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ANALYSE | Agences de notation : le vrai immobilisme

Moody's building sign, 7 World Trade Center, New York City, New York, USA. (Photo by: GHI-Plexi Images/UCG/Universal Images Group via Getty Images)

Moody’s et Standard Poor’s s’inquiètent de la situation politique et économique en France et mettent en garde le pays d’une dégradation de sa note. Elles s’opposent surtout à toute politique économique d’ampleur. 

Les voilà qui reviennent dans la danse, croque-mitaines de la politique économique, fanatiques du dogme libéral. Alors que la France est plongée dans un contexte économique si flou qu’on se croirait revenu aux temps de la IVe République, Moody’s ainsi que Standard & Poor’s (S&P) menacent la France d’une dégradation de sa note. 

Lundi 8 juillet, c’est l’agence S&P Global qui a dégainé la première : elle a déclaré que la note de crédit de la France serait « sous pression » si le pays « ne (parvenait) pas à réduire son important déficit public ». L’agence américaine avait déjà dégradé fin mai la note de la France du troisième niveau « AA » au quatrième « AA-« , quelques mois après l’annonce d’un déficit public bien plus élevé qu’attendu, comme le rappelait BFMTV. en début de semaine. Pour S&P encore, le vite du budget 2025, qui devrait arriver en octobre prochain, « donnera une indication de la volonté du nouveau gouvernement de réduire les importants déficits budgétaires de la France et de se conformer aux règles budgétaires de l’Union européenne », ainsi que le relevait l’Opinion. Deux jours après. Moody’s courait le même air funeste : l’abrogation de réformes, « comme la libéralisation du marché du travail et la réforme des retraites », pèserait sur la notation si cela affectait la croissance ou la trajectoire budgétaire du pays, comme le rapportait l’AFP.

 


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Derrière cette annonce, toute la presse a embrayé et a donné de la basse à cette rengaine lénifiante. Il faut toujours se méfier quand ils agences de notation sonnent trompettes et tocsins, dans un sens comme dans l’autre : les exemples de la dette grecque en 2010, ainsi que le rôle joué lors de la crise financière de 2008, dans lequel, à la fois juges et parties,  les agences n’ont pas vu le désastre, sont autant de cas qui doivent toujours nous mener à rester prudent quand Moody’s et S&P parlent. D’ailleurs plus récemment, tout le bruit autour de la – légère – dégradation de la note de la France par S&P n’a eu guère d’impact sur une dette souveraine, qui, si elle est certes colossale en volume, demeure bien gérée en termes de flux. 

Les agences craignent en outre un « immobilisme »  de la politique française, eu égard à la grande difficulté de construire une majorité cohérente, capable de gouverner sans risque de se faire retourner au premier coup de vent politique. Mais que proposent-elles finalement ? Conserver une réforme des retraites conspuées par la majorité des Français ? Poursuivre une politique de l’offre favorable à certaines entreprises peu performante, alors que de nombreux économistes poussent depuis des années pour une politique de la demande, notamment en faveur des ménages les moins aisés ? Car que demandent les agences, c’est de faire un peu plus comme avant : voici l’immobilisme paré des vertus discursives de la mise en mouvement. Et que ces rengaines servent de refrain repris par tous ceux qui ont peur de voir arriver en France, des politiques d’investissement d’ampleur, tant sur la capacité de production de la France, que le pouvoir d’achat des ménages. 

La position des agences de notation s’inscrit dans un paradigme idéologique en faveur des marchés et des mastodontes économiques. Le « sérieux budgétaire » n’est au fond que l’autre nom de la réduction des dépenses publiques. Osera-t-on rappeler que le sérieux et l’équilibre peuvent aussi passer par une augmentation des recettes, comme avec la fameuse « taxe Zucman » sur la taxation des ultra-riches, qui semble faire suer à grosses gouttes certains tenanciers de l’orthodoxie ? Ou que l’on peut mettre en place aussi des politiques d’offre qui seraient conditionnées à certaines obligations – exactement ce qu’on demande d’ailleurs aux bénéficiaires des aides sociales ? Qu’il est possible de mettre en place des politiques d’aides aux entreprises, de soutien à l’investissement, sans pour autant multiplier les baisses de cotisation et les niches fiscales ? Qu’en somme, le sérieux n’est pas cantonné à la restriction ? Comment savoir ça, quand on a d’yeux que pour les courbes de la bourse ? 

 


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