Sur le bassin d’Arcachon, dans les stations alpines ou balnéaires du Sud-Est, les galeries offrent des espaces où contempler les œuvres d’artistes contemporains, véritables témoins de notre époque.
Une entreprise familiale depuis 1970
Chez les Lafeuille, rien ne prédisposait le père à devenir galeriste. Clerc de notaire en Corrèze, il va faire une rencontre décisive en 1962 avec Salvador Dali au Martinez. De cette discussion, naît une véritable passion pour l’art contemporain. Jean Claude Lafeuille crée alors deux établissements à Brive en 1970, l’un en tant qu’encadreur et l’autre sous forme de galerie pour exposer des lithographies de Dali rue Saint Martin, d’où le nom de l’entreprise. Alors que la famille déménage sur le bassin d’Arcachon, la galerie prend un nouvel essor. Stephen, le fils de Jean Claude qui a baigné toute son enfance dans le milieu et rencontré nombre d’artistes dans leurs ateliers, rejoint l’entreprise. Père et fils ont suivi tous les courants artistiques depuis les années 80, assistant à une véritable révolution de l’art, tant au niveau des matières que des techniques. Précurseurs et découvreurs, ils s’intéressent à l’art urbain, à l’art digital et aux NFT. Après Arcachon, le Pyla et le Cap Ferret, ils créent des galeries à Megève, Courchevel, Saint-Tropez. La dernière en date ouvre ses portes à Biarritz ce mois-ci.
Témoins d’une époque
Il y a encore vingt ans de cela, l’art urbain n’était pas du tout exposé dans les galeries. C’était le mode d’expression de la rue dévolu aux « rebelles de la société ». Aujourd’hui, les artistes comme Banksy ou Mr Brainwash sont de véritables stars qui témoignent avec brio de leur époque. On les retrouve dans les plus grandes galeries du monde, dont la Galerie Saint Martin. Cette dernière travaille selon la saisonnalité et rencontre un public international dans les stations de ski l’hiver et balnéaires l’été. Ces voyageurs en villégiature n’hésitent pas à pousser les portes pour venir admirer les œuvres dont les supports ont aussi beaucoup évolué en quelques décennies. Il ne s’agit plus seulement de peintures et de sculptures, mais d’œuvres en trois dimensions qui évoluent selon l’angle de vue et le déplacement autour d’elles. D’autres se « lisent » à la fois en face et en digital avec une approche pluridisciplinaire. Mais, pour Stephen Lafeuille, rien ne remplace l’émotion de voir l’œuvre en vrai car toutes les nuances de couleur et de matière ne sont pas retranscrites à l’écran, ni l’aspect monumental que peut avoir la toile.
Pour l’amour de l’art
Même si la Galerie Saint Martin dispose d’un site en ligne qui présente les artistes et leur travail, la plupart des ventes ont lieu en galerie à la suite d’un véritable coup de cœur pour une œuvre. Cet attrait pour tel ou tel artiste, telle ou telle toile est presque de l’ordre de l’intime et reste souvent inexplicable. Les Lafeuille le savent bien, eux qui ont vu défiler tellement de monde dans leurs galeries aux quatre coins de la France. Parfois, une personne entre et s’arrête devant une œuvre, totalement subjuguée, restant immobile à la contempler, perdue dans ses pensées. Stephen Lafeuille se souvient de cette jeune femme dont les larmes ont coulé. L’œuvre l’avait tellement émue qu’elle est revenue plusieurs fois afin de savoir si le coup de cœur se confirmait. Elle a fini par l’acquérir car, si elle ne l’avait pas fait, elle affirme qu’elle s’en serait voulu toute sa vie. Voilà une des grandes forces de l’art et des galeries qui le promeuvent : toucher les hommes avec une vision qui apporte une nourriture spirituelle et un temps de réflexion.
Pour la Galerie Saint Martin, rien de plus gratifiant que d’accompagner ces personnes à acquérir un art porteur de sens qui leur parle au plus profond d’eux-mêmes.
