. « Nous nous attendons à une forte incertitude économique impactant la demande de cet été », concède la compagnie à la couleur orange.
Le troisième groupe aérien européen n’échappe pas à ses troubles subis en haute altitude. La société IAG, maison-mère de British Airways, a vu son action passer de 530 livres à 343,9 Livres entre le vendredi 24 et le lundi 27 juin. La valeur du titre a fondu de 20 % le jour de l’annonce des résultats du référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE. 15 % supplémentaires du titre sont partis en fumée pour la première séance de la semaine à la bourse de Londres.
Les marques fleurons du transport aérien civil en Allemagne, en France et aux Pays-Bas ont eu droit à leurs lots de perturbations. Le vote « pro-Brexit » n’a pas fait de jaloux puisque Lufthansa a perdu 7,62 % de sa valeur boursière ce lundi, contre une baisse de 6,75 % pour le groupe franco-néerlandais Air France-KLM.
Le titre Air France-KLM remporte la palme de la journée avec un plus bas niveau historique atteint à 5,51 euros l’action. La capitalisation boursière, à 1,656 milliards d’euros au terme de la première séance à la bourse de Paris, équivalait à quatre Airbus A380. Le secteur aérien n’a pas fini de voler à basse altitude au sein des marchés.
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