En mauvaise posture avant d’aborder le second tour de la primaire de la droite et du centre, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac est celui qui, dans son camp, trouve davantage grâce aux yeux des entrepreneurs, même si une majorité d’entre eux estime qu’aucun des candidats ne mettra en œuvre son programme.
Macron / Juppé. Telle était l’affiche « de rêve » des entrepreneurs pour l’élection présidentielle. Ce sont, en tout cas, les enseignements tirés de l’enquête réalisée, entre le 19 septembre et le 2 octobre soit avant les débats et l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron, par l’association patronale CroissancePlus qui a interrogé 279 dirigeants d’entreprise de croissance. Or, force est de constater que cette confrontation attendue a désormais du plomb dans l’aile, Alain Juppé ayant terminé loin derrière François Fillon au premier tour de la primaire de la droite et du centre, tandis, qu’à l’inverse, Emmanuel Macron devrait, sauf cataclysme ou écueil des 500 signatures, être présent au premier tour de l’élection présidentielle.
Dans le détail, Alain Juppé recueillait, au sein de cette enquête menée en partenariat avec l’investisseur en capital Astorg, 20% d’opinions favorables auprès de l’ensemble des personnes interrogées, et 23% parmi les participants certains à la primaire (soit 40% de l’ensemble global). Il devançait François Fillon de sept points sur l’ensemble des sondés, et l’écart se réduisant à 3% parmi les votants à la primaire.
Je constate partout l’extraordinaire vitalité des start-ups françaises. C’est une chance pour la France ! #FFDay #Primaire2016 pic.twitter.com/2xijGxvhib
— Alain Juppé (@alainjuppe) 29 septembre 2016
« Des preuves d’amour »
S’il devance ses rivaux, le score d’Alain Juppé reste assez « moyen », surtout face au raz-de-marée Macron et ses 46% de bonnes opinions. Comment expliquer cette défiance ? une grosse majorité des dirigeants d’entreprises, en l’occurrence 59%, estime que le candidat issu de la primaire ne mettra pas en œuvre son programme. Pourtant, l’ancien Premier ministre a tenté, durant sa campagne, de « casser » son image austère et ironisé sur les incessantes déclarations d’amour, jamais suivies par les actes, à l’endroit des entrepreneurs à l’occasion « des primaires-déjà- de l’Economie organisées notamment par CroissancePlus, France Digitale et le METI.
« Vous êtes formidables les chefs d’entreprise, vous êtes vraiment des cœurs sensibles, il suffit qu’on vous dise qu’on vous aime pour que tout change! On vous l’a tellement dit ! C’est moins des déclarations d’amour que vous attendez mais des preuves d’amour ». Et de battre en brèche l’idée reçue, à ses yeux, selon laquelle il ne saisirait pas la pleine mesure des problématiques relatives à l’entreprise à cause de son statut d’énarque et de « technocrate ». « Je suis d’une certaine manière un chef d’entreprise car président d’une métropole qui emploie 5 000 salariés et à ce titre confronté à des problèmes de management ».
Je propose de libérer les PME des carcans qui les étouffent #Europe1 #E1Juppé #AvecJuppe #AJ2017 pic.twitter.com/VAm4JkhFfp
— Alain Juppé (@alainjuppe) 17 octobre 2016
Stabilité, responsabilité, liberté
Pour tenter de rassurer des entrepreneurs « légèrement » échaudés par la myriade de promesses non tenues des responsables politiques, sans oublier celles des aspirants aux plus hautes fonctions, Alain Juppé a brandit le triptyque « stabilité, responsabilité, liberté ». Et surtout mis en exergue son discours de vérité, qui n’est donc pas l’apanage de François Fillon.
« Il faut dire la vérité avant, pas après », a souvent eu l’occasion de marteler, celui qui place les PME au cœur de sa stratégie de croissance de relance économique. « Je souhaite soutenir les PME au moyen de mesures spécifiques. Je pense en particulier au niveau de l’IS que je souhaite ramener à 24% pour toutes les entreprises qui réalisent moins de 7,6 millions de chiffre d’affaires, et à la réduction des délais de paiement des administrations grâce à un mécanisme d’affacturage inversé pour les donneurs d’ordre publics », préconisait-il dans le magazine Entreprendre en juin dernier. Aura-t-il les moyens de mettre en œuvre ses mesures et faire taire les sceptiques ? Premier élément de réponse dimanche prochain.
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