Depuis 2018 et son rachat par Krystel Flamand, le cabinet Prisme Architecture redéfinit les codes de la construction institutionnelle au Québec tant par son approche de collaboration inclusive que par la conceptualisation d’espaces publics alliant confort des usagers, pragmatisme et développement durable.
Le paysage urbain en héritage
En 1957, Claude Leclerc, médaillé de l’Institut Royal d’architecture du Canada et lauréat du premier prix de l’Ambassade de France, fonde avec Georges E. Lemay la société Lemay-Leclerc architectes. Le cabinet se spécialise rapidement dans la construction d’écoles dans la grande région de Montréal où sa vision de l’espace lui permet d’influencer durablement le paysage urbain. L’arrivée en 1982 de Vincent Leclerc, fils aîné de Claude, marque le début d’une première transition pour le cabinet dont les fondateurs se séparent en 1985. Les architectes Leclerc et associés ancrent alors leur réputation dans des projets institutionnels d’importance dans les secteurs conjugués de l’éducation, de la santé ou des instances représentatives et deviennent membres du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCA) en 2005.
Avec l’arrivée en 2015 de Krystel Flamand, diplômée de l’école d’architecture de l’Université Laval, le cabinet, qu’elle rachète en 2018, connaît un renouveau décisif avec une « approche centrée sur la collaboration, l’efficacité et la réponse aux besoins sociaux et écologiques » confie la cheffe d’entreprise. Ainsi, tout en préservant avec un soin jaloux l’héritage philosophique du cabinet passé de 20 à 60 collaborateurs, la jeune femme marque de son empreinte son histoire par une nouvelle identité de marque incarnant la pluralité des regards et le transfert intergénérationnel de connaissances : Prisme Architecture.
L’altruisme architectural pour devise
Le positionnement marqué du cabinet sur des projets à forte valeur ajoutée sociale et environnementale a favorisé l’émergence au fil du temps d’une culture d’altruisme architectural que la frugalité inhérente au respect de l’environnement a renforcé. Ainsi, Prisme Architecture n’a de cesse de concevoir des espaces dans lesquels le minimalisme fonctionnel est au cœur de la réflexion. « Faire plus avec moins », assène Krystel Flamand, pour qui développement responsable et construction respectueuse de l’environnement doivent transcender la simple esthétique pour s’inscrire dans la pérennité. Cette méthode ne se limite pas à maximiser l’efficacité énergétique des bâtis à travers le choix judicieux des matériaux ou à réduire les coûts sans rien sacrifier à la qualité. Elle consiste aussi à recycler tout ce qui est recyclable en évitant le plus possible la démolition notamment par la révision et l’adaptation du réel besoin des usagers.
Le projet de rénovation du centre Gadbois, initié par la ville de Montréal dans le cadre d’un concours d’architecture, illustre parfaitement cette vision. Au lieu de procéder à une démolition partielle de l’ensemble, l’équipe de projet a opté pour la conservation de l’ensemble des structures existantes, améliorant leur état tout en minimisant l’empreinte carbone : une démarche qui aurait été impossible avec une nouvelle construction. L’ajout d’une agora polyvalente, non prévue initialement, a également permis de transformer ce projet en un cas exemplaire de solution « win-win », où l’innovation répond à la fois aux besoins communautaires des utilisateurs et aux impératifs écologiques, ce qui leur a d’ailleurs permis de remporter ce grand concours.
Une durabilité à l’européenne
Face à un monde en constante évolution et aux enjeux écologiques, Prisme Architecture adopte une vision durable inspirée des meilleures pratiques européennes. Sa dirigeante explique ce choix par l’engagement historique du Vieux Continent vers la neutralité carbone et la minimisation des déchets dans son souci de minimiser les coûts énergétiques et l’exploitation des ressources ; un engagement ayant favorisé l’émergence de nouvelles solutions intégrant des outils et des matériaux innovants pour préserver l’environnement. Prisme Architecture continue constamment de capitaliser sur certaines avancées européennes notamment au niveau de la modélisation des données (BIM) et des jumeaux numériques pour redéfinir le secteur de la construction au Québec, et ainsi mieux anticiper et optimiser l’efficacité et le cycle de vie d’un bâtiment. Car, le cabinet ne se contente pas de suivre ces pratiques. Il les adapte pour répondre aux défis locaux, notamment dans les projets d’écoles, d’hôpitaux et de piscines, où la qualité et la durabilité sont cruciales.
C’est ainsi que son approche ouverte sur le monde et sa légitimité auprès du gouvernement québécois lui ont permis de participer à la révision de l’ensemble des documents référents pour les critères de conception et construction des écoles secondaires : une démarche nécessaire puisque ces derniers n’avaient pas été mis à jour depuis plus de 20 ans. Dans le même temps, le cabinet a déjà livré quatre des 15 établissements scolaires prévus en rénovation ou en construction en partenariat avec d’autres architectes.
Ainsi, grâce à son approche conjuguant collaboration, durabilité et responsabilité sociale, Prisme Architecture pose les bases d’une architecture qui ne se contente pas de créer des espaces, mais forge un meilleur environnement pour les générations futures du Québec et bien au-delà.