Loin de ses dérapages verbaux habituels, le président des Etats-Unis a délivré un discours plus pondéré et mesuré devant le Congrès, donnant l’impression de recadrer sa présidence.
Tout vient à point à qui sait attendre. Ceux qui piaffaient d’impatience, voire même espéraient, d’écouter un Donald Trump faisant feu de tout bois dans un discours exalté en sont pour leurs frais. Et si le nouveau locataire de la Maison Blanche avait (enfin) endossé le costume de président ? Fonction qu’il semblait encore jusqu’à peu incapable d’incarner. Devant le Congrès, le président Trump a ainsi livré la feuille de route de sa mandature et appelé à l’unité nationale, lui qui avait, jusqu’à présent, davantage divisé et clivé, avec pour point d’orgue son discours d’investiture du 20 janvier dernier, le président élu parlant alors de « carnage de l’Amérique ».
Un laïus teinté de sobriété qui a surpris jusqu’à ses plus farouches adversaires. « La personne qui a écrit ce discours n’a pas dû écrire le discours d’investiture. Ce dernier était sombre alors que celui-ci était plus optimiste », reconnaît le sénateur démocrate Tom Carper. Une vision partagée par de nombreux Américains. Ainsi, selon un sondage CNN/ORC, 57% des téléspectateurs ont trouvé très positif le discours de Trump, et 69% des sondés se disaient plus optimistes quant à l’avenir du pays.
L’Obamacare, une réforme « désastreuse »
Si la tonalité est plus mesurée, Donald Trump ne s’est pas mué en « humaniste » pour autant, restant fidèle à ses thématiques de prédilection, voire même ses lubies. Ainsi, l’ancien magnat des médias a encore égratigné la réforme de santé phare de son prédécesseur, « l’Obamacare », dont il a souhaité une complète refonte devant les membres des deux chambres réunies en Congrès. Une refonte indissociable de plusieurs réformes sur les coûts, le choix et l’accès à l’assurance santé.
Concernant spécifiquement ce dernier point, le président des Etats-Unis souhaite que le marché de l’assurance-maladie devienne national. Objectif : créer les conditions d’une plus grande concurrence. Reprenant son bâton de rassembleur de la nation, Donald Trump a souhaité que Républicains et Démocrates s’unissent sur cette question afin de mettre un terme à une politique de santé « désastreuse ».
Baisse d’impôts massive
En matière fiscale, l’ancien magnat de l’immobilier a fait plusieurs annonces spectaculaires et a promis un « allègement fiscal majeur » en faveur de la classe moyenne, et une baisse du taux de l’impôt des sociétés. « Mon équipe économique est en train de développer une réforme fiscale historique qui va réduire le taux d’imposition de nos entreprises de manière à ce qu’elles puissent affronter la concurrence », reportant à plus tard un chiffrage et un cadrage plus précis, « l’équipe économique » du président ayant visiblement encore besoin d’affiner ses mesures.
Infrastructures, le « grand chantier »
Autre thématique particulièrement attendue, ses propositions sur les infrastructures du pays qui, selon les propres termes de Donald Trump, se délitent. Il entend ainsi demander au Congrès de voter une loi d’investissement de 1 000 milliards de dollars dans les infrastructures, financés par des canaux privés et publics. Là aussi, peu ou pas de précisions sur les modalités, Trump se bornant à répéter ses promesses d’imposer des taxes sur les importations de produits étrangers pour protéger les industriels américains. « Actuellement, quand nous exportons des produits depuis l’Amérique, beaucoup d’autres pays nous font payer des droits de douane, et lorsque des entreprises étrangères exportent leurs produits en Amérique, nous ne leur faisons payer pratiquement rien ». Une antienne éprouvée lors du discours du 20 janvier et le fameux « acheter américain et embaucher américain ».
Immigration : le fond et la forme
Sur le front de l’immigration, Donald Trump s’est évertué à maintenir ses positions et rassurer les tenants d’une ligne dure sur cette question… tout en soignant la forme. « Je pense qu’une réelle réforme positive de l’immigration est possible, pour autant que nous nous concentrions sur les objectifs suivants : améliorer l’emploi et les salaires des Américains, renforcer la sécurité de notre pays et restaurer le respect de nos lois », a déroulé le locataire de la Maison Blanche.
Un discours sans embûches et sans dérapages, les conseillers du président étant visiblement désireux de mettre un terme à la politique de la « terre brûlée » du président. Plus sérieux en dépit d’un manque criant de cadrage budgétaire, Donald Trump a remisé ses outrances pour recadrer sa présidence. Jusqu’à quand ?
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits