Dans sa boutique parisienne, Nicolas Danila conjugue parfumerie, innovation et les sept arts, réinventant les codes d’un métier où il s’impose comme un vrai pionnier.
Une invention, un brevet : le début d’une révolution parfumée
Avant d’ouvrir sa boutique parisienne, Nicolas Danila s’est imposé comme un pionnier dans un domaine réputé pour son attachement aux traditions. Scientifique de formation, passé par le Laboratoire de chimie de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm et l’Université Paris VI, il développe une connaissance pointue des molécules complexes. Mais c’est en 2002, porté par les souvenirs olfactifs de son enfance en Transylvanie, qu’il décide de s’attaquer à un défi inédit : créer des parfums sans allergènes. « J’ai commencé par me demander ce qu’il fallait faire pour « proposer une vraie innovation stratégique et technologique », explique-t-il. Pionnier, car il fut le premier à proposer des étuis de luxe en vert, inspirés d’un tableau, avec un texte, à imaginer des flacons sculptés, signés et numérotés, à mettre le nom du parfum sur le côté du flacon. À utiliser la stéréochimie (comme Herba maté) pour intégrer la santé des clients. Un des premiers à utiliser le oud dans un parfum français. À intégrer l’écologie et le commerce équitable. À imaginer les « Fragranceuticals®. Dès le départ, il se confronte aux plus grands, jusqu’au célèbre nez français de l’époque, Guy Robert, qui doute ouvertement de son projet. En 2011, après plusieurs années de recherches et de démarches, Nicolas Danila dépose un brevet qui marquera une étape décisive : une méthode unique permettant de créer des parfums sans allergènes déclarés, en deçà du seuil de 10 ppm. « Ce brevet a été le fruit de deux années de lutte avant d’être reconnu, tant il bousculait les classifications habituelles. À la croisée de la chimie et des mathématiques des ensembles floues, il n’entrait dans aucune case ». Ce succès technique assoit la légitimité d’un homme qui, dès lors, s’affirme comme l’un des premiers à bousculer l’univers du parfum traditionnel.
Une boutique où s’expriment innovation et création artistique
Au-delà du laboratoire, c’est aujourd’hui dans une jolie boutique du 5ᵉ arrondissement de Paris que Nicolas Danila et son épouse, Iwona Danila, donnent corps à leur vision. Située 10, rue du Fouarre, entre Notre-Dame et la Sorbonne, cette boutique récemment restaurée est un lieu qu’il a longtemps rêvé d’acquérir. « Je passais devant chaque jour, jusqu’au moment où je me suis dit : cet endroit historique est parfait pour mes parfums historiques ». Suite aux travaux de rénovation, une magnifique mosaïque ancienne, non pas en céramique, mais en verre coloré, est apparue, ornée d’un trèfle à quatre feuilles, signe de chance. Le plafond est peint, par une excellente et talentueuse peintre de la place de Tertre, Rody, avec l’un des ingrédients des parfums, notamment le seringat, appelé aussi jasmin des poètes. Plus qu’un simple point de vente, l’espace est conçu comme une expérience sensorielle. Les visiteurs sont invités à suivre un parcours olfactif pensé pour évoluer du parfum le plus léger au plus puissant, afin d’explorer toutes les subtilités des créations. Iwona Danila, designer haute couture, participe pleinement à ce projet artistique. Elle imagine les poupées en soie qui accompagnent chaque parfum, peint les boîtes en porcelaine de Limoges, créant ainsi un univers complet où le parfum dialogue avec l’artisanat d’art. « Les gens sont souvent surpris, ils ne s’attendent pas à une telle immersion », confie Nicolas. Soudé et complice, le couple a créé un livre d’or pour recueillir les impressions d’une clientèle internationale fidèle et curieuse de découvrir un travail si singulier.
Entre art et science, une parfumerie de conviction
Depuis la création de ses Fragranceuticals®, Nicolas Danila s’efforce de concilier une exigence artistique et une approche respectueuse de la santé. Ses parfums, conçus sans allergènes à déclarer, témoignent d’une volonté de proposer une alternative au luxe traditionnel. « Aujourd’hui, on parle beaucoup de naturel, mais ce que l’on oublie, c’est que les ingrédients naturels sont souvent riches en allergènes ! », précise le parfumeur. Au-delà de la prouesse technique, chaque parfum est une narration culturelle. La collection Les Jardins d’Aladin, par exemple, composée de sept fragrances, rend hommage à sept civilisations différentes. Pour incarner ces histoires, Pierre Dinand, célèbre pour ses créations pour Yves Saint-Laurent et d’autres grandes maisons, a conçu, pour lui, des flacons inspirés des anciens apothicaires, gravés et numérotés. Les récentes créations se nomment Le Secret du Bonheur, le chemin vers le bonheur dans les parfums, Le Parfum D’Artagnan, en hommage au courage et à l’amitié, et Paris sera toujours Paris, retraçant les émotions d’une jeunesse parisienne. Pour ces parfums, les flacons de 100 ml, la fameuse statue est peinte à la main par Iwona. À côté de ces fragrances, la Maison propose également trois bougies, Les Rois Mages, inspirées des offrandes mythiques d’encens, d’or et de myrrhe et conçues comme des parfums « Je fais des choses différemment des autres », dit Nicolas Danila, en toute simplicité. Son travail a récemment été salué par une invitation au prestigieux Wellesley Collège de Boston, pour donner une conférence autour du mode d’emploi des parfums artistiques et le secret de création des Fragranceuticals®. Un parcours qui laisse entrevoir le rôle d’un créateur ayant su allier vision scientifique, exigence artistique et quête d’un luxe plus respectueux.
L’ensemble des parfums et bougies sont accessibles sur le site internet et/ou sur Instagram.