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Angela Merkel À L’Épreuve De L’Extrême-Droite

© Getty Images

A l’instar de ses glorieux prédécesseurs comme Helmut Kohl ou encore son modèle en politique Konrad Adenauer, la chancelière Angela Merkel s’est assurée, ce dimanche, un quatrième mandat consécutif à la tête du gouvernement allemand. Un tour de force néanmoins écorné par la poussée des nationalistes de l’AfD.

Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’extrême-droite va faire son retour au Bundestag.  En effet, la formation Alternative für Deutschland (AfD), parti anti-immigration et xénophobe, devient la troisième force parlementaire du pays. Le bloc conservateur CDU-CSU de la chancelière est vainqueur du scrutin avec un score projeté de 32,5% des voix – mais loin de son score de 2013 où la majorité avait atteint 41,5% des suffrages. Puis, comme de coutume désormais, les sociaux-démocrates du SPD de Martin Schulz, challenger d’Angela Merkel, terminent à la seconde place, remisant une fois de plus leurs rêves d’incarner l’alternative à l’insubmersible Angela Merkel.  

Manuela Schwesig, la vice-présidente du SPD, en a aussitôt tiré les conséquences, proclamant la mort de la « grande coalition » mise en place avec la CDU-CSU en 2013. « C’est un très mauvais résultat pour le SPD, une lourde défaite. Pour nous se termine aujourd’hui la grande coalition », a-t-elle déclaré, imitée plus tard dans la soirée par Martin Schulz. Réflexe de mauvais perdant ou véritable volonté d’incarner l’opposition ? Pragmatique, Angela Merkel a appelé ses adversaires à la réflexion.  « J’ai entendu que le SPD n’était pas disponible pour des négociations mais nous pourrons en discuter demain. Nous allons dormir sur cela et nous en parlerons demain. Je veux un gouvernement stable pour l’Allemagne ».

86 à 89 députés pour l’AfD

Car les sempiternelles querelles sociaux-démocrates / conservateurs n’ont pas « la même saveur » qu’à l’accoutumée, tous les projecteurs étant braqués sur l’AfD qui va propulser entre 86 et 89 députés au sein de la prochaine Assemblée. Avec un score projeté à 13,5%, un peu au-dessus des sondages qui lui étaient les plus favorables, le parti d’extrême-droite, qui s’est nourri de la crise des migrants depuis la fin 2015, a vu sa courbe grimper en flèche depuis les précédentes législatives en 2013.  Formation à peine sortie de terre à l’époque, et créée pour combattre la monnaie unique, l’AfD s’est peu à peu muée en parti xénophobe dont certains membres craignent que les Allemands « ne soient plus chez eux en Allemagne ». A l’époque, l’AfD n’avait pas transformé l’essai, s’octroyant simplement 4,7% des suffrages, le seuil de représentation parlementaire était alors fixé à 5%.

Plusieurs centaines d’opposants à l’AfD se sont rassemblés en début de soirée devant le QG de campagne du parti, à Berlin. « L’AfD au Bundestag, cela fait mal à notre pays », a commenté de son côté Ingo Kramer, le président de la fédération patronale allemande BDA. Car si la défection du SPD se confirme, la constitution d’un nouveau gouvernement « tripartite » s’annonce particulièrement ardue pour Angela Merkel. Les discussions s’annoncent dès lors particulièrement âpres avec les libéraux du FDP, projetés à 10,5%, et les écologistes des Grünen, donnés à 9,5%. « On ne peut pas contraindre les Verts et nous à entrer dans une coalition pour la simple raison que le SPD se retire », a prévenu le numéro deux du FDP, Wolfgang Kubick.

Quelles conséquences sur la relation franco-allemande ?

Avec l’entrée en force des députés de l’AfD, la chancelière s’apprête à « affronter » le Bundestag le moins conciliant depuis 2005 et sa première victoire électorale. De quoi mettre sous pression Angela Merkel et peser sur la relation franco-allemande ? Pour rappel, le FDP libéral a des positions peu ou prou similaires à l’AfD sur la question européenne et refuse toutes nouvelles mesures favorables à l’intégration de l’Allemagne au niveau européen, à la différence des écologistes partisans d’une « Europe plus forte ». « Il va y avoir un parti du non, un parti du oui, et une chancelière progressiste. Ce ne sont pas les conditions idéales pour un grand accord franco-allemand », affirme Thomas Kleine-Brockoff, directeur du Fonds Marshall allemand à Berlin. Une épine dans le pied d’Angela Merkel au moment où Emmanuel Macron a promis de « relancer » l’Europe, avec, pour matérialiser cela,  la création d’un ministère européen des Finances et d’un budget pour la zone euro. Des doléances qui avaient reçu l’onction de la chancelière… mais la nouvelle coalition, amputée du SPD,  pourrait ne pas être de cet avis. Autant de casse-têtes en perspective pour Angela Merkel qui aura, elle aussi, besoin de beaucoup de sommeil pour espérer trouver des points d’entente entre toutes les composantes de la majorité. Mais ne dit-on pas que la nuit porte conseil ?

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