Selon le rapport sur la peine de mort dans le monde de l’organisation de défense des droits humains Amnesty International, la Chine, l’Iran et l’Arabie saoudite sont les pays avec le plus grand nombre d’exécutions en 2022.
Amnesty n’a pas donné de chiffre précis pour la Chine, mais a indiqué que des milliers d’exécutions auraient été pratiquées par le gouvernement chinois en 2022. Dans le reste du monde, les plus mauvais élèves se trouvent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où le nombre d’exécutions est passé de 520 en 2021 à 825 en 2022.
L’Iran est le pays qui a le plus recouru à la peine de mort, avec 576 exécutions l’année dernière, dans le contexte d’une vague de protestations populaires consécutives à la mort en détention, en septembre, de Mahsa Amini, âgée de 22 ans. Quant à l’Arabie saoudite, les autorités ont procédé à 196 exécutions l’année dernière.
Dans son dernier rapport mondial sur Les condamnations à mort et exécution en 2022, publié le 16 mai, Amnesty indique que ces pays se sont rendus coupables d’une « folie meurtrière ».
« L’Arabie saoudite est allée jusqu’à exécuter 81 prisonniers en une seule journée », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International et ancienne rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. Cette déclaration fait référence aux événements du 12 mars 2022, au cours desquels des dizaines de personnes ont été mises à mort pour des motifs allant du meurtre à l’opposition politique au régime.
Un autre groupe de défense, Repreive, a précédemment déclaré que le taux d’exécutions en Arabie saoudite a presque doublé depuis que le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud et son fils Mohammed ben Salmane sont arrivés au pouvoir en 2015.
« Ces derniers mois, dans une tentative désespérée de mettre fin au soulèvement populaire, les autorités iraniennes ont ôté la vie à des personnes qui n’avaient fait qu’exercer leur droit de manifester », a ajouté Agnès Callamard.
Outre les chiffres élevés en Iran et en Arabie saoudite, l’Égypte a exécuté 24 personnes et 18 prisonniers ont été exécutés aux États-Unis.
Au total, 883 exécutions connues ont eu lieu dans le monde en 2022, soit le chiffre le plus élevé depuis cinq ans et une augmentation de 51 % par rapport à l’année précédente. Seuls 20 pays sont responsables de tous ces décès, mais le nombre réel est bien plus élevé en raison du manque de transparence sur l’application de la peine de mort dans plusieurs pays. Outre la Chine, les chiffres concernant la Corée du Nord et le Vietnam n’ont pas été pris en compte dans le rapport d’Amnesty en raison du manque de clarté quant à la fréquence de l’application de la peine.
De nouveaux pays rejoignent le mouvement abolitionniste
Alors que cinq pays (l’Afghanistan, le Koweït, le Myanmar, la Palestine et Singapour) ont repris les exécutions en 2022, six autres pays ont totalement ou partiellement aboli le recours à la peine de mort.
Parmi eux, le Kazakhstan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Sierra Leone et la République centrafricaine ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, tandis que la Guinée équatoriale et la Zambie l’ont abolie pour les crimes de droit commun uniquement.
D’autres pays vont dans la même direction, comme le Liberia et le Ghana, qui prennent des mesures pour abolir la peine de mort.
D’autres signes d’amélioration ont été observés. Amnesty a indiqué que le nombre d’exécutions recensées a chuté de 71 % au Yémen l’année dernière, par rapport à 2021, en raison de l’atténuation de l’intensité de la guerre civile dans le pays. Aux États-Unis, le nombre d’exécutions a augmenté de 64 % par rapport à 2021, mais ce chiffre reste relativement bas par rapport aux années précédentes.
Cependant, Amnesty a également déclaré que le nombre de personnes exécutées pour des infractions liées à la drogue avait plus que doublé en 2022, les délinquants ayant été tués en Chine, en Arabie saoudite, en Iran et à Singapour. L’organisation a déclaré que cela constituait une violation du droit international relatif aux droits humains, qui stipule que les exécutions ne doivent avoir lieu que pour les « crimes les plus graves » impliquant un homicide volontaire.
« Par un cruel caprice du sort, près de 40 % des exécutions recensées en 2022 ont fait suite à des condamnations à mort prononcées pour des infractions à la législation sur les stupéfiants », a déclaré Agnès Callamard. « Il est important de souligner que ce châtiment cruel touche souvent de manière disproportionnée les personnes issues de milliers défavorisés. »
Certains signes indiquent que cette tendance pourrait se poursuivre cette année. En mars, un ressortissant jordanien, Hussein Abu Al-Khair, a été exécuté en Arabie saoudite pour des infractions liées à la drogue, bien que ses défenseurs aient déclaré que sa condamnation était fondée sur des aveux extorqués sous la torture.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Dominic Dudley
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