La formation d’Emmanuel Macron semble se diriger tout droit vers la majorité absolue à l’Assemblée nationale alors qu’il y a encore moins d’un mois, la capacité du chef de l’Etat de avoir les coudées franches au Palais Bourbon, au regard de l’inexpérience des aspirants députés, faisait encore débat.
Les fameux « députés internet » brocardés par François Fillon marchent à grande enjambées vers le Palais Bourbon. Galvanisés par le « sans faute » du premier d’entre eux depuis son arrivée à l’Elysée, les marcheurs d’Emmanuel Macron semble largement en mesure d’obtenir la majorité absolue (289 sièges) et ainsi donner pleinement les moyens au chef de l’Etat d’appliquer sa politique et le programme sur lequel il a été élu à la présidence de la République. Ainsi, selon une enquête Opinionway-Orpi, La République en Marche! – nouvelle appellation du mouvement En Marche! qui a porté Emmanuel Macron à l’Elysée – pourrait obtenir entre 310 et 330 sièges à l’Assemblée nationale. Un véritable « plébiscite » pour les troupes du président. Ne laissant que des « miettes » à ses adversaires, les sondages reprenant peu ou prou le verdict des urnes de l’élection présidentielle.
Sauf peut-être pour le Front national, pour lequel les élections législatives au regard du mode de scrutin ne sont jamais très favorables. En dépit de l’accession de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, le parti frontiste ne recueillerait que 10 à 15 députés. Même diagnostic et mêmes difficultés pour les « insoumis » de Jean-Luc Mélenchon même si ses troupes devraient comprendre entre 25 et 30 députés. Comme attendu, la première force d’opposition devrait se nommer « Les Républicains » et leurs alliés de l’UDI qui, eux, seraient entre 140 et 160 à prendre place dans les travées du Palais Bourbon. Enfin, le Parti socialiste poursuivrait sa route vers l’échec et l’implosion en ne parvenant à hisser que 25 à 30 députés sur les bancs de l’hémicycle, contre 292 lors de la précédente mandature.
La « bérézina » du Parti socialiste, le retour du MoDem
Un nouvel affront – après celui des 6% de Benoît Hamon – qui pourrait sonner le glas de la formation « dirigé » par Jean-Christophe Cambadélis, du moins sous sa forme actuelle. D’un point de vue strictement arithmétique et comptable, en voyant le nombre de ses députés divisé par 10, le mouvement sortie de terre au Congrès d’Epinay verrait ses finances tanguer dangereusement, après avoir déjà fait face à une désertion massive de ses cadres et de ses militants vers la République en Marche!. Mais ces élections législatives à la sauce 2017 pourraient, à l’inverse, signer le fracassant retour au premier plan d’un parti devenu (presque) anonyme dans le paysage politique : le MoDem.
Après avoir incarné un espoir quasi similaire à celui d’En Marche! en 2007, le mouvement de François Bayrou avait, au gré des élections et des échecs qui en découlaient, disparu peu à peu du devant de la scène politique hexagonale. Mais l’alliance scellée avec Emmanuel Macron le 22 février dernier devrait permettre aux troupes de l’actuel Garde des Sceaux de disposer d’un groupe à l’Assemblée… estampillée majorité présidentielle. Une manière de « remercier » François Bayrou pour son concours à l’élection d’Emmanuel Macron, dans une période où celui qui n’était que candidat à la magistrature suprême commençait à dévisser dangereusement dans les sondages.
Les Républicains, éternels opposants
Favoris d’une élection présidentielle imperdable, la droite républicaine a même finalement échoué, pour la première fois sous la Ve République, à hisser son représentant au second tour de scrutin. Embourbé dans le scandale des emplois présumés fictifs de son épouse et de son entourage, François Fillon a, en effet, échoué aux portes de la finale. Une fois cet échec acté, il a fallu se remettre en selle avec comme nouveau porte-étendard François Baroin. Mais en dépit de sa bonne volonté et de son énergie, le sénateur de l’Aube ne devrait réussir qu’à « limiter la casse » alors qu’il doit faire face à un chef de gouvernement issu des rangs républicains, en l’occurrence Edouard Philippe. Sans compter les ministres Darmanin et Le Maire qui ont également intégré l’équipe gouvernementale, accédant à des portefeuilles hautement stratégiques : en l’occurrence l’Economie et les Comptes publics. Des « coups » particulièrement rudes pour préserver l’unité du mouvement.
Difficile dans ce contexte pour François Baroin et ses ouailles de faire mieux que ce qui leur est promis dans les différentes enquêtes d’opinion. Mais sans doute « un mal nécessaire » pour se reconstruire afin de (re) devenir la première force d’opposition à la politique d’Emmanuel Macron. Et ainsi solder ce long chemin de croix qu’a constitué l’élection présidentielle. En d’autres termes, se servir des erreurs du passé pour éclairer l’avenir.
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