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Éric Zemmour, candidat Reconquête ! : « Je mettrai en place un Livret Innovation qui permettra d’investir dans une entreprise innovante sans aucune fiscalité en cas de plus-value »

Éric Zemmour

GRAND ENTRETIEN // C’est au tour d’Éric Zemmour d’accepter de répondre à nos questions. Quel avenir pour la French Tech ? Quelle stratégie pour l’entrepreneuriat ? Quelle vision pour la souveraineté économique et technologique de la France ?  Le candidat de la droite de la droite se dévoile sur ces sujets qu’il n’aborde que rarement.


 

La French Tech compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de licornes à son actif… La “start-up nation” imaginée par Emmanuel Macron a-t-elle tenu ses promesses ?

Eric Zemmour : Je me réjouis que la France soit un pays innovant, que des entrepreneurs visionnaires développent des technologies et mettent notre Nation sur la voie du progrès technologique et numérique. Ces fondateurs et leurs équipes travaillent sans relâche pour que leur entreprise réussisse. Ce succès est le leur et celui des investisseurs qui les ont soutenus tout au long de leur développement. Qui d’autre pourrait s’en attribuer le crédit ? Avec de nombreuses opérations de communication, Emmanuel Macron tente de prendre à son compte le travail remarquable de ces entrepreneurs, de leurs équipes et de leurs investisseurs. Que chacun reste à sa place ! La France compte environ 25 licornes… mais savez-vous combien il en existe en Europe ? Plus de 130 ! Il faut continuer à accompagner ce mouvement, telle est la ligne directrice de mon programme numérique qui apporte des réponses aux sujets auxquels les entrepreneurs m’ont sensibilisé. Faciliter le financement, le recrutement, et surtout l’impulsion de l’Etat sont des enjeux essentiels. Je souhaite que la France ait de réelles chances de s’affirmer au niveau mondial sur le cloud, la cybersécurité, l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, la blockchain ou encore la fintech.

 

Si vous êtes élu en avril prochain, est-ce que l’entrepreneuriat fera partie de vos priorités ? Quelles mesures allez-vous prendre en la matière ?

L’ensemble des propositions que j’ai formulées forment un projet cohérent, ambitieux et réaliste, qui vise à remettre la France sur le chemin de la souveraineté et de la prospérité. L’entrepreneuriat est une des composantes qui nous permettra de nous affirmer en tant que puissance économique et industrielle. Les entrepreneurs sont source d’innovation, de progrès et de croissance. L’Etat doit leur permettre de s’épanouir totalement, être à leur côtés plutôt que dans leur entreprise ! Je réduirai drastiquement les normes, les contraintes et les freins qui pèsent sur nos entreprises, en particulier les plus petites qui n’ont ni les moyens, ni le temps de les affronter.

Je veux que l’épargne des Français soit davantage orientée vers nos start-up et nos petites et moyennes entreprises. Je mettrai donc en place un Livret Innovation qui permettra d’investir dans une entreprise innovante sans aucune fiscalité en cas de plus-value. Nous devons rattraper notre retard sur les Américains et les Anglais qui investissent beaucoup plus que nous dans leurs pépites technologiques. Il faut davantage de capitaux français pour cela, afin de conserver notre souveraineté technologique.

 

Pensez-vous que la technologie et l’innovation sont à même de trouver une solution à l’équation climatique ?

Je crois dans le génie humain, dans sa capacité à se dépasser. Je suis convaincu que la technologie et l’innovation feront partie de l’éventail des solutions pour réduire notre empreinte carbone. Les exemples ne manquent pas, je pense à la pile à combustible, au développement d’énergies décarbonées comme la biomasse et la géothermie ou au nucléaire du futur.  La technologie et l’innovation irrigueront toutes ces solutions.

 


Eric Zemmour : Je veux que nous mettions en place un mécanisme de contrôle des investissements étrangers dans nos entreprises


 

Quelles ambitions pour les entreprises françaises et leur faculté à faire le poids sur la scène économique mondiale ?

Depuis des décennies nous assistons à une lente désindustrialisation de la France et notre déficit commercial ne fait que s’accentuer. Je vais redonner aux entreprises la compétitivité dont elles ont tant besoin par la baisse des impôts de production, qui sont inefficaces et pénalisants. Il n’est pas normal que nos sociétés paient autant d’impôts avant de faire le moindre euro de bénéfice. Nous baisserons aussi massivement les charges sociales sur les bas salaires et sur les primes afin de donner les leviers nécessaires à nos entreprises pour embaucher, investir et mieux rémunérer leurs salariés. Comment voulez-vous qu’elles puissent exporter, réinvestir dans la R&D ou dans des outils de production et ouvrir de nouveaux marchés quand elles sont constamment la cible d’impôts, de normes et de contraintes qui les étouffent ?

 

Est-ce possible de concilier patriotisme économique et mondialisation ?

La réponse est bien entendu oui, mais ne péchons pas par naïveté. Les Etats-Unis, l’Allemagne et tant d’autres pays sont bien plus clairvoyants que la France en matière de patriotisme économique. Ils protègent leurs industries, ils accompagnent leurs sociétés… et par la même occasion, ils les renforcent, ce qui leur permet d’être plus puissants et d’occuper des places de choix dans la mondialisation. Sans patriotisme économique, c’est la mondialisation subie. Nous ne pouvons plus être les naïfs de la mondialisation quand les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon protègent intelligemment leurs entreprises. Je veux que nous mettions en place un mécanisme de contrôle des investissements étrangers dans nos entreprises. Il faut aussi que nous taxions davantage les produits fabriqués hors de l’Union Européenne dans de mauvaises conditions sociales et environnementales.

