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Assurance Maladie : François Fillon Sur Le Reculoir ?

© Getty Images

Le vainqueur de la primaire de la droite et du centre, dans une tribune au Figaro, a tenté de rassurer les plus sceptiques sur son projet de réforme de l’assurance maladie, promettant certains ajustements, mais certaines zones de flou persistent.

Réputé pour sa constance et sa volonté inexorable de maintenir le cap, François Fillon affronte sa « première tempête » de candidat à l’élection présidentielle. En cause : son projet de réforme de l’assurance maladie qui crispe jusqu’à certains de ses proches soutiens. S’il avait notamment promis, lors du débat de l’entre-deux tours de la primaire, le transfert d’une partie de la couverture de la Sécurité sociale aux assurances et mutuelles, il semblerait que cette question soit plus complexe aujourd’hui. « Au lieu de regarder les faits, mes détracteurs me soupçonnent de vouloir ‘privatiser’ l’assurance-maladie et diminuer les remboursements. C’est évidemment faux! », s’insurge François Fillon dans Le Figaro.

Mais au-delà de cette «indignation de circonstance», le flou demeure sur cette proposition et la redéfinition des rôles respectifs de l’assurance maladie obligatoire qui « continuera à couvrir les soins comme aujourd’hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires » et des organismes complémentaires (de type assurances privées, mutuelles).

« Petits et gros risques »

« Je souhaite assurer le meilleur remboursement pour les patients en plaçant l’assurance-maladie obligatoire et les organismes complémentaires sous le pilotage d’une agence de régulation et de contrôle », souligne l’ancien Premier ministre dans cette tribune. Et de poursuivre. « J’entends faire en sorte que tous les Français puissent bénéficier d’une protection complémentaire appropriée sur la base de contrats homogènes ».

Pour rappel, François Fillon, dans son programme, propose que l’assurance-maladie obligatoire ne rembourse plus que les pathologies lourdes et affections de longues durées (ALD), le reste du « périmètre » en l’occurrence, les affections courantes relevant des complémentaires. Un distinguo entre « petits et gros risques » qui suscite l’incompréhension jusque dans son camp, comme en atteste l’explication pour le moins maladroite de son porte-parole, Jérôme Chartier. Ce dernier, interrogé sur le remboursement de soins bénins comme un rhume, a estimé que « cela dépendait de quel rhume », s’attirant notamment les sarcasmes de la majorité, et de la ministre de la santé Marisol Touraine. La proposition, encore visible ce matin sur le site internet du candidat à l’Elysée, a pourtant depuis été retirée.

En 2015, l’assurance maladie a pris en charge 77% des dépenses de santé, une part en hausse en raison notamment de l’augmentation des ALD (cancers, hypertension…) qui représentaient l’an dernier plus de 16% de la population contre 11% en 1999. Un rapport de la Cour des comptes publié en septembre suggérait justement de restreindre le panier de soins de l’assurance maladie afin de réorienter ses financements sur les traitements les plus essentiels et les plus novateurs.

François Fillon aura l’occasion de s’expliquer, ce mardi à l’Assemblée nationale, avec des élus de son propre camp, soucieux d’obtenir une explication de texte et moult précisions, lui qui s’en prend à ses opposants politiques dans sa tribune, affirmant ne pas être « impressionné par le tir de barrage de la gauche et du Front national ». « N’en déplaise aux charlatants du ‘toujours plus à n’importe quel prix’, on ne peut pas continuer de financer notre Assurance-maladie à crédit et d’en faire porter le poids aux générations futures, d’autant que les dépenses de santé vont continuer de croître ».

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