 

Comment assurer notre souveraineté économique et technologique face à la Chine, aux Etats-Unis et aux Gafam ?

La France sera pleinement souveraine quand elle sera suffisamment forte pour être libre dans ses choix stratégiques, économiques et éthiques. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Trouvez-vous normal que Twitter ferme des comptes de mes sympathisants ? Trouvez-vous normal que certaines de nos usines soient à l’arrêt à cause des semi-conducteurs asiatiques ? Trouvez-vous normal que les GAFAM et les grands acteurs du cloud aient accès aux données stratégiques des entreprises et aux données personnelles des Français, comme celles qui concernent leur santé ? Nous pouvons corriger certains renoncements. Tout d’abord la réindustrialisation permettra de refaire venir en France des pans entiers de chaîne de valeur, et ce dans des domaines très variés. Sur la technologie en particulier, la commande publique et la loi permettront l’émergence d’écosystèmes souverains dans le cloud et la cybersécurité. L’Etat doit héberger la totalité de ses données sur des cloud de fournisseurs français dans des serveurs situés en France. Par ailleurs, je prendrai des mesures concrètes de soutien à nos entreprises innovantes et procèderai à des investissements massifs dans les secteurs clés. Nous devons être visionnaires, avoir un cap clair et prendre position dès maintenant sur des technologies qui seront largement utilisées et répandues dans les 10 voire 20 prochaines années : la blockchain, l’informatique quantique, la cryptographie… Tant de domaines où la France n’a pas dit son dernier mot.

 

Face à notre dépendance aux matières premières et la chaîne d’approvisionnement mondiale qui nous les achemine, une relocalisation est-elle possible ? Comment y parvenir ?

Les matières premières englobent beaucoup de choses, très variées. Notre terre est fertile mais nous n’avons pas un sous-sol très riche en matières premières. C’est pourquoi le Général de Gaulle avait placé le nucléaire et le pétrole au cœur de l’équation énergétique française… Elf était devenu un fleuron français au rayonnement mondial, le programme nucléaire avait donné à la France des atouts extraordinaires. J’ai choisi de renforcer le nucléaire en France, ce secteur malmené par 10 ans d’atermoiements, d’hésitations idéologiques et d’absurdités économiques. Avec 14 nouveaux réacteurs, nous réduirons massivement notre dépendance à d’autres sources d’énergie, augmenterons notre compétitivité et pérenniserons notre tissu industriel.

 


Eric Zemmour : Mon credo économique est la réindustrialisation de la France et la baisse de la fiscalité


 

Quelle règle devrait-on impérativement instaurer pour réguler les marchés publics ?

Les marchés publics sont un levier puissant pour maintenir une industrie forte, la commande publique américaine en est l’exemple parfait. Les entreprises du secteur l’armement, entre autres, prospèrent grâce aux contrats signés avec l’Etat américain avec lequel elles travaillent en partenariat. Cette forme de protectionnisme pratiquée par de nombreux pays est pourtant inexistante chez nous. Par dogmatisme, l’Union européenne refuse que les Etats puissent favoriser leurs entreprises nationales dans l’attribution des marchés publics. Elle sacralise la concurrence sur son sol alors que la Chine et les Etats-Unis appliquent sans sourciller leurs règles où la concurrence n’est pas de mise. Ils ont donc accès à nos marchés publics mais nous n’avons pas accès aux leurs. Si nous voulons que nos entreprises redeviennent compétitives, nous devons adopter les mêmes méthodes que nos concurrents. Pour ce faire, je négocierai la mise en place d’un mécanisme de commande publique permettant à chaque Etat d’un réserver une part à ses entreprises nationales. Nos entreprises pourront ainsi répondre aux besoins de l’Etat et faire rayonner la France par leur savoir-faire.

 

Est-ce que la théorie du ruissellement est valable selon vous ? Permettrait-elle plus de croissance et d’innovation ?

C’est davantage un débat politique que scientifique. Rien n’est prouvé donc je resterai très mesuré sur ces notions. Mon credo économique est la réindustrialisation de la France et la baisse de la fiscalité qui asphyxie nos entreprises et nos ménages. Nous croyons en la réussite et au mérite, nous voulons que le travail paie mieux que l’assistanat. Je rappelle que nous sommes le pays le plus imposé au monde, nous travaillons collectivement la moitié de l’année pour assumer le train de vie de l’Etat. Par ailleurs, la fiscalité confiscatoire mise en place depuis des décennies et aggravée par les gouvernements successifs a eu pour conséquence de faire fuir, des Français créateurs, des inventeurs, des ingénieurs, des familles d’industriels, loin de notre pays. Cela est dommageable pour notre économie et pour nos finances publiques. Je veux inciter ces Français à revenir créer, innover, embaucher, dépenser en France plutôt qu’à Londres, à Genève ou à Bruxelles. Pour cela il faut remettre dans l’ordre dans nos rues et dans nos finances.

 

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